Page:Moran - Pourquoi le mort jouait-il du piano, 1944.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 5 —


Je fus sur le point d’appeler au secours (page 3)

Je lui racontai mon retour du journal et la vision de ce corps…

— Alors, reprit-il, après un temps de réflexion, vous ne connaissez pas cet individu ? Vous ne l’avez jamais vu, jamais rencontré ?

— Jamais…

Il plissa les lèvres, tout en continuant à me considérer fixement. À cet instant, je mesurai toute la valeur de mes appréhensions.

— À quelle heure avez-vous découvert le crime ?

— En revenant chez moi… À l’instant… Il était deux heures…

— Deux heures ! répéta-t-il surpris… Qu’avez-vous donc fait pour rentrer si tard ?

Je lui fis part de mes obligations de journaliste et de mon travail nocturne quotidien.

— Ah ! fit-il, avec une certaine humeur… Vous êtes journaliste…

— Cela vous ennuie ?

— Oh ! non ; pas le moins du monde… Mais j’en ai tellement vu avec vos confrères ! Des critiques, des conseils. Et avec leur fichue manie de vouloir toujours romancer et dire tout ce qui leur passe par la tête, ils nous causent plus de tourments qu’ils ne le croient. Enfin, tant pis ! Et depuis quelle heure étiez-vous absente ?

— Depuis… Voyons ! Je suis arrivée au Journal vers 23 h. 30… J’ai donc dû partir de chez moi aux environs de 23 heures…