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l’exercice de leur religion, avant qu’ils eussent leur temple de Charenton, qui est maintenant détruit.

ABNAQUIOIS, ou plutôt ABENAQUIS, Abnaquii, peuples de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, que l’on appelle autrement Canibas. Ils sont entre l’Acadie & la nouvelle Angleterre, sur le bord de la mer à soixante lieues de Québec. On les appelle aussi souvent les Abenaquis. * Baudrand, dict. Le P. Charlevoix.

ABN-ARRAHEB, c’est-à-dire, en langage arabe, fils de moine, étoit Egyptien, & de la secte des cophtes. Il a composé un livre intitulé ; la chronique orientale, qui a été traduit en latin par Abraham Ecchellensis, & imprimé à Paris dans l’imprimene royale en 1651, avec un supplément de l’histoire des Arabes. * M. Simon, hist. critiq.

ABNER, fils de Ner, beau-pere & général des armées de Saül, servit ce prince dans toutes les occasions avec beaucoup de fidélité & de courage. Après la mort de Saül, Abner mit sur le trône Isboseth, qui étoit resté seul des enfans mâles de ce roi, & qui regna deux ans paisiblement sur Israël ; mais après ce temps la guerre s’etant émue entre Israël & la tribu de Juda, qui avoit choisi David pour roi, Abner marcha contre ce prince avec ses meilleures troupes, & fut mis en déroute. La principale ressource d’Isboseth consistoit en la valeur & en la prudence d’Abner, lequel ayant reçu quelque chagrin de ce prince, passa du côté de David, & lui fit renvoyer Michol son épouse. Ensuite ayant fait assembler les chefs de l’armée, & les principaux du peuple d’Israël, il leur représenta que, puisque Dieu avoit fait sacrer David roi, il étoit inutile de résister à sa volonté, & il les disposa à se déclarer pour ce dernier. Il alla aussitôt trouver David, qui le reçut avec tous les témoignages d’affection qu’il pouvoit souhaiter. Mais Joab craignant que le mérite d’Abner ne lui fit obtenir le commandement de l’armée à son préjudice, le suivit lorsqu’il retournoit pour achever auprès des Israélites ce qu’il avoit commencé, & l’ayant tiré à l’écart, sous prétexte de vouloir lui parler, le tua en trahison, l’an du monde 2987, & avant J.C. 1048. David ressentit une douleur extrême de cet assassinat, & protesta hautement devant Dieu qu’il n’y avoit point de part. Il ordonna un deuil public pour Abner ; il lui fit faire des obseques solennelles, & lui éleva dans Hébron un magnifique tombeau, sur lequel on grava une épitaphe que David composa à sa louange. Quelques auteurs ont même cru que ce fut dans cette occasion que David composa le pseaume cxliii, Seigneur, vous m’avez éprouvé & vous m’avez connu, pour témoigner devant Dieu & devant les hommes, qu’il n’avoit point commandé une action si infâme. * II des Rois, ch. 3. Joséphe, liv. 7. ant. ch. 1.

ABO, Aboa, ville maritime, capitale de la Finlande, avec évêché suffragant d’Upsal. Elle est située à l’embouchure de la riviere d’Aurojoki sur la mer Baltique, & a un très-bon port. On dit qu’au sud-est de ce port, dans le golfe de Finlande, il y a un rocher au milieu de la mer, & que les mariniers ont observé que lorsqu’ils passent auprès, l’aiguille de leur boussole ne regarde plus le nord, comme si elle avoit perdu sa qualité. Ce qui fait croire qu’il y a quelque mine d’aimant dans ce rocher, comme il y en a dans le reste du pays. L’évêché y fut établi en 1158 par le pape Adrien IV, & la reine Christine y fonda aussi une université en 1640. Cette ville fut presque toute consumée par un incendie qui y arriva l’an 1678 : mais depuis on l’a rétablie.

Ce fut en cette ville que se conclut le traité de paix entre la Suéde & la Russie, le 7 août 1743. La Russie céda la plupart de ses conquêtes, en faveur de l’élection qui avoit éré faite de l’évêque de Lubeck, oncle du duc de Holstein, pour successeur au trône de Suéde. * Histoire abr. de. l’état présent de la Suéde.

ABOASSAR, Arabe, cherchez ALBUMAZAR.

