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siles & aux Grégoires de Nazianze, pour l’érudition sacrée & profane. Les Grecs & les Latins l’ont mis au nombre des Saints, & honorent sa mémoire le 23 de novembre. Sa vie que nous avons dans Surius, est assurément une piéce supposée. M. Hermant a recueilli la suite de ses actions, en écrivant la vie de S. Basile & de S. Grégoire de Nazianze. On poura aussi consulter S. Jérôme, Théodoret, Sozomene, Possevin, Bellarmin, &c. Tillemont, mem. pour l’hist. eccl. Du-Pin, biblioth. des aut. ecclés. IV siécle.

AMPHILOQUE, fils d’Amphiaraüs & d’Eriphyle, fut un célébre devin. Il accompagna Alcméon son frere à la seconde guerre de Thèbes ; quelques-uns disent qu’il l’aida à se défaire d’Eriphyle ; mais la plupart des auteurs sont d’un autre sentiment. L’autel qu’on lui consacra dans Athènes contribua beaucoup moins à la gloire de son nom, que l’oracle qu’il avoit à Mallus en Cilicie, où les consultans passoient la nuit dans le temple, & ce qu’ils songeoient, devoit être l’éclaircissement de ce qu’ils vouloient savoir. Pausanias assure que de son temps il n’y avoit point d’oracle aussi fidéle que celui-là. Amphiloque avoit été avec Mopsus le fondateur de cette ville où se rendoit cet oracle : ce fut après la guerre de Troyes. Ces deux fondateurs se querellerent & s’entretuerent en duel : quelques-uns assurent pourtant qu’Amphiloque fut tué par Apollon. Il joignit ensemble la royauté & la prophétie ; car il fut roi d’Argos : il est vrai qu’il ne put pas se maintenir dans le royaume ; il en sortit mécontent, & alla fonder une ville dans le golfe d’Ambracie. Plutarque rapporte un oracle d’Amphiloque rendu à un certain Thespesius, lequel ayant demandé aux dieux s’il vivroit mieux qu’il n’avoit fait (car il avoit vécu dans le désordre) fut, par-là que cela arriveroit après sa mort : en effet ayant été tué, il ressuscita trois jours après, & mena depuis une bonne vie. Il ne faut pas confondre notre devin avec cet Amphiloque dont Pline fait mention dans son X liv. chap. 22, & dont une oye fut amoureuse : celui-ci étoit natif d’Olene. Cela arriva dans Ægée ville d’Achaye. * Homer. Odyss. l. 15. Pausan. l. 5. Apollod. l. 3. Strab. l. 7. Thucydide. Xiphilin. Plin. l. 13 & 16. Tite-Live, l. 45. Elien, hist. animal. l. 5. Athen. l. 15. Bayle, dict. crit. 2 édit.

AMPHILOQUE, étoit, selon Lucien, fils d’un scélérat, qui avoit tué sa mere. Il exerça en Cilicie le métier de devin, & disoit la bonne aventure à tous venans, moyennant une récompense très-modique ; ce qui fait dire à Lucien, qu’il avoit ôté la pratique à Apollon. Le même Lucien dans le Menteur, fait parler un certain Eucrate, au sujet d’Amphiloque : « Comme je revins, dit-il, d’Egypte, ayant entendu parler de l’oracle d’Amphiloque, qui répondoit clairement & ponctuellement sur tout ce qu’on desiroit savoir, pourvu qu’on le donnât par écrit à son prophéte, j’eus la curiosité de le consulter en passant. » * Lucien, au dialogue intitulé, Assemblée des Dieux.

AMPHILOQUE, philosophe Athénien, a laissé un ouvrage d’agriculture, selon le témoignage de Varon qui le cite, lib. 1, de re rustica, c. I.

AMPHILYQUE, Amphylicus, de Corinthe, étoit pere du poëte Eumelus, auteur de deux ouvrages intitulés, l’un Bugonie, ou génération des abeilles, l’autre Europe. Cet Eumelus florissoit dès la seconde année de la III olympiade, 767 ans avant J.C. Il composa aussi une histoire de Corinthe en vers. * Eusebe en sa chron.

AMPHILYTE, devin d’Acarnanie, voulant persuader à Pisistrate d’attaquer les Athéniens, se servit de ces vers, comme s’il eût été inspiré de quelque divinité :

Les filets font jettés, & le thon se prendra
Aux premieres clartés que la lune rendra.

