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que M. Halley appelle barbare à juste titre : car ce savant, très-habile dans les langues orientales, & qui a travaillé utilement dans ce genre, savoit mal le latin. * Pres. de M. Halley sur son édition d’Apollonius.

ABDOLONYME ou ABDALONYME, prince Sidonien, quoiqu’issu du sang royal, étoit tombé dans une si grande pauvreté, qu’il étoit contraint pour vivre de travailler dans un des jardins des fauxbourgs de Sidon. Alexandre le grand ayant chassé de cette ville Straton, partisan de Darius roi de Perse, éleva Abdolonyme sur le trône. Quelques envieux blâmant ce choix, Alexandre fit venir le nouveau roi en sa présence, & ayant admiré sa bonne mine, il lui demanda avec quel esprit il avoit supporté sa misere. A quoi Abdolonyme répondit : Je prie le ciel que je puisse supporter de la même façon la grandeur : au reste mes bras ont fourni à tous mes désirs, & je n’ai jamais manqué de rien tant que je n’ai rien possédé. Cette réponse fit concevoir à Alexandre une si grande estime pour ce prince, qu’outre les états & les meubles précieux de Straton, il lui fit donner une partie du butin qu’il avoit fait sur les Perses, & ajouta même une des contrées voisines à son état. * Quint. Curt. l. 4. Just. l. 11, c. 10. Diod. Sicul. qui l’appelle BALLONYME, l. 17, c. 46. Plutar. oratione. 2, de fortuna Alexandri, lui donne le nom d’Alynome, & le fait roi de Paphos.

ABDON, nom d’une ville de la tribu d’Aser, accordée aux lévites de la famille de Gerson. Elle paroît être la même qu’ABRAN qui se trouve dans le dénombrement des villes de la tribu d’Aser. * Josué, c. 19, v. 28, & c. 21. v. 30. & 2. paral. c. 6, v. 74. Nouv. Calmet, géogr. sacrée.

ABDON, fils d’Illel, de la tribu d’Ephraïm, né dans la ville de Pharathon, fut l’un des successeurs de Jephté, juge d’Israël. Il paroît qu’il ne gouverna que les tribus qui habitoient au-delà du Jourdain : & que ce fut vers l’an 1110, avant l’ere chr. vulg. Il gouverna pendant huit ans. Il eut quarante fils, & trente petits fils, qui l’accompagnerent toujours durant sa vie, montés sur soixante & dix poulains d’ânesses, ce qui marque que ce juge étoit très-opulent. Il n’y avoit aucun de ces enfans de morts lorsqu’Abdon mourut, dans un âge fort avancé. Il fut enseveli à Pharathon sur la montagne d’Amalec. * Judic 12. Josephe, l. 5, antiq. cap. 9. Nouv. Calmet, Pres. sur les juges, & chron. sacrée.

ABDON, ADDON ou JADON, nom que quelques auteurs donnent à cet homme de Dieu, dont il est parlé dans le III livre des Rois, qui menaça de mort Jéroboam, parceque ce prince encensoit & sacrifioit aux idoles à Bethel, & qui lui prédit que Josias démoliroit l’autel, & qu’il y immoleroit les prêtres des faux dieux. Jéroboam irrité, ayant étendu la main pour commander que l’on arrêtât ce prophéte, cette main devint feche, & ne fut guérie qu’à la priere de l’homme de Dieu. Jéroboam lui offrit des presens, & voulut l’engager à manger avec lui ; l’homme de Dieu refusa l’un & l’autre, à cause de la défense expresse du Seigneur. Comme il s’en retoumoit chez lui, il se laissa surprendre par un faux prophéte, & mangea avec lui. Dieu, pour le punir de cette désobéissance, permit qu’il fut dévoré par un lion ; le faux prophéte l’ayant appris, l’alla chercher, le fit apporter à Bethel, & l’ensevelit dans le sépulcre de sa famille. Cela arriva la premiére année du regne de Jéroboam, vers l’an 974 avant l’ere chr. vulg. * III Reg. c. 13. S. Jérôme.

ABDON, fils de Micha, II Parelipp. c. 34, v. 20, est appellé ACHOBOR, IV Reg. c. 22, v. 12.

