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compris sous le gouvernement de la Louisiane, qui sera dépendant du gouvernement général de la nouvelle France. Mais en 1717, le roi par lettres patentes, en forme d’édit du mois d’août, registrées en parlement le 6 septembre, fit l’établissement d’une compagnie de commerce, sous le nom de compagnie d’Occident. Le sieur Antoine Crozat ayant remis à S. M. son privilége exclusif, le roi ordonna que ladite compagnie aura le droit de faire seule pendant l’espace de 25 années le commerce de la Louisiane, & jouira en propriété de toutes les terres, côtes, ports, havres & isles dans la même étendue, & de la maniere qu’ils avoient été accordés ci-devans au sieur Crozat ; S. M. ne se reservant autres droits ni devoirs, que la seule foi & hommage-lige que ladite compagnie sera tenue de lui rendre & à ses successeurs, à chaque mutation de roi, avec une couronne d’or du poids de 30 marcs. Le roi veut que la compagnie puisse traiter & faire alliance au nom de S. M. avec toutes les nations du pays, autres que celles dépendantes des autres puissances de l’Europe ; & en cas d’insulte leur déclarer la guerre, traiter de paix & de trève. Ces lettres patentes portent encore beaucoup d’autres priviléges considérables, & ont été suivies d’un grand nombre d’édits concernant cette compagnie, & son commerce, dans lequel une grande partie du royaume s’est intéressée depuis quelques années, par des actions qui ont enrichi les uns & ruiné les autres. * Recueil des voyages du Nord. Relation de la Louisiane. Voyage du p. Hennepin, missionaire Récollect, & relations du même.

MISSON (Maximilien) François, après avoir été conseiller au parlement de Paris pour les Réformés, où il brilla par son esprit, se retira en Angleterre après la révocation de l’êdit de Nantes, & s’y montra très-zélé pour la secte des Protestans. Il donna ensuite dans le fanatisme le plus outré, & en entreprit la défense ; mais d’une maniere si basse & si remplie d’ignorance, qu’il surprit tous ceux qui avoient été témoins de ses talens, & de la beauté de son esprit. En 1687 & 1688 il voyagea en Italie, à la fuite d’un seigneur Anglois dont il étoit gouverneur. Il fit ce voyage en homme poli & plein d’érudition, & il en a publié trois volumes in-12, à la Haye, sous le titre de Nouveau voyage d’Italie. Il s’y "montre trop crédule, sur tout ce qui est contraire aux Catholiques. On a traduit ce voyage en Anglois, & cette traduction est plus ample. L’original françois a été réimprimé plusieurs fois. On en a une quatriéme édition faite à la Haye en 1702. En 1722, M. Addisson a ajouté un quatriéme volume auquel M. Misson n’a eu aucune part. Ce volume est intitulé : Remarques sur divers endroits d’Italie, pour servir au voyage de M. Misson, tome 4, à Paris, in-12. Voyez ADDISSON. Depuis la retraite de M. Misson en Angleterre, il a donné le Théâtre sacré des Cévennes, ou récit des prodiges arrivés dans cette partie du Languedoc, & des petits prophetes, in-8º, à Londres en 1707. On ne peut poussr plus loin la crédulité & l’apologie du fanatisme, que Misson le fait dans cet ouvrage, où il a donné d’ailleurs dans le bas & dans le populaire avec tout le zèle des personnes les plus ignorantes. On a encore de lui, Observations & remarques d’un voyageur, in-12., à la Haye, chez Vanderburen. Il est mort à Londres le 16 de janvier 1721. * Mémoires du temps.

MISSOURI, grande riviere de la Louisiane, qui paroît venir du nord-ouest, & dont on n’a pu jusqu’à cette heure reconnoître la source, quoiqu’on l’ait remontée plus de 400 lieues depuis sa jonction avec le Mississipi. Ses eaux sont blanches, mais saines & agréables à boire, & son cours est très-rapide. Ses bords sont charmans, & plus habités que ceux du Mississipi. * Mémoires mss.

MISTARABES, cherchez MUSARABES.

MISTECA, petit pays de la province de Guaxaca, dans l’audience de Mexique. Ce pays, qui est aux confins de Tlascala, est plein de montagnes, mais il est renommé par la quantité de foie qu’on en tire, qui est la meilleure du Mexique. On "dit qu’il y a des mines d’or & d’argent, mais que les habitans ne veulent pas les découvrir, de peur d’être forcés par les Espagnols à y travailler. * Mati, dict.

MISTRETTA, en latin, Amestrata, Amestratos, Amastra, Multistratum, Mutustratum, ancien bourg ou petite ville de la vallée de Demona en Sicile. Il cil sur la rivière d’Alesa, vers les montagnes de Madonia, à dix lieues de Termini vers le levant. Cette ville appartenoit aux Carthaginois, & les Romains l’assiégerent la premiere fois inutilement pendant sept mois. Mais un second siége leur fut plus heureux : ils la prirent, la raserent, & en vendirent les habitans. * Diodore. Baudrand.

MISURACA (marquis de) cherchez CARACCIOLI.

MITHECUS, cherchez MYTHECUS.

MITHKA, ou METHCA, XXV campement des Israélites dans le desert. Ils s’y rendirent de Thahath, & allerent camper de-là à Hesmona. * Nombres, XXXIII, 28, 29.

MITHOBIUS, cherchez MYTHOBIUS.

MITHRA, nom que les Perses & les Orientaux donnoient au soleil, & que les Romains lui donnerent aussi dans la suite du temps, aussi bien que les Gaulois. Il étoit représenté chez les Perses avec une face de lion, & une espéce de thiare ou bonnet persan sur la tête : parceque le soleil est dans sa force, lorsqu’il est dans le signe du lion. On trouve encore à Rome plusieurs marbres qui représentent ce dieu assis sur un taureau, qu’il retient par les cornes ; les anciens voulant nous faire entendre par cet emblême, que la lune, à laquelle on avoit coutume de sacrifier des taureaux, &: dont les cornes étoient le symbole, n’avoit de lumiere que ce que le soleil lui en donnoit. Tertullien, S. Justin martyr, & S. Jérôme, disent, qu*on célébroit les cérémonies du dieu Mithra dans des cavernes & dans des lieux souterreins. On dit aussi qu’on lui sacrifioit des taureaux, & quelquefois même des victimes humaines. Socrate & Sozomene rapportent que sous Julien l’Apostat, & sous Théodose, on ouvrit l’antre de Mithra qui étoit dans Alexandrie, & qu’on le trouva rempli de crânes d’hommes que l’on y avoit immolés. Les Gaulois qui adoroient cette fausse divinité, comme nous l’avons remarqué dans l’article de CHYNDONAX, la représentoient sous les deux sexes, comme s’ils eussent voulu montrer par-là, que le soleil suffisoit à la production de chaque espece. Ce qui ne paroîtra pas étrange, quand on fera réflexion que les Hébreux ont donné au soleil un nom qui signifie reine du ciel ; & que les anciens Grecs de Mésopotamie représentoient au contraire la lune sous la figure d’un homme, comme nous l’avons dit dans l’article AGLIBOLUS. * Plutarchus, in Iside & Osiride. Spon, recherches curieuses de l’antiquité.

MITHRIDATE, trésorier de Cyrus, roi de Perse. Ce prince lui donna les vases du temple de Jérusalem, que Nabuchodonosor en avoit enlevés, afin qu’il les remît à Sassabasar prince de Judas. * Esdrasy, 1, 8. Il y en eut un autre de même nom, qui avec Beselam Thabéel, & quel-