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il tomba mort. Les Portugais retirerent aussitôt le corps de leur général ; & pendant qu’ils disputoient entre eux à qui lui succéderoit, Abenchamot profitant de leur division, enfonce leur escadron, délivre sa chere Yoto, tue les plus braves des ennemis, & en emmene grand nombre d’autres prisonniers. Cette action de valeur fit grand bruit dans le pays, & fut suivie de plusieurs autres semblables pendant quelques années, jusqu’à ce que les Maures de Fez tuerent le vaillant Abenchamot d’un coup de javelot. Son corps fut porté à sa femme, qui se laissa mourir de faim & de regret, & qui fut mise avec lui dans un même tombeau. Ce brave homme mourut environ l’an 1524 de J.C. & de l’hégire 931. * Diego Torrez, hist. des scherifs, chap. 10, 21 & 31.

ABEN-EL-HACH, Arabe de Damas, qui dans le XIV siécle fut élevé sur le trône de Cordoue par les Arabes ses compagnons, qui s’étant révoltés, pendirent Alcataran, souverain légitime de Cordoue. Il défit ensuite les enfans de son prédécesseur, qui venoit de Narbonne pour venger la mort de leur pere. Aben-el-Hach mourut lui-même de fatigue ou de poison, après avoir régné six mois. * Marmol, l. 2, c. 14.

ABENEPH, historien Arabe, a écrit un livre des mysteres des Egyptiens, dans lequel il prétend montrer que les Hébreux en ont reçu une partie de ces peuples. * Kircher fait souvent mention de cet auteur dans son Oedipus ægyptiacus, principalement tom. 1. sintag. 4. pag. 149.

ABEN-EZER ou EBEN-EZER, lieu de la Palestine, entre Maspha & Sen, est célébre par la victoire que les Philistins remporterent sur les Israélites, lorsque ces ennemis du peuple de Dieu prirent l’arche. Ils furent depuis eux-mêmes battus au même endroit, & le lieu de leur défaite fut appellé de ce nom, qui veut dire pierre de secours. * I. Reg. 4, 7.

ABEN-EZRA, fameux rabbin d’Espagne (dont le nom propre étoit Abraham) a mérité d’être surnommé le Sage par les Hébreux ses compatriotes. Il a composé de très-bons livres sur l’écriture, sur la grammaire, l’arithmétique, l’astronomie, & sur plusieurs autres sujets. Son style est fort concis, ce qui a donné occasion de faire quelques livres nommés Biurim ou Eclaircissemens, pour expliquer ses commentaires sur l’écriture. Ces commentaires ont été imprimés dans les grandes bibles de Venise & de Basle : & ceux qui en ont lu quelques exemplaires manuscrits, ont observé qu’il y a beaucoup de fautes dans les imprimés. Ses livres de grammaire ont été imprimés à Venise en 1546, avec ceux de quelques autres grammairiens. Le olus rare des livres d’Aben-Ezra, qui a aussi été imprimé a Venise, est intitulé, Jesud mora, c’est-à-dire, le fondement de la crainte. Buxtorf témoigne ne l’avoir jamais vu ; mais le pere Morin & M. Simon en ont vu des exemplaires manuscrits. Ce dernier dit que ce n’est point un livre de grammaire, comme Buxtorf l’a cru ; mais plutôt un livre de théologie, dont le but est d’exhorter à l’étude du Talmud. Ce rabbin vivoit dans le XII siécle, & mourut à Rhodes l’an 1174, âgé de soixante & quinze ans. On transporta ses os dans la terre-sainte. Il étoit excellent philosophe, astronome, médecin, poëte, cabaliste & interpréte de l’écriture. Ses commentaires sur la bible sont fort estimés. Il y avance néanmoins quelques sentimens que les critiques n’approuvent point ; il prétend que Moïse ne passa pas au travers de la mer Rouge, mais qu’il y fit un cercle pendant que l’eau étoit basse, afin que Pharaon fût submergé. Il n’est pas difficile de voir que cette conjecture n’a aucun fondement dans l’écriture, & qu’elle est contraire aux termes dont Moïse s’est servi pour rapporter ce miracle. * Genebrard. in chron. Sixt. Senn. bibliot. sacr. l. 4. Buxtorf de abb. Elv. M. Simon, hist. critiq. le P. Morin, exerc. bibl. Nouvelle histoire des Juifs, ou suite de Joseph, depuis J.C. jusqu’à présent.

