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bitans du Caire le précipiterent dans le Nil l’an de l’hégire 338, 949 de J.C. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-GIAFAR BEN ZOBAIR, docteur illustre, maître d’Ebn Hallan. * D’Herbelot, bibliotheque orient.

ABOU-HAGELAH-BEN ABI-HAGELAH, Arabe, est auteur du livre intitulé, Succardan, qui signifie proprement en langue persienne un sucrier. L’auteur y traite de plusieurs choses différentes, de l’Egypte, du nombre de sept, &c. Il mourut l’an 776 de l’hégire, 1374 de J.C. Il avoit composé un autre ouvrage sous le titre de Thari-al al Sukkardan, qui étoit une augmentation ou un supplément du premier. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-HAIAN ou EBN-HAJAN, est le même qu’Athirreddin Mohammed ben-Joseph al Andalousi, dodeur Arabe, né en Espagne, qui a fait plusieurs ouvrages sur la grammaire arabique, & qui a travaillé aussi sur la langue des Atraks, ou Turcs orientaux, que nous appelions ordinairement Tartares. Ce même docteur attaqua aussi les sophis ou religieux mahométans de son temps, & fit une satyre sanglante contr’eux. Il mourut l’an de l’hégire 745, 1344 de J.C. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU HAMZAH AL-BABELI, docteur célébre & grand prédicateur parmi les musulmans. Expliquant un jour le verset du chapitre Aaràf dans l’alcoran, où il est dit, qu’il faut pardonner à ses ennemis, faire du bien à tous, & fuir les ignorans, il assura que le plus ignorant de tous ceux dont il falloit éviter la compagnie, étoit l’amour propre ; que c’étoit cependant celui quis s’attache le plus, & qui ne nous quitte presque jamais. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-HAMZAH AL-KHORASANI, homme célébre par sa piété parmi les Arabes. Jaséi a écrit sa vie dans l’article 118 de son histoire. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-HANIFAH, surnommé Al-Nooman, étoit fils de Thabet, & naquit à Cousah l’an 80 de l’hégire, 699 de J.C. C’est le plus célébre docteur des musulmans orthodoxes sur les matieres de leur loi : car il tient le premier lieu entre les quatre chefs de sectes particulieres, que l’on peut suivre indifféremment dans les décisions des points de droit. Il ne fut pas cependant beaucoup estimé durant sa vie ; & le calife Al-Mansor le fit emprisonner à Bagdet, pour avoir refusé de souscrire à l’opinion de la prédestination absolue & déterminante, que les musulmans appellent cadha : mais Abou Joseph juge souverain, & pour ainsi dire, chancelier de l’empire sous le calife Hadi, mit sa doctrine tellement en crédit, que pour être bon musulman, il falloit être Hanifite, c’est-à-dire, disciple de Hanifah. Ce docteur mourut cependant dans les prisons de Bagdet l’an 150 de l’hégire, 767 de J.C. Ce ne fut que 335 ans après sa mort que Mélikschah, sultan de la race des Seljoucides, lui fit bâtir un superbe mausolée dans la ville, auquel il joignit un collége destiné particulierement à ceux qui faisoient profession de sa secte. Ce fut l’an 485 de l’hégire, de J.C. 1092.

Les principaux ouvrages de ce docteur sont Mesnad, c’est-â-dire, l’appui, dans lequel il établit tous les points du musulmanisme sur l’autorité de l’alcoran & de la tradition. Un traité Filkèlam, c’est-à-dire, de théologie scholastique ; & un catéchisme ou instruction, qui porte le titre Moallèm, c’est-à-dire, le maître, où il soutient que le fidéle qui se maintient dans la foi, ne devient point ennemi de Dieu, quoiqu’il tombe en plusieurs péchés ; que les péchés ne s?ont point perdre la foi, & que la grace n’est pas incompatible avec le péché. Ces propositions & autres semblables donnerent sujet à Abdun ou Ebn Abdun d’écrire contre lui, & cet auteur intitula son livre, Ekhtelaf Abi-Hanifah, les contradictions d’Abou-Hanifah.

