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qu’il y acquit par ses fermons, le fit appeller à Pliermitage de la Vierge, fameux pèlerinage. On dit qu’il eut en ce temps-là une conférence avec le cardinal Matthieu ^ évêque de Sion, dans le Valais en Sui(Te, sur les abus qu’il prétendoit erre dans l’église, & sur les moyens de les réformer. Il fut bientôt après appelle à Zurich, pour y remplir la principale cure de cette ville, 8c y annoncer la parole de Dieu. Il y prêcha les nouveautés, & recommanda la lecture des livres de Luther. En ce temps-là, un Cordelier nommé Samfon, Milanois, envoyé de la part du pape, par le vifueur général de son ordre, vint publier les indulgences a Zurich. Zuinglc, imitant la conduite de Luther, déclama fortement contre ce prédicateur, & même contre les indulgences. Hugues, évêque de Confiance, croyant qu’il n’en vouloit qu’aux abus, l’exhorta à continuer- mais Zuingle passant plus avant, continua de prêcher, non-seulement contre les indulgences 3 mais aussi contre Finterceffion & l’invocation des faïnts, contre le sacrifice de la meffe, les loix ecclésiastiques., les vœuxj le célibat des prêtres, & l’abstinence des viandes, sans toutefois rien changer au culte extérieur. Aptes avoir prêché cette doctrine dans Zurich pendant quatre ans, & disposé les esprits à la recevoir, il fit indiquer une assemblée par le sénat de Zurich, au 29 de janvier de l’an 15133 pour conférer avec les députés de l’cvcque de Confiance & les autres ecclésiastiques, sur la religion. Faber & Zuingle y disputerent devant des arbitres nommés par le sénat. Cette conférence fut suivie d’un édit, par lequel on abolit une partie du culte & des cérémonies de l’église. On détruisît ensuite les images, 8c enfin on abolit la meffei Quoique Zuingle convînt avec Luther en quelques points, ils étoient bien différens sur le fond de la doctrine ; car Luther don noir tout à la grâce pour le salut ; & celui-ci au contraire, , fui van t l’erreur des Pélagiens, donnoic tout au libre arbitre, agiflàntpar Jes feules forces de la nature ; jusque-là qu’il croyoit que Caton, Socrate, Scipion, Séneque, Hercule même & Théfce, & les autres héros & gens vertueux du Paganisme, avoient gagné le ciel par leurs belles actions. Lurhera toujours reconnu la présence réelle du corps de Jems-Chnll au saint sacrement de l’£uchariftie, quoiqu’il voulût aussi que la substance du pain & du vin y demeurât ; mais Zuingle soutint qu’en ce sacrement on ne recevoir que le pain 8c le vin, qu’il disoit lignifier 8c représenter le corps de Jésus-Christ, auquel on s’unit spirituellement par la foi. Comme les catholiques, & sur-tout les religieux de S. Dominique, s’opposerent à ces erreurs j le fénat de Zurich entreprit de convoquer une assemblée générale l’an 152.3, pour y juger de ce différend. L’évêque de Confiance, dans le diocèse duquel éioit Zurich, y envoya Jean Faber, son grand- vicaire, pour leur défendre de commettre cet attentat contre l’autorité de l’église ; mais les partisans de Zuingle ayant prévalu par leur nombre, on ordonna, à la pluralité des voix, que fa doctrine ferait reçue dans tout le canton de Zurich : Se peu de temps après on brifa les images, on renverfa les autels, 8c on abolit toutes les cérémonies de l’église romaine. Les évêques de Balle, de Confiance & de Laufane, firent ensorte qu’on tînt une assemblée générale de tous les cantons à Bafb, où Jean Oecolampade se trouva pour Zuingle, qui n’y voulut pas comparaître. La doctrine de cet hérésiarque y fut condamnée par un décret folemnel, au nom de toute la nation. ; mais ceux de Berne refuserent de s’y fou mettre, Se convoquèrent une autre assemblée l’an 1528. La plupart des catholiques ne s’y voulurent pas trouver, parce qu’il s’agiffoit d’une affaire déjà jugée ;& Zuingle étant le plus fort, y ht recevoir fa doctrine, que ceux de Bafle embrafferent bientôt après. Ainsi. les

