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ABOU-JACOB NEHERGIOUZI, docteur célebre parmi les Arabes par sa doctrine & par sa piété. Il dit sur le chapitre Anaam, pag. 61, expliquant ce verset : Ceux qui prient Dieu soir & matin cherchent sa face : « Voulez-vous savoir quel est celui qui cherche Dieu ? ce verset vous l’apprendra, car il signifie que ceux qui persévérent dans la priere, cherchent véritablement Dieu, & qu’ils s’uniront infailliblement à lui, & c’est ce qui se doit entendre par sa face. » * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-IESID, prince de Chaldée ou Iraque Babylonienne, Arabe de nation, & fils d’Amrou ben Hobeirah. Il vivoit du temps du calife Mervan, dernier des Ommiades. 11 fit bâtir une ville dans la Chaldée, qui a retenu son nom, car elle est encore aujourd’hui appellée Casr~ben-Hobeirah. * Géogr. pers. D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-IESID, Mektebdar, secrétaire d’état en Egypte, se révolta contre Caiem, second calife de la race des Fatimites. Il ne fut puni de sa rébellion que par Ismaël Al-Manzor, fils de Caïem, lequel ayant succédé à son pere, & défait Abou-Iesid, le fit prisonnier, & l’enferma dans une cage de fer, où il finit ses jours. * D’Herbe!ot, biblioth. orient.

ABOU-JOSEPH, est le même que Jacob ben Ibrahim-ben-Habib-al-Koufi, qui fut compagnon de Giomeid, & disciple des fameux docteurs Amasch & Jahia ben Saïd-al-Ansari. Les califes Hadi & Aaron le firent grand justicier de Bagdet ; & ce fut lui qui porta le premier le titre de Cadhi-al-Codhat, c’est-à-dire, juge des juges, qui est une dignité approchante de celle de chef de justice & de chancelier en France. Ce fut aussi lui qui donna un habit particulier aux docteurs de la loi, & qui mit en vogue la doctrine & la secte d’Abou-Hanifah. Il amassa de fort grands biens en très-peu de temps ; & il les devoit plutôt à son industrie qu’à la fortune, car il étoit décisif & fertile en expédiens. Voici un exemple de ce qu’il savoit faire.

Le calife Aaron ou Haroun al-Raschid étant devenu amoureux d’une des esclaves & concubines de son frere Ibrahim, voulut l’acheter de lui à prix d’argent : il lui offrit pour cet effet trente mille dinars ou écus d’or ; mais Ibrahim avoir juré qu’il ne la vendroit ni donneroit à personne. Cependant comme le calife son frere le pressoit fort, & vouloit avoir cette esclave à quelque prix que ce fut, il consulta Abou-Joseph sur ce qu’il avoit à faire en cette occasion. Ce docteur lui dit : « Si vous voulez éviter le parjure, donnez-la à moitié, & vendez-la à moitié au calife. Ibrahim fut ravi de cet expédient, & envoya aussitôt son esclave à son frere, lequel ne laissa pas de lui envoyer la somme entiere qu’il avoit offerte : mais Ibrahim qui étoit ravi d’être sorti d’un si grand embaras, en fit présent aussitôt au cadhi. Aaron ayant en sa possession la fille qu’il avoit tant désirée, voulut coucher avec elle dès la même nuit ; mais la loi s’opposoit à ses désirs, car selon le droit des musulmans, un frere ne peut pas coucher avec la concubine de son frere, si elle n’a auparavant passé par les mains d’un autre. Abou-Joseph consulté sur cette difficulté, conseilla au calife de faire épouser cette femme à un de ses esclaves, à condition qu’il la répudieroit aussitôt, & la lui remettroit entre les mains. Ce mariage fut exécuté ; mais l’esclave devenu amoureux de sa nouvelle épouse, ne voulut point entendre parler de divorce, & voulut la retenir, nonobstant l’offre qui lui fut faite de dix-mille dinars. Ce fut alors qu’Abou-Joseph eut besoin de toutes les subtilités de sa jurisprudence, pour satisfaire en même temps à la conscience & aux désirs de son maître. Mais il sortit encore de ce mauvais pas, en lui conseillant de donner cet esclave, dont il étoit toujours le maître, à la femme qu’il avoit épousée ; car par ce moyen le lien du mariage seroit rompu, puisque, selon la loi musulmane, une femme ne peut être mariée à son propre esclave. Ceci ayant été exécuté, le divorce suivit, & la femme retourna entre les mains du calife. Ce prince fut si bon gré à son cadhi des expédiens qu’il lui avoit donnés, que les dix mille dinars qu’il avoit offerts à l’esclave lui furent aussitôt comptés : mais ce n’est pas là tout le gain que fit notre docteur dans cette consultation, car le calife ayant fait présent de cent mille dinars à cette femme, dont il étoit éperdument amoureux, celle-ci en reconnoissance des offices que le cadhi lui avoit rendus, la délivrant des mains d’un esclave, pour la faire passer en celles d’un si grand prince, lui fit présent de dix mille autres dinars, desorte que cet habile jurisconsulte gagna cinquante mille écus d’or en une seule nuit. Ce docteur ayant avoué un jour son ignorance sur une question qui lui fut proposée, on lui reprocha qu’il recevoit de fort grosses pensions du trésor royal, & que cependant il ne s’acquittoit pas de son devoir, puisqu’il ne décidoit pas les points de droit sur lesquels on le consultoit ; il répondit agréablement : Je reçois du trésor à proportion de ce que je sais ; mais si je recevois à proportion de ce que je ne sais pas, toutes les richesses du calife ne suffiroient pas pour me payer. * D’’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-ISHAK AL-FARSI, c’est le même qu’Ibrahim Ebn Al-meskin, qui étoit un des principaux officiers de la cour du roi de Khorasan, & qui alla de la part de son maître en ambassade à la Chine. Ebn-Aluardi cite la relation de son voyage, dans le livre qu’il a intitulé, Kheridat al-agïaib, où il traite de la Chine. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-ISHAK-AL-SCHIRAZI, docteur insigne du collége appellé la Nézamie, fondé par Nézam-al-molk, dans la ville de Bagdet. * D’Herbelot, bibliothéque orient.

