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succès. Son père fut son maître, & il avança rapidement fous ses instructions : car à peine avoir- il neuf ans, qu’il avoit déjà fait des progrès remarquables, non-seulement dans les langues grecque 8c latine j mais encore dans l’arithmétique, la miidque & la mécha nique. Son génie pour la dernière de ces sciences éclatoit sur-tour dans un âge fi tendre. Dès l’âge de 5 ans, il examinoit avec une fagacité beaucoup supérieure à ce qu’on peut attendre d’un enfantées diverfés machines que le hazard lui préfenroit, 8c il les imitoir avec dextérité. Ses études d’humanités finies, M. Huygens commença à se livrer davantage aux mathématiques ; 8c ayant épuifé le fonds de son père dans ce genre, il les étudia fous la conduite deStampioen, maître peu digne d’un tel élève, Ci nous en croyons Descartes, qui le traite de charlatan avec grande apparence de vérité. Aussi n’y resta-t-il pas long-temps, 8c il alla à Leyde, où il commença ion droit fous le fameux Vinnius, pendant que d’autre part il avançoir toujours à grands pas dans la carrière <es mathématiques, fous les yeux plutôt que fous la direction de Schotten, le commentateur de Defcartes, qui prévit dès-lors la réputation immenfe qu’il s’acquerroit un jour.

L’étude du droit entrant dans le plan d’éducation que M. Huygens devoir recevoir, il alla la continuer à Bréda, dont l’université étoit fous la direction de son père. De-là il alla en Danemarck, avec le comte Henri de Naiïau. Il auroit bien voulu profiter de la proximité pour visiter notre Descartes, alors à la cour de Suéde ; mais le retour trop précipité du comte, lui ravit cette satisfaction.

Le premier écrit par lequel M. Huygens s’annonça en 165 1 aux mathématiciens, est son livre intitulé : Theoremata de quadrature hyperboles^ eliipjis & circuli, ex data port ionum centra gravitâtes, livre digne d’un géomètre d’un âge plus avancé. Il combattit quelques années après, vers 1 65 z, la quadrature prétendue de Grégoire de S. Vincent, avec un succès qui nelaiilerien à adirer ; & peu de temps après, en 1654,1 ! donna le traité intitule : De circulï rnagnitudine 3 inventa ; où il donne d’ingénieuses inventions qui abrègent extraordinairement les approximations, auxquelles on est obligé de recourir faute de la quadrature du cercle.

Durant le temps que M. Huygens travailloit à ces ouvrages, il cultivoit aussi l’optique, & sur-tout la diopenque, avec succès. ïl n’en négligea pas même la pratique, & en 1 65 5 il fut se faire des télescopes qui furpalfoient en bonté tous ceux qu’on avoit faits avant lui. Cela est bien probable, puisque par leur secours il découvrit ce qui avoit échapé à tant d’aurres, un satellite de Saturne : c’est le quatrième des cinq qui roulent autour de cette planète, & qu’on a découvert fucceiïïvemcnt. Il découvrit en même temps ce que c étoit que cette apparence de deux satellites contigus à Saturne, qu’on avoit apperçue avec des télescopes moins parfaits. Le lien lui montra que c’étoit un anneau qui environne cette planète, & il en suivit les traces pendant Jong-temps, & prévit le reste. C’est-là l’objet de son Syjlema Saturninum, qui parut en 1659, i/z-4 . Il eut à cette occasion quelques démêlés avec Eustache Divini, qui, croyant voir aussi-bien que lui, & néanmoins n’apercevant pas les mêmes choses, prétendit les révoquer en doute, dans son écrit intitulé Brevis annotation infyflema Saturninum. Il est aujourd’hui conftant que Divini avoit torr, & il le reconnut dans la fuite, du moins tacitement.

