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lerent Abaton, parceque l’entrée en étoit défendue à toutes sortes de personnes. La prise de Rhodes par Artemise doit être arrivée la quatriéme année de la CVIII olympiade, ou la premiere année de la CIX ; c’est-à-dire, 345 ou 344 ans avant J.C. puisque Mausole après lequel Artemise ne régna que deux ans, mourut la premiere année de la CVIII olympiade, & non pas la seconde année de la C, comme on le lit dans Pline, que le pere Hardouin a corrigé sur cet endroit. M. Chevreau s’est trompé, lorsque dans son histoire universelle il a attribué la prise de Rhodes à une autre Artemise, aussi reine de Carie, mais épouse d’Hécatomne, voyez ARTEMISE. * Vitruv. l. 2, c. 8. Diodor. Sicul. Strabon, l. 14. Pline, l. 36, c. 5. Cœlius Rhodig. l. 13, c 33.

ABATOS, c’est-à-dire, inaccessible, isle d’Egypte, dans le palus de Memphis, ou lac de Mœris. Elle étoit renommée par le tombeau du roi Osiris, & par le fin lin qui y croissoit, de même que par les arbrisseaux que l’on nommoit papyrus. De l’écorce de cette plante on faisoit des tablettes à écrire ; & c’est d’où est venu le nom du papier dont nous nous servous à présent. Lucain en fait mention, l. 10.

Hinc Abaton quam nostra vocat veneranda vetustas
Terra potens.

ABAUCAS, certain philosophe, qui dans un incendie aima mieux sauver son ami des flammes, que sa femme & ses deux enfans, dont l’un n’avoit que sept ans, & l’autre étoit encore à la mammelle. Ce dernier fut étouffé par la vapeur du feu, & l’autre échapa avec sa ere. L’ami qu’il avoit chargé sur ses épaules, avoit été blessé à la cuisse le soir précédent par des voleurs. Comme on reprochoit à Abaucas qu’il avoit abandonné ses enfans pour sauver un étranger : J’en pouvois, dit-il, avoir d’autres, mais je n’aurois jamais recouvré un semblable ami. Cette pensée est fausse en plus d’une maniere, comme il seroit facile de le faire voir. * Lucien, au dialogue de Toxaris, ou de l’amitié.

ABAUNAS, cherchez VAN, lac d’Arménie.

ABAUNZA (Pierre de) docteur en droit, né à Séville en Espagne, pratiqua & enseigna avec réputation la jurisprudence dans cette ville, où il mourut l’an 1649, n’ayant pas encore cinquante ans. Il n’étoit pas moins habile dans les humanités que dans le droit, comme on le voit par les écrits que nous avons de lui. Ces écrits sont, prælectiones ad titul. xv, libri v decretalium, imprimées à Séville en 1627 ; des commentaires en espagnol sur quelques livres des épigrammes de Martial, que ses héritiers trouverent manuscrits parmi ses papiers. Il avoit entrepris ces commentaires principalement pour défendre son compatriote Laurent Ramirez de Prado, contre les injures d’un cerrain François nommé Musambert. C’est ce qu’on lit dans la bibliotheque espagnole de Nicolas Antoine, citée dans le supplem. franc. de Basle. Laurent Ramirez de Prado avoit fait, étant très-jeune, des commentaires sur Martial, que l’on trouve dans l’édition de ce poëte in-fol. à Paris 1607. Le prétendu Musambert étoit Théodore de Marcilly, professeur à Paris, de qui on a plusieurs ouvrages.

ABAWI. Ce nom, qui veut dire le pere des fleuves, est celui que les Abissins du pays d’Amhara donnent au Nil, selon M. Ludolf, dans sa belle histoire d’Ethiopie. * La Martiniere, diction, géogr.

ABAWIWAR, comté de la haute Hongrie, sur les frontieres de Pologne, entre les comtés de Saros, d’Ungwar, de Zemplin, de Borsod, de Torna & de Gemer. La capitale est Cassovie, ou Caschaw. Cette province reçoit son nom du château nommé Abawiwar, situé à quatre milles d’Allemagne de Cassovie. * La Martiniere, dict. géogr.

