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lonius, qui avoit eu le même emploi après Eratosthène, sous le regne de Ptolémée Philadelphe. Aristonyme mourut d’une rétention d’urine, âgé de 77 ans, selon Suidas. Il y en a eu un joueur de luth d’Alexandre le Grand. * Plutarque, de fort. Alexand.

ARISTOPHANE, archonte, ou préteur d’Athènes. * Diodore de Sicile, l. 17, c. 49.

ARISTOPHANE, Athénien, florissait vers la LXXXVI olympiade & les suivantes, c’est-à-dire, environ depuis l’an 436 avant J.C. & long-temps après. On ignore de quel pays & de quelle ville il étoit. Il a écrit plus de cinquante comédies : il ne nous en reste plus que neuf. Les Athéniens firent tant de cas des pièces d’Aristophane, que par un decret public, ils l’honorèrent d’une couronne d’une branche de l’olivier sacré qui étoit dans la citadelle, en reconnoissance du soin qu’il avoit de découvrir les fautes de ceux qui gouvernoient la république. Sa haine contre Socrate paroît assez en sa comédie des Nuées, pleine d’invectîves contre ce philosophe, & par quelques autres traits de satyre, comme l’a remarqué Diogène Laërce. Plutarque a fait un traité, dans lequel il fait le parallèle d’Aristophane & de Menandre, donnant tout l’avantage à ce dernier, par quelque chagrin qu’il avoit, peut-être, de voir son ami Socrate si maltraité dans la comédie des Nuées. Ludolphe Kuster à donné en 1710 les neuf comédies d’Aristophane, en grec & en latin, corrigées sur les manuscrits, & accompagnées des anciennes scholies, & des notes de divers savans, imprimées in-fol. à Amsterdam. Cette édition est magnifique, & l’on peut voir dans le journal des savans de Paris (au 5 août 1710) ce qui la distingue de toutes celles qui l’ont précédée. Les neuf comédies qui nous restent d’Aristophane, sont le Plutus, les Nuées, les Grenouilles, les Chevaliers, les Acarnaniens, les Guêpes, les Oiseaux, la Paix & les Harangueuses. Les Oiseaux ont été traduits eh françois par M. Boivin le cadet, & imprimés en 1729. Madame Dacier nous a donné le Plutus, & les Nuées. M. Charpentier avoit aussi traduit en prose françoise le Plutus, les Nuées & les Grenouilles : mais cette traduction est demeurée en manuscrit. * Dîogène. Lilio Giraldi. Scaliger. Vossius. T. le Fevre. des poëtes Grecs, &c.

ARISTOPHANE, de Bysance, disciple d’Eratosthène, & l’un des célébres grammairiens de son temps, vivait sous le regne de Ptolémée Evergete & de Ptolémée Philopator roi d’Egypte, c’est-à-dire, vers la CXL olympiade, & environ 220 ans avant J. C. Il mourut âgé de quatre-vingts ans, & a écrit quelques ouvrages cités par les anciens. * Athénée, l. 9, 13 & 14. Diogène Laërce, en la vie de Platon, l. 3, & en celle d’Epicure, l. 10.

ARISTOPHON, poëte, auteur d’une comédie nommée Philotcëte, selon Plutarque. Diogène Laërce en cite un de ce nom dans la vie de Pythagore, au liv. 8, & Diodore de Sicile, un préteur des Athéniens, au liv. 17, c. 62.

ARISTOTE ou BATTUS, fondateur de Cyrène, cherchez BATTUS.