M. Huygens tourna ensuite ses vues du côté de la perfection des horloges. Il leur en donna une grande, en y appliquant pendule qui les règle par £cs oscillations, ce qu’il fit dès l’année 1658^ où il pré-fenra aux Etats-Généraux une horloge de certe forme. Tous les horlogers l’ont depuis imité. Mais il ne

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se borna pas à ce premier degré de perfection. Il chercha à rendre ces oscillations mathématiquement isochrones ; 8c cette recherche, quoiqu’elle n’ait pas procuré une découverte d’usage, fut l’occasion d’un grand nombre de vérités 8c de théories nouvelles, qui tiennent depuis ce temps un rang distingué dans les mathématiques. Telles font la théorie des développées, celle des forces centrales, des centres d’oscillation, le tautochronifme de la cycloïde, ou pour l’expliquer plus clairement, une propriété merveilleuse de cetre courbe, en vertu de laquelle un corps qui roule le long d’une demi-cycloide renverfée, en vertu de fa propre pesanteur, emploie toujours le même temps à tomber jusqu ’au bas, soit qu’il tombe du plus haut, soit qu’il tombe du point le plus près du bas.C’est-là l’objet de son Eorologium ofciUatorium y imprimé à Paris en 1 6j 5, & dédié à Louis XIV.

M. Huygens étoit alors en France, où M. Colbert, informé de son mérite supérieur, l’avoir attiré dès l’année 166 5. Il y resta jusqu’en 1681, perfectionnant toujours les mathématiques par de nouvelles vues, ou des découvertes nouvelles. De ce genre font les loix du mouvement qu’il ftibftitua à celles de Descartes, déjà reconnues pour faufles par les savans, quoiqu’enseignées encore plus d’un demi ficelé dans les universités 8c les collèges. Telles fonc encore plusieurs inventions mécha niques, comme son niveau fi connu, l’application du refTort fpiral aux montres de poches, au sujet de laquelle il eut un procès avec M. de Hautefeuille, qui paroît aufiï y avoir part, &c. En 1681, l’approche de la révocation de l’édit de Nantes fit songer à M. Huygens à se retirer dans fa patrie. On fit de vains efforts pour le retenir en France. L’idée d’y voir déformais fa religion profente l’emporta, &ril quitta Paris cette même année. Ce changement de séjour n’en apporta aucun à son application aux mathématiques. Il eut part dans les années suivantes à la folution de plusieurs des plus fameux problèmes qui se proposerent en Europe, lors de la découverte du calcul de l’infini ; comme celui de la chaînete, la courbe de projection dans un milieu réifiant, &c. En 1682 il fie exécuter fa machine planétaire, qui par une mécha nique de la plus grande simplicité, représente le fyftême de l’univers 8c le mouvement des planètes. La description en a été publiée après fa mort. En, 1690 il donna (es conjectures sur la pesanteur & sur la lumière. Il y rectifie l’explication que Defcarres a donnée de ces deux phénomènes, par d’ingénieuses idées ; mais malheureusement il travailloit sur un fonds qu’il falloir totalement reformer.il s’occupoit à faire imprimer son Cofmotheoros, ouvrage dans le goût du Songe de Kepler j mais plus universel, lorsqu’il fut surpris de la mort en 1 69 5, le 8 de juin. Il laissa tous ses écrits à la bibliothèque de l’université de Leyde, priant MM. de Wolder & Fullen, professeurs habiles en mathématiques de cette université, de choisir parmi ces papiers ce qu’ils jugeroient dignes d’être donné au public : ce qu’ils ont exécuté en faisant imprimer un volume d’œuvres poftumes. Il contient fa dioptrique, le traité des loix du mouvement, & la description de Cauthomate planétaire. On a fait à Leyde en 1724 une édition complet te des œuvres de ce grand homme, en quatre volumes in-4, qui ne laine rien à defirer. * Hïjloire des math, tom. II. La vie d’Huygens, qui est à la tête de ses œuvres.

ZUZIM, ZUZINS ou SUZITES, certains

hommes guerriers qui habitoient en Ham, lieu de l’Arabie qui est inconnu. Ils furent battus par Chodorlahomor, comme on le voir, Genèse, XIV j 5 x qui est le seul endroit de l’écriture, où iï est parlé de ces J Zu^ims. Peut-être que ce mot vient de la même racine que le mot Zis, qui figuifie une bête farouche .,