vaſtes contrées. Raphaël reſta donc en Amérique, plus content de périr ſur une terre étrangère, & d’être enſeveli ſous les flots, pourvu qu’il ſatisfît ſa paſſion, que de végéter, que de mourir dans ſon pays, & d’y obtenir les honneurs d’un ſuperbe mauſolée. Ce Philoſophe ſoutient que le génie tutélaire & bienfaiſant qui préſide au ciel, prend ſoin de recueillir la dépouille mortelle de ceux qui meurent privés de là ſépulture[1], & qu’on trouve par-tout le chemin qui conduit à la gloire éternelle. Sans l'aſſîſtance viſible & la protection toute particulière de la Divinité, que ce ſentiment, quoique vrai, lui eût coûté cher ! Dès que Veſpuce fut parti, Raphaël parcourut, avec cinq Caſtillans ſes compagnons, quantité de pays juſqu’alors inconnus. Enfin, après bien des fatigues & des tribulations[2], il aborda, par un heureux coup du fort, à Taprobane, d’où il paſſa à Calicut. Ayant trouvé dans ce dernier port plusieurs bâtimens portugais prêts