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ils conserverent l’assemblée des Amphictyons. Après la bataille d’Actium, Auguste accorda à la ville de Nicopolis, qu’il avoit fait bâtir, le privilége d’y entrer. Mais l’autorité de cette assemblée étoit alors extrêmement diminuée. Enfin Strabon assure que de son temps elle ne se tenoit plus. * Justin, lib. 8. Diod. lib. 16. Strabon, l. 9. Toureil, remarques sur l’oraison de la paix, de Demosthènes.

AMPHIDAMAS, illustre citoyen de Chalcide, & général des armées de sa patrie, mourut en combattant contre les Erythréens. Les plus habiles poëtes d’Erythrée se trouverent à ses funérailles qui se firent à Chalcide, & y disputerent un prix de poësie. Homere & Hesiode furent du nombre des concurrens ; & comme les juges craignoient de prononcer sur les vers de ces deux grands hommes, ils s’aviserent de proposer des questions énigmatiques ; celle-ci en fut une, selon la traduction de Plutarque par Amyot :

Muse, dis moi, ce qu’on confessera
Qui ne fut onc & jamais ne sera.

Hesiode répondit sur le champ :

Quand les chevaux de Randon furieux,
Pour emporter le prix victorieux,
Courant autour la tombe & sépulture
De Jupiter, y rompront leur voiture.

Solution qui fut trouvée si juste, qu’Hesiode eut le prix, qui étoit un trépied d’or. Plutarque qui raconte cette

histoire, au deuxieme chapitre du banquet des sept sages, nous apprend que c’étoit la coutume des anciens Grecs, d’exercer la subtilité de leur esprit par les énigmes qu’ils se donnoient à deviner les uns aux autres. * Plutarque, banquet des sept sages. Symposiac. l. 5, quœst.

AMPHIDAMAS, de la famille des Inachides, étoit fils d’Alceüs & frere de Lycurgue, comme le veut Pausanias ; mais plutôt fils du dernier, & petit-fils d’Alceüs, comme on le peut conclure de ce qu’Apollodore dit de lui. Il est cependant bien différent de l’autre Amphidamas, dont nous avons déjà parlé. * Pausanias, in Arcad. l. 8. Apollodore, l. 3, &c.

AMPHIDAMAS, fils de Busiris, qu’Hercule tua avec son pere, parce qu’il les surprit lorsqu’ils immoloient leurs hôtes en sacrifice. * Hoffman.

AMPHIDROMIES, fête que les païens célébroient dans leurs maisons, le cinquiéme jour après la naissance de leurs enfans. Celles qui avoient fait la fonction d’accoucheuses, se lavoient d’abord les mains ; & prenant l’enfant entre leurs bras, couroient l’offrir aux dieux, &c le donnoient à la nourice pour en avoir soin. Alors les parens & les amis faisoient de petits présens à ces femmes, & l’on faisoit un grand festin. Hesychius dit que ce jour-là même on donnoit un nom à l’enfant : mais en un autre endroit, il dit que le nom se donnoit le dixiéme jour. Si ce dernier sentiment est véritable, la fète des Amphidromies n’est pas de celles que les Romains appeloient nominales. Amphidromies est un mot grec Αμφιδρόμια, qui signifie course à l’entour, ou en cercle. * Hesych. Platon, in Theæteto. Aristoph. in avibus. Suidas. Cœl. Rhodig. l. 12, c. 12. Pitiscus, lexicon antiquitatum.