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cantons de Zurich, de Schafhoufe, de Berne 8c de Halle, se liguèrent ensemble, 8c firent plusieurs infultes à leurs voifîns, pour les obliger àfuivre leur parti. Mais les cinq- cantons de Lucerne, de Zug, d’Uri, d’Underwald & de Schwitz, tous bons catholiques, entrèrent à main armée sur leurs terres : de forte que le 1 1er octobre de fan 1 5 3 1, on en vint à une bataille j qui fut très-funefle à ceux de Zurich. Toute leur armée fut raillée en pièces ; & Zuingle même fut tué sur la place, en combattant très-vaillamment à la tête d’un bataillon. Les catholiques remportèrent encore de grands avantages sur eux en quatre ou cinq combats : après quoi ils firent la paix, à condition que chacun demeureroit libre dans l’exercice de fa religion. Depuis, les quatre cantons Zuingliens s’étant alliés à ceux de Genève, se font fait Caivinifles. Martin Bucer balança assez long- temps entre Luther 8c Zuingle, tenant quelque chose de tous les deux, d’où vient la secte des Luthero-Zuingliens. Zuingle avoit composé un livre intitulé : De rem & fdfa religions j qu’il avoit eu la témérité de faire présenter à François I, roi de France. Outre cet ouvrage, il en a encore composé plusieurs autres que l’on a ramaffés en quatre volumes in-folio. * Sandere, h&r. A09. Florimond de Raimond, /. 2 de orig. h&r. c. 8 j 8c /. 3 j c. 3. Sponde, in annal. Melchior Adam, in vit. theol. Germ. Glareani, epijlola ad Joannem à Lasko, parmi les EpifloU clarorum yirorum felecliores, données par Gabbéina.

ZUIRIE, est un pays que Samfon, dans ses petites cartes, met dans la Géorgie en A fie, au levant du Gurgiflan, le long de la mer Caspienne, à l’endroit où étoit l’ancienne Albanie ; & il met dans ce pays les villes de Zitrach, de Stranu & de Chipiche. Mais Baudrand affûte que la Zuirie est le même pays que le Guriel, fi tué le long de la mer Noire ; aufîï dans les grandes cartes de Samfon 8c dans celles de Wifcher, on trouve le Dagheflan au lieu de la Zuirie.

ZUISKI, gouverneur de Pleskow, ville & duché appartenant au czar, du côté de la Livonie, s’est distingue après le milieu du XVI e fiée le par fa valeur 8c par son esprit. L’armée polonoise attaquant Plefkow en 1 5 81, Zuiski voulut ajouter à la gloire d’avoir fauve cette place, celle d’avoir forcé le camp des Polonois, & taillé en pièces leur armée. Dans ce defsein, il résolut de les attaquer le 4 de janvier. Il rassembla donc environ sept cens chevaux qui lui reploient dans la ville, & les donna aux plus braves de fa garnison. Les Polonois n’avoient que deux corpsde-garde, l’un au-delà du fleuve Volika, sur le chemin qui va à Petzur, & l’autre en-deça de la rivière, & au-dessus du camp. Zuiski envoya trois cens chevaux contre le corps qui étoit sur le chemin de Petzur ; mais comme la rivière étoit glacée, il jugea qu© les Polonois qui étoient portés de l’autre coté, pouroientpaffer sur la glace pour secourir leurs gens. Il réfolut de faire une sortie vigoureuse avec ce qu’il avoit de meilleures troupes, 8c d’attaquer leurcamp, où ils étoient en petit nombrer mais les Polonois feignant de se retirer, & ayant mis une embuscade pour fur prendre ceux qui les poursuivoient, Zuiski envoya en effet contre eux une partie de son infanterie ; Se croyant que le camp étoit désert, il fit faire une fortie pour l’attaquer : mais ceux qui étoient en embuscade étant tout d’un coup fortis de leurs tentes où ik étoient cachés, chargèrent les Moscovites avec tant de vigueur, qu’ils leur tuèrent trois cens hommes, firent -soixante prison.niers, & repoufferent le reste dans la ville. Comme on n’y faisoit plus aucuns mouvemens, les Polonois crurent qu’ils pouvoient aller se promener le long des murs, bien montés 8c bien équipés : mais on leur tira des coups de carabine, fous prétexte qu’ils venoient pour reconnoître 1 ’ér#j