ABOCHARANA, ville de l’Arabie heureuse, située sur une haute montagne. On ne peut y aborder que par un chemin étroit, qui a sept mille pas de longueur, & qui peut à peine souffrir deux hommes de front. C’est le lieu où se garde le trésor du sultan dans l’Arabie. * Barth. hist. de l’Arabie heureuse, l. 2, c. 8.

ABODRITES, peuples d’Allemagne, du temps de Charlemagne. Ce sont proprement ceux qui habitent présentement dans le duché de Meckelbourg, & aux environs, près de la Mer Baltique. * Bertius, dans sa carte de l’empire de Charlemagne.

ABOECRITE, chef des Béotiens, tué avec mille autres Béotiens dans la bataille de Cheronée, contre les Etoliens. * Plutarch. in Arat.

ABOLIAB, cherchez BESELEEL.

ABOMASUS, cosmographe, un peu plus ancien qu’Alhazen, savant Arabe de l’onziéme siécle. * Riccioli.

ABON, ABONA ou ABONIS, ville & riviere de l’ancienne Albion, vers la mer d’Irlande, vis-à-vis du lieu où est présentement Bristol. La ville se nomme aujourd’hui Avington, & la riviere Avon, selon Cambden, les noms de l’une & de l’autre ayant peu changé. Quelques-uns croient que c’est le lieu nommé Porshut, à l’embouchure de cette riviere. * Hoffman, lexic. univ.

ABONDANCE, ou Notre-Dame de l’abondance, abbaye du Bugei, petite province de France, autrefois de la Savoye. Cette abbaye étoit anciennement possédée par des chanoines réguliers de S. Augustin : à présent elle est de la congrégation des Feuillans. * Daviti, tom. 5.

ABONIS, cherchez ABON.

ABONITEICHOS, c’est-à-dire, la muraille d’Abonus, ville de la Galatie, ou de la Paphlagonie sur le Pont-Euxin. C’est d’où étoit sorti un fameux imposteur nommé Alexandre, dont Lucien fait mention dans son dialogue du faux prophéte. Ses peuples furent nommés Abonotichetes, c’est-à-dire, habitans du mur d’Abonus. L’imposteur Alexandre demanda aux Romains qu’on changeât le nom de cette ville, & qu’elle fût appellée désormais Ionopolis. * Ptolémée en fait mention dans la premiere carte de l’Asie, chap. 6. Elle étoit entre Sinope & Theutrania.

ABORIGENES ou ABORIGINES, anciens peuples d’Italie dans le Latium. On croit qu’ils furent ainsi nommés, comme qui diroit sans origine, c’est-à-dire, originaires du pays. Le Bétose supposé par Annius de Viterbe, & quelques autres auteurs, fondés sur son témoignage, croient qu’ils vinrent en Italie par ordre de Cham fils de Noé. Genebrard soutient avec aussi peu de vraisemblance que ceux que Josué avoit chassés de Chanaan, étoient de ces peuples. Tite-Live s’attache au sentiment de ceux qui les font venir d’Arcadie, & Denys d’Halicarnasse ajoute que ce peuple fut nommé Aborigines, comme qui diroit ab origine, parcequ’ils furent les ancêtres des peuples du Latium, qui les désignerent par ce nom, pour marquer que c’etoit d’eux qu’ils tiroient leur origine. Justin prétend que Saturne fut leur premier roi ; mais d’autres croient que Janus avant Saturne, ayant séparé ses sujets selon leurs différentes inclinations, bonnes ou mauvaises, nomma Janigenes, ou descendans de Janus, ceux qui avoient de la vertu ; & qu’au contraire renvoyant au-delà du Tibre les vicieux, il les appella Aborigenes, comme qui diroit peuple détestable, abhorrenda gens, ou Aberrigenes, peuples errans & vagabonds, étymologie que suit Aurelius Victor. Ce qui paroît de plus vraisemblable, c’est ce qu’assurent Tite-Live & Denys d’Halicarnasse, que les premiers Aborigenes vinrent d’Arcadie. L’on ne sait point certainement de quelle ville, dans quel temps, ni sous quel chef ils entreprirent cette expédition. Il y a quelques auteurs qui ont cru qu’ils étoient venus en Italie sous la conduite d’Oenotrus, fils de Lycaon, & qu’ils apprirent les lettres de l’alphabet à Evander, qui en étoit roi. Ils furent depuis appellés