ARISTOTE, philosophe, chef de la secte des Péripatéticiens, étoit fils de Nicomachus & de Festiade, né à Stagire, petite ville de la Macédoine, dans la XCIX olympiade, environ 384. ans avant la naissance de J. C. On prétend que Nicomachus son pere, médecin d’Amyntas, aïeul d’Alexandre le Grand, tirait son origine d’Esculape. Aristote perdit son pere & sa mere dans les premieres années de son enfance, Proxene ami de son pere, prit soin de son éducation, & l’éleva mal. Car lorsque Aristote eut commencé d’étudier la grammaire, puis la poëtique, il quitta ses études par libertinage. Il réuffit pourtant à la poësie. Porphyre & Eustathius font mention d’un poëme qu’il composa sur la mort des guerriers, qui furent tués au siège de Troye. Ayant dissipé par ses débauches une partie du bien que son pere lui avoit laissé, il prit le parti des armes. Mais ne réussissant pas dans cette profession, il alla à Delphes consulter l’oracle sur le parti qu’il devoit prendre. L’oracle lui ordonna d’aller à Athènes, & de s’appliquer à la philosophie. Il étoit alors dans la 18 année de son âge : & il étudia la philosophie, non sous Socrate, (comme Ammonius & le cardinal Bessarion l’ont cru, contre le sentiment de Diogène Laërce,) mais sous Platon. Socrate étoit mort dès l’an 400 avant J. C. sous la XCV olympiade, & avant la naissance d’Aristote. Ce dernier ne finit ses études qu’à la trente-septiéme année de son âge. On assure qu’ayant déja dissipé ses biens, il fut obligé d’exercer la pharmacie à Athènes. Cependant, il étudia avec une si grande application, qu’il surpassa tous ceux qui étaient dans l’école de Platon ; & quand quelque indisposition ou quelque affaire l’empêchoit de s’y trouver, on disoit que la philosophie de la vérité n’y étoit pas. Il étoit infatigable dans son travail ; & sa passion d’apprendre s’augmentant de jour en jour, il parcourut tout ce qui se trouva d’écrits sur la philosophie, qui étoient alors en quelque réputation. Diogène Laërce remarque qu’il mangeoit peu, qu’il dormoit encore moins ; & que, pour résister à l’accablement du sommeil, il étendoit hors du lit une main dans laquelle il tenait une boule d’airain, afin de se réveiller au bruit qu’elle faisoit en tombant dans un bassin. Ce qu’Alexandre le Grand pratiqua depuis, au rapport d’Ammien Marcellin. Il approfondissoit extrêmement les choses, & les réduisoit en ordre, après les avoir approfondies. C’est pour cette raison que Galien loue Aristote d’avoir été le premier des philosophes qui a cherché à fond les causes générales de tous les êtres, & qui a le plus descendu dans le détail. Clément d’Alexandrie & Eusebe prétendent (peut-être sans fondement) qu’Aristote eut à Athènes diverses conférences avec un Juif, pour s’instruire des sciences & de la religion des Egyptiens. Ainsi il suppléa au voyage d’Egypte, qu’on croyait alors nécessaire pour devenir favant. Il y avoit environ quinze ans qu’Aristote étudiait sous Platon, lorsqu’il commença à prendre des sentimens différens de ceux de son maître. Celui-ci en conçut du dépit, s’en plaignit hautement, & traita son disciple de rebelle & d’ingrat. Après la mort de Platon, qui arriva la 1 année de la CVIII olympiade, 34 ans avant J. C. Aristote quitta Athènes, & se retira à Atarne petite ville de la Mysie vers l’Hellespont, où regnoit alors Hermias son ancien ami. Ce prince lui donna sa sœur, ou selon d’autres, sa fille ou sa petite-fille Pythias en mariage. Aristote fut si transporté d’amour pour cette dame, qu’il lui offrit des sacrifices. Trois ans après, Hermias ayant été pris par Memnon général des armées du roi de Perse, Aristote se retira à Mitylène, capitale de Lesbos, où il demeura quelque temps. Philippe roi de Macédoine, ayant su en quelle réputation étoit Aristote, l’engagea à prendre soin de l’éducation de son fils Alexandre, alors âgé d’environ quatorze ans. Aristote accepta ce parti ; & en huit années qu’il fut auprès de ce prince, il lui enseigna l’éloquence, la phyique, la morale, la politique, & une certaine philosophie, qu’il n’apprenait à personne, comme dit Plutarque. Philippe fit ériger des statues à Aristote & rebâtit Stagire, qui avoit été ruinée par les guerres. Depuis, Aristote perdit les bonnes graces d’Alexandre, pour être trop entré dans les intérêts de Callisthène, qui etoit son parent, & que ce prince fit exposer aux lions, pour avoir écouté, disoit-il, des propositions que lui fit Hermolaüs contre sa vie. Ariftote fut soupçonné d’y avoir eu part. Quelque temps après il se retira à Athènes, où il etablit sa nouvelle école. Les magistrats le reçurent très-bien ; car à sa consideration Philippe avoit fait beaucoup de graces aux Athéniens. Ils lui donnèrent le Lycée, où il philosophoit en se promenant, d’où sa secte fut appellée la secte des Péripatéticiens : ce lieu en peu de temps devint célébre par le concours d’un