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Ce bruit fut cause de plusieurs désordres, que les Poionois fomentèrent, pour se venger de l’affront qu’ils avoient reçu des Moscovites dans l’entreprise de Zaski. Les événemens de la guerre qui s’éleva alors, furent fi funeites aux Moscovites, qu’ils s’imaginèrent que ces malheurs leur arrivoient, parceque la domination de Zuski croit injufte. Dans cette penfée, les seigneurs, appuyés du peuple ., dépouillèrent ce prince de fa dignité j l’enfermèrent dans un cloître, & le firent rafer. Les Poionois racontoient toujours les armes du fécond Démétrius, & avoient contraint la veuve du premier à le reconnoître pour ion mari. Enfin les Moscovites, pour calmer ces désordres j élurent grand duc UladiflaSj fils aîné de Sigismond, roi de Pologne, qui contentif à cette élection, à la charge qu’on lui mettroit entre les mains Zuski : ce qui fut fait l’an 1610. Zuski fut conduit sur les frontières de Pologne, où il mourut ï’an 1 G 1 1 j dans la ville de Smolensko. Voye-^ DE-METRIUS.

  • Oléarius, voyage de Mofcovïe.

ZUTPHEN, ville & comté, entre POwer-Iffel, la Weitphaiie, la Gueldre & Cléves. La ville eu. bâtie sur l’IfTel, à une lieue Se demie de Doësbourg, à quatre d’Arnheim, & à six de Nimégue. Elle est naturellement forte, ayant d’un côté la rivière de l’Ifiel, & de i’autre celle de Berkelj qui remplit ses folTés, !k la craverfe par le milieu. Les autres font, Doësbourg, Doëtecum, Lochem, &c. Cette ville sur prise fan 1672, par l’armée de Louis XIV, roi de France, commandée par Monsieur, son frère unique. Deux ans après, cette ville fut abandonnée à la domination de ^es anciens maîtres j après que les fortifications en eurent écé démolies. * Guichardin, hist. du Pays-Bas. Mémoires du temps.

ZUTPHEN (Gérard de) célèbre dans le XIV e ficelé, étoit, du l’abbé Trithéme, dans son traité des écrivains eccléfîajliques, un homme savant, versé dans l’étude des fa in tes écritures, & qui n’ignoroit pas non pins les sciences iéculieres. Il avoir l’efpric fubril, l’élocution claire, & il n ’étoit pas moins estimable par ses mœurs que par la science. Il composa divers ouvrages de piété, pour ceux que l’on appelloit les frercs de U vie commune. C’étoit une société pieuse, qui n’était proprement composée que de pauvres écoliers que Gérard Groot, ou le Grand, de Déventer, docteur de Paris, &c chanoine d’Utrecht, avoir rassemblés. Ces écoliers en faisant leurs études, gagnoient leur vie à transcrire des livres, & ils mettoient en commun ce qu’ils gagnoient. Cet inftitur fut depuis soutenu par Gérard de Zutphen, dont nous parlons. Ce sur donc pour cette société qu’il composa plusieurs écrits. On trouve dans le cinquième corne de la bibliothèque des Pères, un ouvrage myfcique de cet auteur, divisé en deux livres, donc le premier traite des vices de l’ame &c de la réformation intérieure j & le fécond, des élévations fpi rituelles. C’est un excellent traité de dévotion, & qui ne mériteroit peut-être pas moins d’être mis en francois que le livre de V Imitation de Jejus-Chrifi, attribué à Thomas à Kempis, qui a écrit fa vie. Gérard de Zutphen mourut en 1 3 y 8. Comme l’institut des frères de la vie commune eut bientôt un applaudissement presque général, & que chacun s’empressoit à le soutenir par de pieufes libéralités, plusieurs moines le décrièrent, comme s’il eût été contraire à l’autorité du pape, & comme ne pouvant, disoient-ils, tourner qu’au mépris des vœux monastiques & a la ruine des couvents. Un Dominicain de Saxe, nommé Matthieu Grabon ■, présenta vers 1 4 1 8 au pape un écrit par lequel il prétendoit monrrer que les communautés reiigieufcs qui mètrent ensemble leurs biens pour vivre en commun, sans avoir fait les vœux monastiques, font des communautés illégitimes & criminelles. Mais Gerfon, qui fut chargé par le concile de

Confiance d’examiner cet écrit, déclara qu’il Pavoit trouvé extravagant, & Grabon fut obligé de se rétracter.

