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ce dictionnaire, sous le nom d’Abbot of batle. * Blondeau, biblioth can. Pierre Diacre, chron. lib. 4. Hugues, moine de Cluni. Besli, hist. des comtes de Poitou. L’abbé commendataire. Ducange, glossarium latinitatis.

ABBÉ (Louise l’) surnommée la belle Cordiere, étoit de Lyon, & a laissé son surnom à la rue où elle demeuroit. Elle florissoit dans le XVI siécle. Elle avoit épousé un marchand qui négocioit en cables & en cordes ; pour elle, elle cultivoit la poësie, & fréquentoit les beaux esprits de son temps. Il n’y a point de louanges que les auteurs contemporains ne lui aient données. Elle avoit un cabinet rempli de livres curieux, écrits en italien, en françois & eu espagnol, & elle faisoit des vers en ces trois langues. Elle savoit aussi la langue latine. Jacques Peletier, principal du collége du Mans, qui l’avoit connue, en parle dans son ode à la louange de Lyon, & lui donne de grands éloges. Mais si elle en méritoit pour son esprit, on prétend qu’elle s’étoit rendue méprisable par ses mauvaises mœurs. Elle se livroit, dit-on, sans scrupule à la passion des gens d’esprit, sans autre intérêt que celui de les satisfaire & de se contenter avec eux. Ses écrits furent imprimés à Lyon en 1555, par Jean de Tournes, sous ce titre, Les œuvres de Louise l’Abbé, Lyonnoise, &c. On estime particulierement son dialogue en prose, intitulé, Débat de folie & d’amour, dans une querelle qu’ils prirent ensemble en se disputant le pas à la porte du palais de Jupiter, qui avoit invité tous les dieux à un festin. Louise l’Abbé dédia à sa bonne amie Clémence de Bourges cette fiction poétique, qu’on a depuis tournée en tant de manieres, & que divers poëtes ont voulu s’approprier. A la tête du recueil des œuvres de cette femme, on voit quantité de vers françois, italiens, latins & grecs, que divers poëtes firent à son honneur. * Le P. Colonia Jésuite, hist. litt. de Lyon, tome. II.

ABBÉ (Pierre l’) Jésuite, né à Clermont en Auvergne, est mort à Lyon dans le collége de la Trinité, dont il avoit été recteur, & dans lequel il avoit professé long-temps. Il a fait bien des poësies latines, dont il y en a peu de bonnes. Ses ouvrages sont un recueil d’éloges (Elogia) imprimé à Grenoble in-fol. en 1664 : des devises, des dissertations historiques, &c. Le P. Colonia, aussi Jésuite, dit dans le tome II de son hist. litt. de Lyon, qu’il ne tint pas au P. l’Abbé que notre siécie n’oubliât cette noble simplicité qui nous charme dans les ouvrages des anciens.

ABBESSE. Comme on a nommé les supérieurs des moines & des chanoines réguliers abbés, on a donné le nom d’abbesses aux supérieures des religieuses & des chanoinesses. Quoique les communautés de vierges consacrées à Dieu soient plus anciennes dans l’Eglise que celles des moines ; néanmoins les abbés sont connus long-temps avant les abbesses. Les premieres vierges qui se sont consacrées à Dieu, demeuroient dans leurs maisons paternelles. Depuis (dans le IV siécle) elles s’assemblerent dans des monasteres ; mais elles n’avoient point d’églises particulieres, & elles alloient à l’office dans les églises cathédrales ou paroissiales, avec leurs supérieurs. Du temps de saint Grégoire elles avoient presque toutes des églises dans leurs monasteres. L’abbesse étoit autrefois élue par la communauté : on choisissoit les plus anciennes religieuses & les plus capables de gouverner : elles recevoient la bénédiction de l’évêque, & étoient abbesses pour le reste de leur vie. Il y a eu des abbesses qui ont voulu s’arroger des droits qui ne leur convenoient pas ; comme d’exercer la jurisdiction sur des clercs, & de confesser leurs religieuses.

