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Jacques II fut détrôné) ; contre (Pierre Bayle) l’auteur de l’avis important aux réfugiés. Londres 1692, in-8º. On l’a réimprimée en Hollande.

IX. Panégyrique de Marie Stuar, reine d’Angleterre, d’Ecosse, &c, décédée à Kensington le 28 décembre 1694, à la Haye 1695, in-4º.

X. Histoire de la derniere conspiration d’Angleterre, avec le détail des diverses entreprises contre le roi & la nation, qui ont précédé ce dernier attentat. Londres 1696, in-8º. Ce livre fut composé par ordre du roi Guillaume, & extrait des mémoires & titres originaux communiqués à l’auteur par le comte de Portland, & M. Willaume Trumbal, secrétaire d’état. Il fut réimprimé en Hollande, & traduit en anglois.

XI. La vérité de la religion réformée. Roterdam 1718, 2 vol. in-8º. L’auteur ne s’attache à prouver la vérité de la religion réformée, que contre les catholiques romains seulement. Le docteur Lambert, évêque de Dromore en Irlande, ayant engagé un ecclésiastique de ses amis à le traduire en anglois, ne fut pas content de cette traduction, & le traduisit lui-même.

XII. Le triomphe de la providence & de la religion, ou l’ouverture des sept sceaux par le fils de Dieu : ou l’on trouvera la premiere partie de l’apocalypse clairement expliquée, par ce qu’il y a de plus connu dans l’histoire, & de moins contesté dans la parole de Dieu. Avec une nouvelle & très-sensible démonstration de la vérité de la religion chrétienne. Rotterdam, 1723, 4 vol. in- 12. Dans cet ouvrage, Abbadie entreprend de réfuter sur plusieurs points l’explication de l’Apocalypse par feu M. Bossuet, évêque de Meaux.

Abbadie a revu la traduction françoise de la liturgie anglicane, imprimée à Londres en 1719, in-8º, & y a mis une longue épître dédicatoire au roi d’Angleterre, qui a été insérée dans le x vol. des nouvelles littéraires de du Sauzet, page 475. Le même auteur a laissé manuscrits : 1. Nouvelle maniere de prouver l’immortalité de l’ame. 2. Notes sur le commentaire philosophique (apparemment de Bayle.) 3. D’autres sermons que ceux qui ont été imprimés. En 1727, l’année même de la mort de l’auteur, il se proposa de réunir tous ses ouvrages imprimés & manuscrits, qu’il avoit pour cela revus, corrigés & augmentés. Ils devoient s’imprimer sous ses yeux, & former quatre volumes in-4o. Le projet en fut publié à Londres ; & on le trouve dans la bibliotheque angloise tome xv, premiere partie, art. viii. Mais la mort de l’auteur en a arrêté l’exécution. * Voyez l’éloge d’Abbadie, dans les mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la républ. des lettres, tome xxxiii, p. 381. & seq.

ABBARUS, pontife d’Astarte à Tyr, succéda à Baal, qui avoit régné deux ans dans cette ville : mais il n’eut que le titre de juge, celui de roi ayant déplu aux habitans, & il ne le conserva même que trois mois. * Josephe, contre Appion, liv. 1 . c. 7.