Pisistrate l’ayant assuré qu’il comprenoit le sens de ces


paroles, attaqua les Athéniens. Ils étoient campés dans un lieu avantageux ; mais après avoir soupé, les uns s’étoient mis à jouer, & les autres dormoient. Ainsi Pisistrate les ayant défaits, se rendit maître d’Athènes pour la troisiéme fois, sous la LVIII olympiade, vers l’an 547 avant J.C. * Hérodote, l.1 ou Clio.

AMPHIMEDON, fils de Melanthée, l’un des amans de Pénélope, fut tué par Télémaque fils d’Ulysse. * Odyss. 21 & 24.

AMPHIMEDON, Libyen qui fut tué dans la cour du roi Cephus, en combattant contre Persée. * Ovide le rapporte, Metam.

AMPHINOMÉ, mere de Jason chef des Argonautes, se plongea un poignard dans le sein, du regret qu’elle eut de la longue absence de son fils. * Natalis Cornes, l. 6, c. 7. C’est aussi le nom d’une nymphe, dont Homere fait mention, Iliad. v. 44.

AMPHINOMUS, philosophe, qui a laissé quelques traités de géométrie. Il est cité par Proclus, dans son commentaire sur Euclide. On ne sait pas en quel temps il vivoit. * Proclus, l. 1. Vossius, de math. c. 54, §. 17.

AMPHINOMUS & ANAPIUS, deux freres qui se sont signalé par leur piété, pour avoir sauvé leurs pere & mere sur leurs épaules au péril de leur vie, de la ville de Catane en Sicile, qui étoit embrasée des feux du mont Etna. Valere Maxime, l. 5, c. 4, ex. 11. Senec. l. 3, de Benef. c. 37. Voici ce qu’en dit Cornelius Severus, in Ætna.

Amphinomus fraterque pari sub munere sortes,
Cùm jam vicinis streperent incendia tectis,
Accipiunt pigrumque patrem, matremque senilem.

AMPHION, fils de Jupiter & d’Antiope, que son mari Lycus, roi de Thèbes, avoit répudiée. Amphion savoit si parfaitement jouer de la lyre, que les poëtes ont feint que les rochers le suivoient ; voulant par-là exprimer le pouvoir qu’il avoit d’attendrir les ames les plus farouches. On ajoute que les pierres touchées de ses accords, se rangerent d’elles-mêmes, pour former les murailles de Thèbes. C’est ce qu’Horace exprime ainsi, de arte poët.

Dictus & Amphion Thebanae conditor arcis,
Saxa movere sono testudinis, & prece blandâ
Ducere quò vellet, &c.

Cette fable est fondée sur ce qu’Amphion avoit l’adresse d’enchanter les esprits & les cœurs des peuples les plus durs & les plus barbares, par la douceur de ses discours ; de les civiliser, & de leur apprendre à vivre ensemble dans des villes. Les anciens auteurs l’ont fait inventeur de la musique. Il y a pourtant plus d’apparence qu’il y a eu deux Amphions ; le premier : frere de Zethus qui regna à Thèbes dans la Béotie, & dont Eusébe fait mention dans sa chronique, lequel suivant son calcul, auroit vécu vers l’an 1417 avant la naissance de Jesus-Christ ; l’autre Amphion, surnommé Dircéen, étoit, dit-on, d’un village situé le long de la riviere de Dircé dans la Béotie. On prétend qu’il étoit plus jeune que l’autre ; & suivant le même calcul, il auroit vécu environ 1326 ans avant Jesus-Christ. C’est ce dernier Amphion qu’on fait même inventeur de la musique. Mais il est absolument impossible de rien fixer de certain dans ces fables, soit pour les faits, soit pour la chronologie. Ovide dit qu’Amphion étoit époux de la superbe Niobé, & qu’il se fit mourir de désespoir, de ce qu’Appollon & Diane avoient tué ses enfans à coup de fléches. On assure aussi que les deux freres Amphion & Zethus furent enterrés dans le même tombeau, & que les Tithoréens avoient grand soin d’aller le visiter tous les ans, & d’y porter quelques offrandes dans le temps que le soleil étoit au signe du taureau, parcequ’alors leur terroir étoit extrêmement fertile, & au contraire celui des Thébains devenoit stérile. * Strabon,

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