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& enfin à l’archevêché de Cantorberi, auquel il fut élevé au mois de mars 1610. C’étoit un homme savant & éloquent ; mais les zélés l’accusoient de trop d’indulgence pour les non-conformistes. Le malheur qu’il eut de déplaire au roi Jacques, pour s’être opposé au mariage du prince de Galles avec l’infante d’Espagne, lui fit susciter un procès criminel par ses ennemis. On voulut le faire passer pour irrégulier, parce qu’autrefois il avoit tué un homme par mégarde ; mais il fut renvoyé absous l’an 1621. Sept ans après il succomba dans une autre attaque ; car le duc de Buckingham, dont il avoit encouru la disgrace, le fit suspendre des fonctions de sa primatie, parcequ’il avoit refusé de donner son approbation à un sermon du docteur Sibthorp sur l’obéissance apostolique. Abbot se retira au lieu de sa naissance, puis au château de Croyden, où il mourut le 4 août 1633. On a de lui quæstiones sex theologicæ, & en anglois, des sermons sur Jonas ; une géographie, & d’autres ouvrages dont on pourra voir le detail dans le Supplément au dict. de Bayle, par M. Chaussepied.

Il ne faut pas confondre ces deux freres avec un Robert Abbot, natif de de Cambridge, & ministre à Londres, qui a publié divers livres en anglois, ni avec un George Abbot, qui vivoit en 1640, & qui a mis au jour une paraphrase sur Job en anglois, de courtes notes sur les pseaumes, vindiciæ Sabbati, &c. * Athenæ oxonienses, vol. 1. Bayle, dict. critiq. & supplément à ce dict.

ABBOT, cherchez ABBATIUS.

ABBOT OF BATLE, voyez l’article ABBÉ, tout à la fin.

ABCASSES ou ABASCHES, peuple du mont Caucase, au septentrion & à l’occident de la Mingrelie. Ils sont bien faits, ils ont le teint beau, & sont adroits & vigoureux. Leur pays est agréable, & entrecoupé par des collines fertiles. Ils ont des troupeaux nombreux, & ne vivent que de la chasse & de laitage ; car quoiqu’ils aient du poisson en abondance ils n’en mangent point, & sur-tout ils ont en horreur les écrevisses, dont au contraire les Mingreliens font un de leurs mets les plus délicieux. Ils n’habitent point dans les villes ni dans les châteaux ; mais plusieurs de leurs familles s’attroupent ensemble ; & ayant choisi le sommet de quelque colline, elles y dressent des chaumieres & les fortifient de hayes & de fossés ; pour n’être point surpris par ceux même de leur pays ; car ils tâchent de s’enlever les uns les autres, & de faire des esclaves pour les vendre aux Turcs qui estiment beaucoup ceux de cette nation, à cause de leur beauté & de leur industrie. Ces euples ont à l’égard des morts une coutume particuliere ; ils ne les enterrent ni ne les brulent point ; mais ils mettent leurs corps dans un tronc d’arbre creusé qui sert de bière, & ils l’attachent avec du sarment de vigne aux plus hautes branches de quelque grand arbre ; ils y suspendent aussi les armes & les habits du défunt ; & pour lui envoyer son cheval en l’autre monde, ils le font courir à toute bride proche de cet arbre jusqu’à ce qu’il creve. * lamberti, relation de la Mingrelie dans le recueil de M. Thevenot, vol. 1.

ABCOUDE, village des Pays-Bas, dans la seigneurie d’Utrecht, à trois petites lieues d’Amsterdam. Quelques auteurs latins le nomment Abekewalda, qui semble l’étymologie d’Abcoude, qui a enfin dégénéré en Abcou. Il en est fait mention dans l’acte de permutation passé entre les églises de S. Jean & de S. Martin d’Utrecht, l’an 1085. * La Martiniere, dictionn. géogr.

ABDA, pere d’Adoniram. * III. reg. 4, v. 6.