ABBAS, fils d’Abdalmothleb, & oncle de Mahomet, fit d’abord la guerre à son neveu, qu’il regardoit comme un imposteur & comme un traître à sa patrie ; mais ayant été vaincu & fait prisonnier en la bataille de Bedre, qui se donna la seconde année de l’hégire, & de Jésus-Christ 623, il se réconcilia enfin avec Mahomet, & devint un de ses principaux capitaines ; il se trouva près de lui à la bataille de Honain, qui se donna contre les Thakefites, l’an huitiéme de l’hégire, après la prise de la Mecque. Mahomet y auroit perdu toute son armée, & peut-être la vie, si Abbas d’une voix extrêmement forte n’eût rappellé & ranimé les fuyards. Abbas fut encore un de ces docteurs Mahométans qui devinrent savans en fort peu de temps ; car toute leur science consistoit alors à entendre & à expliquer les versets de l’Alcoran, & à conserver dans leur mémoire certaines histoires apocryphes, qui ont passé depuis parmi les Turcs pour des traditions prophétiques. Abbas fut toujours en fort grande vénération chez les Musulmans ; les califes Omar & Othman ne passoient jamais à cheval devant lui qu’ils ne missent pied à terre pour le saluer : il mourut l’an 32 de l’hégire, qui répond à l’année 652 de Jesus-Christ. Cent ans après sa mort Aboul-Abbas, surnommé Saffah, un de ses petits-fils, fut proclamé calife, & donna le commencement à la dynastie des Abbassides, qui ont possédé le califat l’espace de 524 ans : il y a eu 37 califes de cette famille qui ont succédé sans interruption les uns aux autres. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABBAS, (Ebn-Abbas Abdallah) cousin germain de Mahomet, étoit fils du précédent Abbas ; il est un des plus considérables entre les docteurs de la secte de Mahomet, qui sont appellés Sahabah, c’est-à-dire, les compagnons du prophéte ; & son autorité est la plus grande de toutes en matiere de traditions. Les Mahométans disent que l’ange Gabriel qu’ils prétendent avoir apporté l’Alcoran à Mahomet, apparut à Abbas dès l’âge de dix ans, & qu’il lui donna une parfaite intelligence de ce livre : d’où vient qu’il fut qualifié du titre de targiuman Alcoran, c’est-à-dire, l’interpréte de l’Alcoran. Il mourut l’an 68 de l’hégire, de Jesus-Christ 687. Les Turcs publierent alors que le grand rabbani, c’est-à-dire, docteur, & le grand maître des Musulmans, étoit mort. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABBASSA, sœur de Aaron, ou Haroun Raschid, cinquiéme calife de la race des Abbassides, fut mariée par son frere à Giafar, à condition qu’ils ne coucheroient pas ensemble. L’amour fit oublier aux deux époux l’ordre qu’ils avoient reçu ; & ils eurent bientôt un fils qu’il envoyerent secretement élever à la Mecque. Le calife en ayant eu connoissance, Giafar perdit la faveur de son maître, & peu après la vie ; & Abbassa chassée du palais, fut réduite à l’état le plus misérable. Plusieurs années après une dame qui la connoissoit, touchée de son malheur, lui demanda ce qui le lui avoit attiré. Elle répondit qu’elle avoit eu autrefois quatre cens esclaves, & qu’elle se trouvoit dans un état où deux peaux de mouton lui servoient, l’une de chemise & l’autre de robe ; qu’elle attribuoit sa disgrace à son peu de reconnoissance pour les bienfaits qu’elle avoit reçus de Dieu ; qu’elle reconnoissoit sa faute, en faisoit pénitence, & vivoit contente. La dame lui donna alors cinq cens dragmes d’argent, qui la rendirent aussi joyeuse, que si elle eût été rétablie dans son premier état. Abassa avoit beaucoup d’esprit, dit-on, & faisoit fort bien des vers. Ben Abou Hagelah en a donné pour preuve ceux qu’elle écrivit à Giafar son époux, avant que d’avoir violé l’ordre rigoureux de son frere. Elle exprime ainsi sa passion pour lui dans ce sixain :

J’avois résolu de tenir mon amour caché dans mon cœur,
Mais il échape & se déclare malgré moi :
Si vous ne vous rendez pas à cette déclaration, ma pudeur
se perdra avec mon secret.
Mais si vous la rejettez, vous me sauverez la vie par votre refus.
Quoi qu’il arrive, au moins je ne mourrai pas sans être vengée,
Car ma mort déclarera assez qui a été mon assassin.

* D’Herbelot, bibliot. orient.

ABBASSIDES (les) Nom d’une famille illustre qui a possedé long-temps l’empire des Arabes. Les Abbassides descendoient, & prenoient leur nom d’Abbas, oncle du fameux Mahomet. Ils ne reconnurent jamais les Ommiades pour légitimes califes, & les regarderent toujours comme des usurpateurs & des tyrans contre lesquels ils ne cesserent de tramer des intrigues. Mais leurs efforts furent d’abord assez infructueux, & ils ne commencerent à prendre de la supériorité que sous le regne de Mervan II, dernier calife de la maison des Ommiades. Celui-ci s’étant emparé du trône, après en avoir dépouillé Ibrahim, ceux qui lui étoient opposés se joignirent aux Abbassides, & les rendirent assez puissans pour oser proclamer calife Ibrahim, petit-fils d’Abbas, l’an de l’hégire 128, de J.C. 745. Leurs pre-