ABOUKIR, isle que fait le Nil auprès d’Alexandrie, qu’on appelle aujourd’hui communément le Biker & le Biké, commença à avoir des habitans depuis que ceux d’Alexandrie y furent transportés par Thamal, amiral du calife Moctader, pour ôter à Aboulcassem, fils d’Obeidallah, qui s’étoit rendu maître du pays, la commodité d’y rafraîchir son armée. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOUL-ABBAS-SAFFAH, premier calife de la dynastie des Abbassides, fut désigné par son frere Ibrahim pour lui succéder, & proclamé calife par tous ceux de son parti l’an de l’hégire 132, de J.C. 749. Ses troupes, commandées par Abdallah, son oncle, après avoir remporté plusieurs avantages, gagnerent enfin une bataille où Mervan II, dernier calife des Ommiades, fut tué. Cette victoire abattit sans ressource la puissance des Ommiades, & assura la couronne à Aboul-Abbas, qui fut reconnu calife dans tout l’empire des Arabes, l’an de l’hégire 134, de J.C. 752. Les cruautés qu’Abdallah avoit exercées sur les Ommiades, firent donner à Aboul-Abbas son neveu, le surnom de Saffah, c’est-à-dire, qui répand le sang. Ce n’est pas qu’on reproche à ce calife d’avoir eu aucune part au massacre des Ommiades ; on n’en a jamais accusé qu’Abdallah. Au reste, on convient que ce fut à la politique sanguinaire de ce prince, qu’Aboul-Abbas fut redevable de la tranquilité qui regna dans l’empire musulman, pendant le peu de temps qu’il occupa le trône. Ce calife mourut l’an de l’hégire 136, de J.C. 754, n’étant encore âgé que de dix-huit ans, selon quelques-uns, & de trente-deux ans & demi, selon El-Macin. Les auteurs sont également partagés de sentimens sur sa postérité. El-Macin dit qu’il laissa un fils nommé Mahomet, & une fille nommée Rabéte : d’autres lui donnent un fils nommé Musa, lequel eut un fils appellé Issa, en faveur duquel il s’éleva dans la suite un parti pour le mettre sur le trône : enfin, d’autres assurent qu’Aboul-Abbas ne laissa point d’enfans, & qu’il n’y eut de troubles au sujet du califat, que ceux qui furent excités par Abdallah, lorsqu’Abou-Giaffar fut reconnu souverain