à faire voile pour ſa patrie, il y revint, contre toute eſpérance de jamais la revoir ».
Auſſi-tôt que Pierre eut ceſſé de parler, je le remerciai du ſervice qu’il me rendait, en me procurant la connaiſſance d’un homme ſi intéreſſant. Je me retournai enſuite vers Raphaël, & nous nous ſaluâmes réciproquement. Après les civilités d’ufage entre étrangers qui déſirent ſe lier, je le conduiſis à mon logis. Nous entrâmes dans mon jardin, nous nous y aſsîmes tous trois ſur un banc de gazon, & Raphaël nous fit, de la manière ſuivante, le récit de ſes aventures.
«Le point capital pour moi & mes autres camarades reſtés dans la Caſtille, après les départ d’Améric, était de nous concilier les bonnes grâces des habitans du pays. Nous y parvînmes ſi heureuſement, par nos manières douces & engageantes, que bientôt ces Colons nous regardèrent comme leurs meilleurs amis. Le Souverain d’une certaine contrée, dont j’ai oublié le nom, aïnſi que celui du Prince, nous témoigna ſurtout la plus grande affection, & prit l’intérêt le plus vif à tout ce qui nous concernait. Il nous prodigua les ſecours dont nous avions beſoin, & nous défraya de tout,