ABDON & SENNE ou SENNEN, qui se trouvent dans les martyrologes au 30 de juillet, sont des saints dont l’histoire n’est appuyée sur aucun monument certain : elle est rapportée dans la premiere partie des actes de S. Laurent, qui sont entierement fabuleux. Il y est dit que l’empereur Dece les fit prisonniers en Perse ; & que les ayant connus pour chrétiens, il les fit conduire chargés de chaînes à Rome, où ils eurent la tête tranchée en sa présence. La fausseté de cette histoire paroît en ce que Dece n’a point porté la guerre en Perse, & que dans les deux ans qu’il a regné il n’a pas eu même le loisir de faire un voyage en orient. Bede, Usuard, Adon, & les autres auteurs des martyrologes, ont suivi ces faux actes, à l’exception de Florus, qui s’est contenté de dire que ces deux saints étant venus à Rome y avoient souffert le martyre. On tient que leurs corps, qui y avoient été enterrés dans la maison d’un soudiacre nommé Quirin, furent découverts du temps de Constantin le grand, & levés de terre pour être transportés sur le chemin de Porto, au quartier de l’Ours coëffé ; qu’on les mit dans le cimetiere de Pontien, qui a depuis été souvent appellé de leur nom, & où l’on voit aujourd’hui leurs images avec leur nom ; que le pape Grégoire IV les fit transferer de-là dans l’église de S. Marc, quoique d’autres prétendent que le pape Damas les avoit donnés à S. Zenobe, évêque de Florence, vers l’an 370 ou environ ; ce qui ne peut pas être, s’il est vrai que le corps de ces deux saints furent envoyés de Rome en France l’an 828, avec celui de S. Tiburce & de plusieurs autres martyrs, comme le rapporte Eginhard, & mis dans l’abbaye de saint Medard de Soissons, suivant l’histoire qu’en a composée le moine Odilon, au commencement du X siécle. Ils ne se trouvent plus néanmoins présentement dans cette abbaye, & l’on croit qu’ils ont été brûlés dans le XVI siécle par les prétendus réformés. On honoroit ces saints en France dès le temps de Louis le Débonnaire, & à Rome sur la fin du IV siécle. Il y avoit une église de leur nom à Rome du temps du pape Adrien I, qui la rétablit vers l’an 780, si l’on en croit Anastase le Bibliothécaire. * Act. S. Laur. apud Sur. 10. Aug. Bollandus, acta Martii, tom. 2, p. 27. Martyrologes de Florus, d’Usuard, d’Adon, S. Jérôme, &c. Martyrologe romain de Baronius, Odilon, Mabillon, dans le siécle IV, part. 1. Calendrier dressé sous Charlemagne, tom. x du spicilege. Ancien calendrier romain rapporté par Bucherius. Aringius, in Roma sub terranea, l. 2, c. 19 & 22. Le sacramentaire de S. Grégoire. Le missel de Thomasius. Le calendrier du P. Fronteau. Du Saussai. Tillem, tom. 3 de l’hist. eccles. tit. de la persécution de Dece, art. 11. Baillet, vies des SS. au 30 juillet

ABDULA, calife de Bagdet, cherchez MOSTADHEM, c’est le même prince.

ABDULA, khan des Tartares, vivoit sur la fin du XVI siécle. Il ravagea toute la frontiere de Perse, s’empara d’Heri & de trente-deux autres villes du Khorasan, entre lesquelles fut Mazed. Il prit néanmoins la fuite, sachant la venue de Schach-Abbas, sophi de Perse ; & depuis il revint avec deux cens mille Tartares, & prit Turbeth. Il ne voulut jamais en venir à une bataille décisive, à laquelle le sophi tâchoit de l’attirer. Abdula disoit sur cela, qu’il ne vouloit pas changer la coutume de ses ancêtres. * Relation de dom Juan de Persia.

ABDULACH, roi de Fez, de la famille des Beni-Merinis, très-illustre parmi les Maures, vivoit dans le XII siécle. Il étoit gouverneur de Fez pour les Almohades : & après avoir pris quelques villes du royaume de Tremecen, vaincu les Almohades dans une bataille, & s’être rendu maître absolu de Fez vers l’année 1210, il mit le sceptre dans sa maison, & étendit sort loin les bornes de son empire. Il y a eu plusieurs princes de cette famille.

ABDULACH, roi de Fez, un des descendans du précédent, fut tué par ses propres sujets, à cause de ses débauches & de sa tyrannie, vers l’an de J.C. 1430, & de l’hégire 834. Son assassin, qui étoit scherif, lui succéda. Cet Abdulach étoit fils d’Abu-Sayde, sur qui les Portugais prirent la Ceuta en 1409, & qui fut assassiné par son visir avec ses six fils. * Marmol, l. 4, c. 47 & 55.

ABDULASSIS, gouverneur d’Espagne pour les Arabes, établit son séjour à Seville. Ayant appris la mort