AMPHILOQUE (S.) Amphilochius, archevêque d’Icone en Lycaonie, a été l’un des plus illustres prélats du IV siécle, & l’un des plus grands défenseurs de la foi orthodoxe, contre les hérétiques. Il étoit originaire de Cappadoce ; & après avoir professé la rhéthorique durant quelque temps, il fréquenta ensuite le barreau, & fit la fonction d’avocat et de juge. Depuis il se retira dans la solitude d’Ozizale en Cappadoce, & vers l’an 344 il fut élu évêque d’Icone. C’est ainsi qu’est nommé son église, dans le premier concile général assemblé à Constantinople, où Amphiloque se trouva l’an 381. Il assista encore aux conciles tenus en la même ville les années 385 & 394. Il eut beaucoup de part à l’amitié de S. Grégoire de Nazianze & de S. Basile. L’un & l’autre lui écrivirent diverses lettres, que nous avons encore ; le dernier composa, à sa priere, le traité du S. Esprit, & plusieurs épîtres pour résoudre ses difficultés. Nous en avons trois qui portent le nom de canoniques. Amphiloque instruisit lui-même l’église par divers traités, cités non-seulement par Theodoret, par S. Jérôme, par Leon de Byzance, par S. Cyrille d’ Alexandrie & par S. Jean de Damas ; mais encore par le concile général d’Ephèse, & par le second concile de Nicée. On croit communément que la vie de S. Basile, qu’on lui attribue, n’est pas de lui. Ce saint prélat sachant que l’empereur Théodose, qui avoit fait assembler à Constantinople un concile, pour tâcher de réunir les ariens avec les catholiques, écoutoit quelques courtisans qui favorisoient les évêques errans, & craignant qu’il ne se laissât séduire par ces esprits artificieux, il osa lui demander qu’il leur interdît la liberté de s’assembler, même à la campagne : l’empereur qui leur avoit déja fait cette défense, mais pour les villes seulement, trouva cette demande trop dure. Le saint évêque ne se rebuta point, & quelques jours après il alla au palais avec d’autres évêques pour saluer l’empereur. Lorsqu il fut entré dans l’appartement de Théodose, qui étoit avec Arcadius son fils, depuis peu associé à l’empire, & déclaré Auguste, il salua Théodose, & ne fit pas semblant de voir le jeune prince. Théodose crut qu’il n’y songeoit pas, & l’avertit de venir saluer son fils & de le baiser. Le Saint s’approcha du jeune prince, & lui fit quelques caresses, comme à un autre enfant ; mais ne lui rendit point les respects qu’on avoit accoutumé de rendre aux empereurs, & s’adressant â Théodose, il lui dit que c’étoit assez qu’il lui eu rendu ses respects sans les rendre encore à Arcade. Théodose se mit en colere, comme d’une injure qu’on lui faisoit en la personne de son fils, & commanda qu’on chassât l’évêque de sa chambre. Comme on le poussoit donc pour le faire sortir, il se retourna vers Théodose & s’écria : « Vous voyez, seigneur, que vous ne pouvez souffrir l’injure qu’on fait à votre fils, & que vous vous emportez de co1ere contre ceux qui ne le traitent pas avec respect ; ne doutez pas que le Dieu de l’univers n’abhorre de même ceux qui blasphêment contre son fils unique, en ne lui rendant pas les mêmes honneurs qu’à lui, & qu’il ne les haïsse comme des gens ingrats à leur bienfaiteur & à leur Sauveur. » Théodose comprit alors, & admira l’adresse de ce saint évêque : il le rappella, lui demanda pardon, & publia peu de temps après des loix, par lesquelles il défendoit aux hérétiques de tenir des assemblées, de faire aucune ordination, & d’enseigner leur doctrine. On croit que la premiere de ces loix est celle qui est datée du 25 juillet 383, & adressée à Posthumien, préfet du prétoire en Orient ; l’autre est du 3 septembre suivant. S. Amphiloque fit aussi la guerre aux Massaliens ou Euchites, ainsi appelés, parcequ’ils faisoient consister dans l’oraison seule toute toute l’essence de la religion, & présida au concile de Side, métropole de Pamphilie, assemblé contre ces hérétiques illuminés. Il y a apparence qu’il mourut après l’an 394, & selon M. de Tillemont, avant l’an 403 ; puisqu’il n’est fait aucune mention de lui dans les troubles que causa la déposition de S. Jean Chrysostome, qui dit dans son traité des hommes illustres qu’Amphilochius avoit composé un traité du Saint Esprit, qu’il lui avoit lu ; mais ce traité est perdu. M. Cotelier a donné une lettre synodique d’Amphilochius, qui est véritable. On lui attribue encore le poëme à Seulecus, petit-fils de l’enpereur Trajan ; mais il est plutôt de S. Grégoire de Nazianze. L’on n’a que des fragmens de tous les autres ouvrages d’Amphilochius, & huit homélies données par le P. Combefis sous son nom, que M. de Tillemont croit supposées. Il falloit que S. Jérôme fît grand cas d’Amphiloque, puisque dans sa lettre 84 à Magnus, il semble l’égaler aux Ba-