ABEN-HUMEYA, fut élu sous ce nom roi de Grenade & de Cordoue, par les Maures révoltés. Il s’appelloit auparavant Ferdinand de Valor, & avoit pris ce nom d’un village qui lui appartenoit, dans la montagne d’Alpuxara ; d’ailleurs il étoit estimé parmi les siens le premier en biens & en naissance. Il n’avoit que 25 ans, & étoit courageux, hardi & capable de soutenir cette dignité, moins toutefois par ses mœurs que par son audace. Après qu’il eut renoncé à son baptême, son élection se fit avec toutes les cérémonies qui sont observées par les Maures. D’abord il se cacha, courant de côté & d’autre ; mais enfin il parut, & marcha avec une pompe royale. Il épousa trois femmes, & commença la guerre avec assez d’ardeur. Ses entreprises lui réussirent en diverses occasions : il eut du pire dans les autres ; & enfin ayant perdu Aben-Xauhar, qui étoit son cousin, il se vit entraîner dans d’étranges embaras par la jalousie des siens. Un certain Diégo aguazil rélolut de le faire périr, non qu’il eût été gagné par la récompense que les Espagnols promettoient à ceux qui l’assassineroient, mais pareequ’il ne pouvoit le souffrir pour rival dans l’amour d’une femme de condition, qu’ils aimoient l’un & l’autre. Ce Diégo supposa des lettres, comme si elles avoient été écrites par Aben-Humeya, dans le dessein de faire égorger les Turcs qui étoient dans ses troupes. Abdalla-Aben-Abo, qui les reçut, le vint surprendre, & le fit étrangler. Aben-Humeya, étant près de mourir, désavoua les faits dont on l’accusoit : il protesta qu’il mouroit chrétien, & qu’il n’avoit jamais eu dessein de se faire Maure, mais seulement d’accepter la qualité de roi pour se venger des Espagnols. Ce fut en l’an 1570 de J.C & 978 de l’hégire. * Marmol. de l’Afrique.

ABEN-HUT, Maure très-savant & des principaux du pays de Grenade, s’étant rendu maître de Cordoue, & des plus fortes villes de ce royaume, fut élu roi à la place des Almohades qu’il en avoit chassés, & se fit appeller réformateur de la loi de Mahomet. Il fut depuis tué par un des siens, faisant la guerre aux chrétiens, l’an 1234 de J.C. & 632 de l’hégire. * Marmol. l. 2, c. 28.

ABEN-JOSEPH, de la race des Beni-merins, en Afrique, usurpa le royaume le Fez & de Maroc sur les Almohades, après avoir vaincu Mahomet Budobus, & étendit ensuite les conquêtes dans toute la Mauriranie. Il se fit appeller roi de Fez, qu’il choisit pour capitale au lieu de Maroc, & prit encore le nom de Mulei Chec, c’est-à-dire, maître & seigneur, ou roi ancien. L’an 1275 Aben-Joseph enrra en Espagne avec dix-sept mille chevaux, & plus de cinquante mille-hommes de pied, & se rendit maître de Tarise & d’Algezire, puis il repassa en Afrique. Il fit encore plusieurs autres expéditions en Espagne contre les chrétiens, ou contre les Maures révoltés, jusqu’en l’année 1285 de J.C. & 684 de l’hégire. Il y mourut laissant pour successeur son fils Abu-Saïd. * Marmol, de l’Afrique l. 2.

ABEN-ISMAEL, roi de Grenade, se rendit tributaire du roi de Castille ; mais après sa mort, arrivée en 1465 de J.C. & 870 de l’hégire, son fils Muley Albohacen rompit le traité, ce qui fut cause de la ruine des Maures en Espagne : car Ferdinand prit la ville de Grenade en 1492, & mit ainsi fin à la domination de ces infidéles en ce pays. * Daviti.

ABEN-MAHOMET, fameux Arabe, se fit-roi de Cordoue, de Toléde & de Baëca l’an 1212 de J.C & 609 de l’hégire. Il s’opposa courageusement à tous ceux qui voulurent lui disputer cette couronne, & qui s’opposoient aux Almohades, dont il soutenoit le parti. * Marmol, l. 2, c. 38.

ABEN-MALLER, savant rabbin, a enseigné le sens grammatical de l’écriture, dans un commentaire qu’il a fait sur toute la bible. C’est un petit in-folio intitulé, Michal jophi, c’est-à-dire, la perfection de la beauté. Il renferme les interprétations littérales & grammaticales des rabbins Juda, Jona, Kimhi, & de quelques au-