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<le la place, & plusieurs furent tués ou bleffés. Pour s’en venger, les Polonois employèrent une rufe indigne de braves gens. Je.in Oftromène avoit préparé un coffre de fer, dans lequel il avoir mis douze canons d’arquebuse, fi menus, que le moindre effort •était capable de les rompre, ôc il avoit entériné le tour dans un coffre de bois. Au fond ôc au couvercle de ce coffre croient arrachées des cordes qui répondoient à ces canons, ensorte qu’on ne pouvoir rirer le coffre de la caiffe de bois, sans tirer les cordes en même temps. Les cordes mettoient en mouvement une roue qui faisoit sortir du feu d’une pierre, disposée de manière qu’il se communiquoit à Imitant aux canons. Comme ils écoient fort minces, ils ne pouvoient manquer de se brifer, ôc de mettre en pièces tout ce qui le trouveroit aux environs. On porta ce coffre à Zuiski de la part de Jean Moller, qui feignant de vouloir déferrer, étoit bien-aife de mettre eh fureté ce coffre, qu’il disoit plein d’or, de pierreries ôc de choses très-précieuses. La rufe réuflît •en partie : mais comme Zuiski ne se trouvoit pas/ chez lui, Andié Choro.ftin, fécond palatin de la ville, ôc riva ! de Zuiski, se hâta de faire ouvrir ce coffre. Koféki &c lui furent tués à l’ouverture ; plusieurs autres que la curiosité avoit attirés ■, furent estropiés j ôc il y eut même une partie du toît de la maison qui fut renverfée. Là dessus Zuiski publia un écrit fort vif contre Zamoski, grand général de l’armée Polonoife j qu’il aceufoit d’avoir conseillé ce stratagème ; ôc il en vintjufqu’à l’appeller en duel : mais comme de part ôc d’autre ils n’avoient pas une grande envie de se battre, cette affaire n’eut point d’autres fuites. Le 6 de février 1581, l’armée polonoise fut obligée de se retirer de devant Pleskow. * M. de Thou, kift. /• 16, &c.

ZULCH ou ZULPICH, en latin Tolhlacum, ville du cercle de Westphalie, dans la baffe Allemagne, dans le duché de Julieis, & à dix milles de Cologne, en : la même qu’on nommoit autrefois Tolbiac, célèbre par la victoire que Clovis 7 remporta l’an 4.96, & par le vœu qu’il y fit de se faire chrétien, vtjyqr TOLBIAC. * Hist. de France.

ZULCIMIN, autrement nommé SOLIMAN,

capitaine Arabe, se rendit maître de la Perse fous le règne de Marvan, sur lequel il gagna une bataille vers l’an 749. Il renoiweila dans la Perse la fede d’Ali, ôc prit le rure d’Emir-el-Mofelmin, c’est-à-dire, empereur des en/ans du faiut. * Marmul, de t Af ri que 3 l. z.

ZULFA, ville de l’Arménie ou Turcomanie, sur le Heuve Araif, efb lîrnée entre deux montagnes, où passe cette rivière. Cha- Abbas, roi de Perse, fit démolir la ville pour n’être pas obligé de la défendre contre les Turcs, & rît aussi abattre un beau pont de pierre qui y étoit. Les habirans furenr menés à lfpaham, où le roi leur donna un faubourg, qui porte le nom de Zulfa 3 en mémoire de la ville. Les terres des environs font très-fertiles, ôc ils y vivent a (lez doucement. Cogia Nazar, l’un des principaux Arméniens qui sortirent de Zulfa, s étant rendu puiffint dans le négoce, & ayant acquis un grand crédit auprès de Cha-Abbas, ôc deCha-Séfi, son successeur, qui le firent hélonter 3 c’est-à dire, chef & juge de la nation Arménienne 3 fit bâtir en faveur de fa patrie deux grands car van feras, qu’on voir en la ville de Zulfa, des deux côtés de la rivière d’Araff * Tavernier, voyage de Perse.

