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* Diego de Torres, hist. des scherifs. De Thou, hist. liv. 20, 36 & 37.

ABDALLAH, prince mahométan, se rendit célébre par ses entreprises & par ses desseins durant la guerre des scherifs en Afrique. Il fit alliance avec Philippe III, roi d’Espagne, par le moyen de Janeti Mortara Genois, l’an de l’hégire 1016, & de J.C. 1607, & il fut assassiné deux années après par l’artifice d’un santon ou religieux mahométan nommé Sidri Hamet Ben Abdallah, magicien, que Muley Zidan, oncle & ennemi d’Abdallah, avoit aposté pour le faire mourir.

ABDALLAH Berebere, surnommé le Mouahedin, natif de Tenmellet en Barbarie, étoit un maître d’école. Il fut auteur de la secte des Mouahedins ou Almohades, qui dans le XII siécle suivoient en partie la doctrine d’Ali, gendre de Mahomet. Il fut estimé pour ses sermons, qui lui acquirent l’affection & l’estime des Africains de la tribu de Muçamuda dont il étoit. Après avoir assemblé grand nombre de peuple, il eut l’insolence de s’attaquer à Abraham, roi de Maroc en Afrique, lequel ayant négligé d’étouffer cette rebellion dans sa naissance, se vit arracher & la couronne & la vie par Abdul-Mumen, chef des troupes, qui avoit embrassé la créance de cet imposteur. Abdallah mourut peu de jours après avoir reçu la tête d’Abraham, que lui avoit envoyé Abdul-Mumen. Ce fut vers l’an de J.C. 1148, & de l’hégire 543. * Marmol, liv. 2, c. 33. De Thou, hist.

ABDALLAH, alfaqui, ou prédicateur mahométan, de la secte des Almohades , se souleva l’année de J.C. 1543, & de l’hégire 950 , contre le scherif Mahamet, qui étoit roi de Maroc, & assembla plusieurs barbares sur la montagne de Nefusa, qui est une branche du grand Atlas, qu’on nomme maintenant Derenderen, ou Adren. Le scherif envoya des troupes contre ce rebelle, qu’on croyoit un des plus fameux magiciens de l’Afrique. Les gens de guerre qui monterent sur le roc où il s’étoit retiré, trouverent sur le chemin des moutons égorgés, dont la laine étoit grillée, les piés coupés & enfoncés dans leurs yeux, avec d’autres marques semblables qu’ils prirent pour des sortiléges. Mais les Chrétiens qui etoient parmi ces troupes ne s’en étonnerent point, & les brulerent. Ce qui fit dire à Abdallah, lorsqu’il fut pris,.que ce n’étoient pas les Maures qui l’avoient vaincu, mais les Chrétiens, parcequ’il n’avoit pas eu la pensée de faire des enchantemens contr’eux. On lui promit de le renvoyer dans le royaume de Fez avec sa suite & ses enfans ; mais malgré cette promesse, le scherif lui fit couper la tête. * Marmol, l. 3, c. 43.

ABDALLAH, dit Mohtaseb Billah, chassa d’Afrique les Aglabites, & mit sur le trône Obeidallah, de la famille d’Ali, lequel étant bien établi, le fit mourir. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALLAH, fils d’Iassin, premier docteur des Almoravides ou Marabouths, étoit natif de Cairoan en Afrique. Ce fut lui qui condamna à la mort Giauhar Gedali, premier chef & prince des Marabouths, pour avoir contrevenu à la loi qu’il s’étoit imposée lui-même. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALLAH, prince des Tartares Uzbeks, voyez l’article d’ABBAS, fils de Mohammed Khodabendeh.

ABDALLAH al-Adib-al-Raimi, cherchez ABDUN.

ABDALLAH ben Houssain Bedr-al-Karob a écrit l’histoire des Abbassides, * D’Herbelot, biblioth. orient. article Akhbar Beni-al-Abbas.


ABDALLAS, ou ABCAL, religieux en Perſe, voyez CALENDER.