Plusieurs auteurs des plus illustres ont écrit avec éloge la vie de ce docteur ; & il y en a même qui ont prétendu trouver son nom dans l’ancien testament, & qui soutiennent qu’il a été prédit dans les livres saints, aussi-bien que leur profete Mahomet. Tous les historiens conviennent qu’il a excellé, non-seulement dans la connoissance, mais aussi dans la pratique de la loi musulmane, car sa vie étoit fort austere & détachée des choses du monde ; c’est ce qui le fait considérer comme le premier chef & iman de la loi musulnane par tous les orthodoxes ; & il n’y a que les schiites, ou sectateurs d’Ali, qui le rejettent.

Hanifah conversant familierement avec Malek chef d’une autre secte, natif de Medine, celui-ci dit qu’Ali parlant des habitans de Confah disoit, qu’ils étoient querelleux & séditieux : Abou-Hanifah lui repartit aussitôt que les Medinois étoient taxés d’hypocrisie dans l’alcoran. Lamai rapporte cette petite raillerie. Un autre rapporte aussi le sentiment de ce dodeur touchant l’autorité de la tradition. « Pour ce qui regarde, disoit-il, les choses que nous avons reçues de Dieu & de son prophéte, nous les respectons avec une entiere soumission. Quant à ce qui nous est venu des compagnons ou contemporains du prophéte, nous en choisissons ce qu’il y a de meilleur : mais pour ce que les autres docteurs qui les ont suivi, nous ont laissé, nous le regardons comme venant de gens qui étoient hommes comme nous. » Houssain-Vaëz expliquant ce verset du chapitre d’Amram, où Dieu dit qu’il a préparé le paradis à ceux qui retiennent leur colere, & qui pardonnent à ceux qui les ont offensés, rapporte un fait qui mérite d’avoir place ici. Abou-Hanifah ayant reçu un soufflet, dit à celui qui avoit eu la témérité de le fraper : « Je pourois vous rendre injure pour injure, mais je ne le ferai pas : je pourois aussi en porter ma plainte au calife, mais je ne m’en plaindrai pas : je pourois au moins representer à Dieu dans mes prieres l’outrage que vous m’avez fait, mais je m’en garderai bien. Enfin, je pourois au jour du jugement en demander la vengeance à Dieu ; mais bien loin de le faire, si ce jour terrible arrivoit en ce moment, & que mon intercession pût avoir lieu, je n’entrerois point en paradis qu’en votre compagnie. » Un poëte Arabe a dit sur ce sujet : Ne croyez pas que la valeur d’un homme consiste seulement dans le courage & dans la force ; si vous savez surmonter votre colere & pardonner, vous êtes d’un prix inestimable. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-HASCHEM, surnommé Sofi, c’est-à-dire, religieux, à cause de la profession qu’il faisoit d’une vie fort retirée & réguliere, docteur Arabe. On rapporte de lui qu’il disoit souvent à ses disciples : « Il est plus aisé de déraciner & d’enlever une montagne avec la pointe d’une aiguille, que d’arracher l’orgueil & la vaine estime de soi-même du cœur de l’homme. » * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-HATEM, surnommé Al-Assam, c’est-à-dire, le sourd, docteur célebre en piété & en dodrine parmi les musulmans, étoit natif de la ville de Balch en Khorosan, où il mourut l’an de l’hégire 237. Il avoit une femme si timide, qu’elle ne pouvoit parler sans rougir. Pour la guérir de ce défaut, il s’avisa de contrefaire le sourd, & de lui faire répéter & à haute voix tout ce qu’elle lui disoit. Cet artifice lui réussit, & le surnom de sourd lui demeura. Il étoit fort pauvre, & un de ses amis lui demandant de quoi il subsistoit, il lui répondit : « Le ciel & la terre ne sont-ils pas les magasins & les trésors de la providence ? mais le malheur est que les hommes, faute de confiance, n’y ont point de recours, & ne comprennent pas ce grand mystere. » * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABOU-JACOB AL-BASRI, natif de Basrah. Il est réputé saint parmi les musulmans, & Jaféi en a écrit la vie dans la section 98 de son histoire. * D’Herbelot, biblioth. orient.