ZUMBû (Gallon Jean) gentilhomme Sicilien, , homme rare dans son temps, naquit à Syracuse l’an 1656, peu favori se des biens de la fortune } mais doué d’un prodigieux génie pour les beaux arts, particulièrement pour la sculpture, à laquelle il s’arracha. La vue continuelle des antiques & des rares peintures qui font à Rome, de dans toute l’Italie,

échauffa cette disposition qu’il avoit à imiter ce que la nature produit de plus parfait ; de forte qu’avec le secours de l’anatomie, qu’il apprit avec plus de précision qu’il n’est même nécessaire à la sculpture, il se rendit, sans avoir d’autre maître que son propre génie, l’un des premiers hommes qui aient jamais paru en cet art. Il ne se servit dans tous ses ouvrages d’autre matière que d’une cire colorée, qu’il préparait pourtant d’une manière particulière. Ce focret à la vérité ne lui fut pas particulier, Warin ôc le Bel Pavoient eu avant lui j mais les morceaux qu’il fie avec cette matière excellèrent sur tous les autres en ce genre par leur perfection. Le grand duc de Tofcane, qui avoit fu les applaudiffcmens que Zumbo avoit eus à Bologne, fut ravi de le voir arriver à Florence j ôc charmé d’un mérite fi rare, il crut se l’attacher par une pension considérable, ôc par d’autres marques d’une distinction particulière. Pendant le temps qu’il fut à ce prince, il fît pour lui avec fa cire colorée deux sujets de cinq ou six figures chacun, ôc deux pour le prince Ferdinand. Parmi ces quatre fujets, il y en a un d’une idée particulière, & qui demande dans le sculpteur une force surprenante d’imagination : c’est ce qu’il appelle la corru-fione. Ce font : des figures colorées au naturel, qui représentent un homme mourant, un corps mort, un qui commence à se corrompre, un autre corrompu, ôc enfin un cadavre plein de pourriture ôc mangé des vers > que l’on. ne sauroit regarder sans être faifi d’une espéce d’horreur, tant l’ingénieux sculpteur y a fu mettre de vérite. Ces ouvrages frappent Ci fort le grand duc ^ qu’il les jugea dignes de tenir leur rang dans son fuperbe cabinet, parmi les ftarues antiques ôc les plus lares tableaux qu’il polfédoir. Après quelques années de séjour à Florence, Zumbo crut qu’il n’y rvoir que la France qui fût digne d’attacher fa fortune : ainsi il demanda son congé au grand duc, qui n’ayant pu le diffamer de ce voyage, lui dit obligeamment en le congédiant : Vous pouve^ trouver un maure plus grand que moi ; mais jamais personne qui fâche mieux que moi ce que vous vale^. Les bienfaits, l’estime de ce prince j ôc tous les agrémens que Zumbo avoit à fa cour, ne purent l’y reteni 1 ’. Il passa donc à Gènes, où il employa quatre à cinq années à travailler uns nativité du Sauveur, ôc une dejeente de croix, qu’on peut due ses chefs-d’œuvres. Il s’associa en cette ville avec un chirurgien François, nommé des Noues, à deffeirx de représenter avec fa cire colorée des corps anatomiques : le chirurgien dhlequoit, ôc le savant sculpteur représentoit. Son plus beau morceau dans ce genre j fut un corps de femme avec son enfant, qui parut avec tant de vérité, Ôc des couleurs fi naturelles 3 que Iesfpeét.ueursles plus habiles y furent trompés : l’ouvrage étoit sur fa fin, lorsque des raisons d’intérêt brouillèrent les deux aflociés. Ainsi Zumbo piqué, abandonna son chirurgien, à qui le corps reita, Ôc passa en France. Arrivé à Marseille, il y montra ses deux merveilleux ouvrages de la nativité ôc de la defeente de croix, dont M. de Montmor^ intendant des galères, fut fi étonné, qu’il en écrivit en cour : il reçut ordre d’y envoyer cet étranger. Pendant que cela se préparoit, Zumbo voulut aussi porter à Paris quelque morceau semblable à ce qu’il avoit fait en anatomie à Gènes. M. l’intendant lui donna un jeune chirurgien, galérien, pour l’aider ; & il lui fir déféquer plusieurs têtes, que l’hôpital de Marseille eut ordre de lui fournir : ce fut sur ces têtes naturelles, qu’il forma une belle tête anatomique, que l’académie des sciences approuva, avec les éloges que l’on voit dans Yhifoire de l’académie de l’année 170 1. Les plus curieux voulurent la voir 5 & Philippe, petit-fils de France, duc d’Orléans, prince plein de bon goût pour toutes choses, ne dédaigna pas d’aller chez Zujiabo examiner à loifir cet ouvrage -,

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