ABDALLATHIF, fils d’Ulug-Beg, qui étoit de la race de Tamerlan, fit la guerre à son pere, lequel fut tué dans la bataille qui se donna entr’eux, & prit aussitôt possession des états de la Transoxane ; mais il n’en put jouir que six mois, après lesquels il fut tué à coups de fléche par ses propres soldats, soit par hasard, soit en punition de son parricide, l’an de l’hégire 854, qui est de J.C. 1485. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDAL-MAAL, est auteur d’une géographie universelle, écrite en persien, & qui a pour titre, la mesure de la terre. * D’Herbelot, bibliot. orient.

ABDALMAGID, chef de la secte des Keramiens, qui ayant été convaincu & rendu confus dans une dispute par le fameux docteur Fakhreddin Razi, suscita une sédition populaire pour le faire chasser de la ville. * D’Herbelot, biblioth. orient.

Il y a eu un autre homme de ce nom, auteur d’un livre arabe, qui traite de la maniere de se servir de l’arbalête. * Idem.

ABDALMALEK, fils de Saleh, fils d’Abdallah, fils d’Abbas, étoit petit-cousin du faux prophéte Mahomet. Le calife Aaron lui donna le gouvernement d’Egypte, & lui dit en l’envoyant pour exercer cet emploi : Regardez-vous dans cette charge comme un homme qui négocie avec Dieu pour ses serviteurs. Un sage négociant, lorsqu’il n’apperçoit point de profit dans son commerce, se retire avec son capital. Lorsque vous serez à la tête des troupes, ne leur permettez jamais le pillage, que vous ne les ayez mises en sureté ; & défiez-vous toujours plus de vos propres ruses, que de celles de vos ennemis.

Ce gouverneur demeura en Egypte jusqu’en l’an 178 de l’hégire, & de J.C. 794, qu’il fut dépossédé par le même calife, parcequ’il le soupçonna de briguer l’empire, & d’être du parti des Barmecides. Il fut fait ensuite prisonnier, & donné à la garde de Fadhel visir de Aaron, jusqu’à ce qu’Amin ayant succédé à son pere, le délivra, & lui donna le gouvernement de Syrie, où il mourut. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALMALEK ou ABDELMELIK, fils de Marvan, cinquiéme calife de la race des Ommiades, commença son regne l’an 65 de l’hégire, 684 de J.C, & le finit l’an 86 – 705. On lui donna pour sobriquet le surnom de Rasch-al-hegiarat, c’est-à-dire, la sueur de la pierre, à cause de son extrême avarice, & celui d’Aboulzebbab, à cause de son haleine si puante, que l’on prétend qu’elle faisoit mourir toutes les mouches qui s’arrêtoient sur ses levres. Il surpassa en puissance les califes qui l’avoient précédé ; car ce fut sous son regne que les Indes furent conquises en orient, & ses armées pénétrerent jusque dans l’Espagne en occident.

Ce fut dans cette province qu’il fit chercher un château, que l’on disoit avoir été bâti par les Fées dans les montagnes les plus reculées du pays. La fable porte que ce château fut découvert, & que l’on y trouva ces vers écrits sur la porte en caracteres fort anciens.

Ce n’est pas une entreprise facile d’ouvrir la porte de ce château,
La dent de fer que tu y vois, passant téméraire, n’est pas celle de la serrure mais bien celle d’un vieux dragon :
Sache donc qu’aucun ne sera en état de rompre ce charme,
Si le destin ne met la clef à la main de celui qui entreprendra de l’ouvrir.

Ce calife étendit aussi son empire vers le midi, en se rendant maître de la Mecque, où Abdallah, fils de Zobeir, s’étoit cantonné. Il étoit dans le château de Coufah quand on lui apporta la tête de Mossab, qui avoit été défait & tué par ses troupes, & un de ceux qui étoient près de sa personne lui dit : Je fais maintenant réflexion à une aventure qui me paroít fort singuliere, c’est que j’ai vu apporter dans ce même château la tête de Houssain, fils d’Ali, à Obeidallah qui l’avoit défait, celle d’Obeidallah à Mokhtar son vainqueur, celle de Mokhtar à Mossab, & celle de Mossab que l’on vous présente maintenant. Abdalmalek fut troublé de ce discours, & commanda à l’heure même qu’on démolît ce château pour en détourner le mauvais augure.

Ce calife ayant songé une nuit qu’il urinoit dans le