  • Trithem. descript. ecdef.art. 677. Vonderharr.

tom. III. Gerfonis opéra, tom. I. Soondanus, ad an. 1418^ 72. 6, &c.

ZU YDERZÉE, golfe de la mer d’Allemagne, entre le comté de Hollande, la seigneurie d’Ower-lflelj & la seigneurie de Frife. De ce golfe il se détache une anfe, qui va gagner le terrein d’Amsterdam, & y forme un abri très-sûr j mais en y venant du Texel, il y a fi peu de fond pour les grands vaifTeaux, que l’on est obligé de les décharger des plus pesantes marchandises avant que d’y entrer. + Blaëu, theau Belg.

ZUYD-SCHANS, est un fort du Brabant-Hollandois j construità l’embouchure du Zoom dans l’Efcaut, vis-à-vis du Nord-Schans, qui est un autre fort. Ils font tous deux près de la ville de Berg-Op-Zoom, & défîmes à fa défense. * Mati, dict.

ZUYLICHEM (Constantin-Huygens de) fecré=taire 8c conseiller de Frédéric-Henri, de Guillaume Il 3 & de Guillaume III, princes d’Orange, naquit à la Haye le 4 septembre 1596, & étoit fécond fils de Chrijtian Huygens ^ secrétaire du conseil d’état de la république des Provinces Unies. Il fut envoyé à la cour de France, pour obtenir le rétabiiffement de son maître dans la principauté d’Orange : ce qui fut exécuté l’an 166 5, ’& il fut député lui-même pour en, aller prendre pofieflion au nom du prince. Cet habile homme a passé toute fa vie dans l’étude des sciences & des belles lettres, &c dans un commerce continuel de lettres avec les savans les plus iliuflres. Il a compofé plusieurs pièces de poësie latine, dont il a fait imprimer le recueil fous le ritre de Momentd defultoria. Ce recueil contient douze livres d’épigrammes, un de pièces diverses fous le titre de Farrago, & un des divertilTemens de fa jenneiTe, fous celui d’Otiorum juvenilium refegmina. Les poësies font fort médiocres. Huygens de Zuylichem étoit dans des poftes qui le mettoient en état de rendre service à beaucoup de personnes. Cela seul lui a attiré tous les éloges que divers savans lui ont donnés, & que l’on a recueillis à la rête de ses poësies, fous le titre de Refcripta de momentis. Mais la lecture feule de ses vers détruir ces éloges. M. Chapelain, de l’académie françoise-j disoit de M. Huygens, C’est un multilingue (c’efc-à~dire, un homme qui parle beaucoup) cupide de gloire, de peu de fonds, poète sans poéfie, obscur & embaraffe, & qui donne pourtant à tout, & Je croit capable de tout. Huygens de Zuylichem a encore compofé un traité de l’usage & : de l’abus des orgues. Il mourut l’an 1687, âgé de 90 ans & Cx mois, éranc président du conseil du prince d’Orange, îaiiTanc pour fils Conjlantin Huygens, seigneur de Zuylichem, auquel son père résigna la charge de secrétaire du. prince d’Orange, qu’il continua d’exercer après que ce prince fut monté sur le trône d’Angleterre, fous le nom de Guillaume III j Christian, qui fuit ; & 2Vl Huygens, député à l’amirauté de Rotterdam, dont le fils porte le ritre de Zéelhem, qualité que Chrifliaii son oncle, avoir portée les dernières années de fa vie. * Menagiana, tom. I, pag. 318. Mélanges de littérature recueillis des lettres, &c. de M. Chapelain, par M. Camufat. M. de la Monnoie, notes sur les jugemèns des savans de M. Bailler, tom. V de ledit, infKFZUYLICHEM (Chriftian Huygens de) est un

des plus célèbres mathématiciens du siécle parfé. Il naquit à la Haye le 14 avril 161$, de Conjlantin Huygens, dont on a parlé dans l’article précédent } & de Suzanne van Baerle. Le jeune Huygens n’eut pas besoin de sortir de la maison paternelle pour apprendre les humanités & les élémens des sciences, auxquelles il s’appliqua le refle de fa vie avec tant de