ABDAGÈSES, homme illustre entre les Parthes, sous le régne de Tibere, devint ennemi du roi Artaban, & contribua beaucoup à le détrôner en livrant les trésors de l’état à Tiridate, que les Romains favorisoient, & à qui Sinnaces son fils avoit livré un corps considérable de troupes. De si grands services surent récompensés par la confiance que le nouveau roi donna à Abdagèses, qui devint bientôt l’objet de la jalousie dec autres seigneurs : ils ménagerent adroitement les esprits des peuples, & leur donnerent de Tiridate une idée qu’il ne confirma que trop par le peu de courage qu’il fit voir, lorsqu’Artaban se présenta sur la frontiere, pour lui disputer la couronne. Abdagèses & Sinnaces ne purent jamais le rassurer, il fut long-temps sans prendre de parti : & ayant donné le temps à son rival de pénétrer dans le centre de l’empire, il fut contraint de s’approcher des frontieres de l’empire romain, d’où il abandonna peu après Abdagèses, & tous ceux qui lui étoient le plus attachés. Tacite qui nous apprend [lib. 6 annal.) ce qu’on vient de dire, ne parle plus ensuite d’ Abdagèses ; mais si Artaban lui accorda une amnistie, il y a bien de l’apparence qu’il ne lui rendit pas le rang qu’il avoit occupé.

ABDALA BENI, ville du royaume de Tremecen en Afrique, qui reçoit ce nom d’un peuple qui l’habite. On la nommoit autrefois Sissi * Marmol. liv. 5, ch. 37.

ABDAL-ATA, cherchez ATA.

ABDALCADER, surnommé Ghili & Ghilani, parce qu’il étoit de la province de Ghilan en Perse, étoit scheikh ou docteur d’une très-grande réputation parmi les Musulmans, pour la sainteté de sa vie. Jafei a écrit son histoire dans un ouvrage particulier, & différent de celui où il a ramassé la vie des hommes illustres en piété, & il lui a donné pour titre, asna al mecassed, c’est-à-dire, l’histoire excellente. Noureddin-al-Kahami l’a aussi écrite, sous le nom de bahugiat-al-asrar, comme qui diroit, les secrets de la vie spirituelle. Cette vie a été aussi composée en turc par Mohammed Ben Assan Gian & par Ebn-Hagi-Hassan, natif d’Andrinople. * D’Herbelot, biblioth. orientale.

ABDALCAHER, célébre grammairien Arabe, autour des Aouamel. Ce livre qui a été commenté par Ebn Hescham, se trouve manuscrit dans la bibliothéque du roi, num. 1086, & a été imprimé à Rome avec la traduction latine sous le titre de centum régentes, c’est-à-dire, les cent particules arabiques, qui régissent après elles des noms de différens cas dans la construction de cette langue. Ce même auteur a aussi composé un abrégé du dictionnaire arabique de Giauhari, & l’a intitulé Mohktar al Sehah, qui se trouve aussi dans la bibliothéque du roi, num. 1088. Le nom entier de cet auteur est M. Ben Aboubecr Ben Abdalcaher al Razi. Il étoit natif de la ville de Rei située dans l’Iraque persienne. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABDALGAFER, auteur de la chronique de la ville de Nischabour. On le nomme aussi Ibrahim ben Ibrahim. * D’Herbelot, biblioth orient.

ABDALHOKM, auteur Arabe d’un livre intitulé, Fotùh Méfr, c’est-à-dire, les différentes conquêtes qui ont été faites de l’Egypte. Cet auteur est aussi quelquefois appellé Ebn, ou Ben-Abdalhokm. * D’Herbelot, biblioth, orient.

ABDAL-KHALEK, cherchez AGDUANI.

ABDALLAH, pere de Mahomet, étoit, selon quelques auteurs, un esclave qui gagnoit sa vie à conduire les chameaux des marchands Arabes, sur la fin du VI siécle. Il n’est connu que pour avoir été le pere de ce fameux imposteur, auteur de la religion des Mahometans. Abdallah étoit païen : il épousa Emira, Juive. Les Mahometans ont inséré dans la vie de son fils quantité de fables ; savoir, qu’il avoit été recherché en mariage par une reine de Syrie, &c. * Paul diacre, Theophanes, Zonaras, Cedrenus, Baronius, A. C. 630. D’Herbelot.

ABDALLAH, fils de Moavie, petit-fils de Giafer, frere d’Ali. Il crut avoir droit au califat, à cause de la proximité de son sang avec la famille d’Ali : de sorte que dans le temps que les peuples commencerent à se dégoûter du gouvernement des Ommiades, & à jetter les yeux sur les Abbassides, pour les élever à la souveraine dignité du califat, fortifié d’un gros parri qui s’étoit formé dans la ville de Coufah, où la mémoire d’Ali étoit en grande vénération, il se fit proclamer calife ; mais ceux qui commandoient dans le pays au