ABBEVILLE, Abbatis villa, capitale du comté de Ponthieu en Picardie, sur la riviere de Somme, à cinq lieues de la mer, au diocèse d’Amiens, n’étoit autrefois qu’une métairie des abbés de Centule, ou de saint Riquier, qui est à deux lieues de-là. On en fit ensuite un château, & on y fonda un prieuré. Mais Hugues Capet en voulant faire une place forte pour arrêter les courses des barbares, l’ôta aux moines de saint Riquier, dont il avoit été auparavant abbé séculier ; & l’ayant fortifiée, la donna à Hugues son gendre, qui prit le titre d’avoué ou de défenseur, parce qu’on lui avoit confié la défense de saint Riquier. Angelram son fils, après avoir tué le comte de Boulogne dans une bataille, & épousé sa veuve, prit le titre de comte de Ponthieu. Depuis ce temps-là elle est devenue une ville considérable. Elle est la patrie de Nicolas & de Guillaume Sanson, géographes, de Pierre Duval fils de leur sœur ; & du pere Philippe Briet Jésuite, aussi géographes. Abbeville a un présidial, douze ou treize grandes paroisses, & plusieurs maisons religieuses. Les barques qui y arrivent de la mer par la Somme rendent cette ville fort commerçante. Elle a de très-beaux priviléges ; & comme elle n’a jamais été prise, on l’appelle la pucelle du pays, & elle se nomme dans sa devise semper fidelis, toujours fidéle. Pour connoître amplement tout ce qui concerne cette ville, les priviléges de ses mayeurs ou maires, les hommes illustres qui y sont nés, ou qui y ont fini leur vie, on peut consulter l’histoire généalogique des comtes de Ponthieu, imprimée à Paris chez François Clousier l’an 1657. Les reliques de saint Vulfran, autrefois évêque de Sens, y furent apportées l’an 1205, de l’abbaye de saint Wandrille au pays de Caux, où il étoit mort. On y fonda un chapitre de chanoines & une paroisse en son honneur. * Baillet, topographie des saints. Hariulphus, in chron. Centul. lib. 4. c.12. Duchesne, antiquités des villes de France, & histoire de Guienne, liv. 1. Sainte-Marthe, hist. généalogique de France, liv. 12. Le P. Ignace Joseph, hist. eccl. Abbav. Sanson qui en a donné les antiquités. Briet. Duval. M. de Valois dans sa notice des Gaules. Le pere Labbe, tableau géographique. Sirmond, note sur l’épitre 36. d’Alexandre III. Histoire des comtes de Ponthieu. Bayle, diction. critiq.

ABBEVILLE, cardinal, cherchez ALEGRIN.

ABBON, évêque de Nevers, qui vivok dans le IX siécle, a souscrit au III concile de Soissons, tenu en 866, à ceux de Troyes, de 867 & 878, & à celui de Pontion de 876.

ABBON, moine de saint Germain des prés de Paris, vivoit dans le IX & le X siécle, & fut un des disciples d’Aimoin l’Ancien, qui étoit alors en grande réputation. Abbon étoit à Paris en 885 & 887, lorsque cette ville fut assiégée par les Normands. Il écrivit en vers l’histoire de ce siége, dont il avoit été témoin oculaire. Pithou, Duchesne, Du Bouchet, & le P. du Breul ont donné des éditions de cet ouvrage. Les meilleures qu’on en ait, sont celle que D. Bouquet a donnée au VI tome de sa collection des historiens de France, & celle que D. Toussaint du Plessis a insérée à la fin de ses nouvelles annales de Paris, vol. in-4. imprimé en 1753. Nous avons aussi quelques-uns de ses sermons qui ont été trouvés dans un manuscrit de l’abbaye de saint Germain des prés. Quelques auteurs ont confondu cet Abbon moine de saint Germain, avec l’autre Abbon abbé de Fleuri, dont nous allons parler. Il y a pourtant un siécle de distance entre l’un & l’autre. * Pithou. Duchesne. Du Breul, in prœf. oper. Abbon. Vossius, de histor. Lat. lib. 2, c. 38. Dom Luc d’Acheri, Spicileg. pref. tom. 6. M. du Pin, biblioth. des auteurs eccl. D. Rivet, hist. littér. de la France, tome V, p. 643, & tome VI, p. 189 & suiv.

ABBON, évêque de Soissons, successeur de Rodoin, qui souscrivit au concile de Trosli en 909, & à celui de Reims en 923. Il fut chancelier du roi Raoul, & mourut l’an 937. * Flodoard, lib. 4, cap. 20.

ABBON (S.) dit de Fleuri, que quelques-uns nomment par erreur Albon, naquit au territoire d’Orléans, d’où ses parens le menerent encore enfant à l’abbaye de Fleuri, aujourd’hui S. Benoît sur Loire, pour qu’il y reçût l’habit religieux. Après qu’Abbon se fut formé dans Fleuri à la piété, & à une partie des scien-