ABAZEA ou ABAZELA, cérémonies anciennes, instituées par Denys, fils de Caprée, roi d’Asie, ainsi appellées du mot grec άϐύσιος qui signifie taciturne, parceque ces fêtes se faisoient dans un grand silence. Ciceron en parle dans son troisiéme livre de la nature des dieux, voyez SABAZIE.

ABAZ-HOUSSAIN, fils de Beddr, frere d’Abbaz, mourut l’an 981 de l’hégire. Il est auteur d’un livre qui concilie les contradictions de l’Alcoran, & qui a pour titre, Assar fil Khelàf. * D’Herbelot, biblioth. orient.

ABBADIE (Jacques) né en 1654, à Nay en Béarn, donna dès son bas âge des indices de beaucoup d’esprit. C’est pourquoi la province se chargea de son éducation, & de lui procurer tous les secours que l’indigence mettoit ses parens hors d’état de lui accorder. Il parut avec distinction à Saumur en 1680, n’étant encore que proposant, & il avoit dès-lors considérablement avancé l’ouvrage qui l’a rendu si célébre : je veux dire son traité touchant la vérité de la religion chrétienne. En 1684 l’électeur de Brandebourg l’appella à Berlin, pour y être ministre de l’église françoise. Puis ayant passé en Angleterre vers 1690, il acquiesça aux instances qu’on lui fit de s’associer aux ministres des églises dites de la Savoye à Londres. Il avoit en un degré supérieur le talent de la parole. Mais il se lassa d’apprendre des discours. Ce dégoût, joint à la défiance ou il étoit de sa mémoire, lui fit donner sa résignation. Il alla alors en Irlande, où le régent Galway partagea entre lui & la veuve du doyen de Killalow les revenus du doyenné. Cette ressource délivra Abbadie de la nécessité de prêcher. Cependant il ne laissa pas de monter quelquefois dans les chaires de Dublin, pour parler sur des sujets qui étoient de son goût. L’étude assidue lui avoit donné une grande connoissance de la science ecclésiastique & de l’histoire profane : il possedoit bien les langues savantes & les auteurs classiques. Il mourut à S. Mary-la-Bone près de Londres, le 25 de septembre 1727. Voici la liste de ses ouvrages.

I. Quatre sermons sur divers textes de l’écriture. Leyde ; 1680, in-8º.

II. Panégyrique de M. l’électeur de Brandebourg. Rotterdam 1684, in-8º. Greg. Leti en a fait une traduction italienne, qu’il a insérée dans son histoire de la maison de Brandebourg.

III. Traité de la vérité de la religion chrétienne. Rotterdam 1684, deux volumes in-8º, dont il y eut en 1688 une seconde édition augmentée. Cet ouvrage a été souvent réimprimé & traduit en différentes langues.

IV. Réflexions sur la présence réelle du corps de J.C. dans l’eucharistie, convprises en plusieurs lettres. La Haye 1685, in-12. On les a réimprimées à Rotterdam en 1713, dans un recueil de traités touchant l’eucharistie ; Abbadie a désavoué ces deux éditions, comme pleines de fautes d’impression, qui souvent renversent le sens, ou le rendent inintelligible.

V. Les caracteres du chrétien & du christianisme, marqués dans trois sermons sur divers textes de l’écriture, avec des réflexions sur les afflictions de l’église. La Haye 1685, in-12.

VI. Traité de la divinité de N. S. Jésus-Christ. Rotterdam 1689, in-8º. On le joint ordinairement au traité de la vérité de la religion chrétienne.

VII.. L’art de se connoître soi-même, ou la recherche des sources de la morale. Rotterdam 1692, in-8º. Ce livre a été souvent réimprimé & traduit en diverses langues. Un philosophe de Paris ayant cru trouver dans cet ouvrage quelques principes dangereux, fit communiquer ses remarques à M. Abbadie, qui y répondit en peu de mots, par une lettre datée de Londres le 20 janvier 1694. Cette lettre se trouve dans le recueil des piéces fugitives de l’abbé Archimbaud, tom. 2, premiere partie.

VIII. Défense de la nation Britannique, où les droits de Dieu, de la nature & de la société sont clairement établis, au sujet de la révolution d’Angleterre (lorsque