Page:Moréri - Grand dictionnaire historique - 1759 - vol. 1.djvu/37

Cette page n’a pas encore été corrigée

après avoir régné 23 ans, selon Eusebe. Néanmoins Pausanias die qu’Acrisius second fils d’Abas, fut roi d’Argos apres lui, & que l’autre fut roi de Tyrinthe, & du pays maritime de l’Argolide. L’opinion la plus commune est qu’Acrisius succéda à Prœtus son frere aîné. * Eusebe, in chron. Pausanias, l. 2, éV.

ABAS, fils d’Hypothoon & de Metanira, fut changé en lézard par la déesse Céres, offensée des railleries piquantes qu’il avoit faites de ses sacrifices. Eile jetta sur lui certaines liqueurs mixtionnées, avec lesquelles on dit qu’elle imprima sur la peau ces taches que l’on voit encore sur cet animal. Ovide rapporte que la colere de Céres vint de ce que ce jeune homme l’ayant vû boire avec trop d’avidité, se mocqua d’elle. * Ovide, lib. 5 métam. sabul. 77. Cælius Rhodiginus, lib. 19. cap. 4.

L’insolence d’Abas exprime la malice du lézard, qui est l’animal le plus ennemi de l’homme, si l’on en veut croire Pline, l. 30, c. 3, 10, &c. Les Latins l’appellent Stellio, d’où les jurisconsultes ont tiré le mot de stellionat qui signifie tromperie & fraude dans les actes ou contrats. Digest. lib. 47, tit. 20, c. 9, 34.

ABAS, roi de Perse, cherchez SCHAH ABBAS.

ABAS, centaure, fils d’Ixion, & d’une nuée, grand chasseur. Voyez IXI0N. * Ovid. lib. 12, métam.

ABAS, capitaine des Latins en Italie, fit alliance avec Enée, & lui mena des troupes de Populonie, ville maritime de l’ancienne Etturie, aujourd’hui Toscane, vis-à-vis l’isle d’Elbe. * Virgile, lib. 10. œneid.

ABAS, devin, fils de Lyncée & d’Hypermnestre, fille de Danaüs, fondateur de la ville d’Abaar. Le célébre Lysander, général des Lacédémoniens, se servoit de lui dans ses expéditions, & il mérita par ses services d’être honoré d’une statue qui lui fut élevée dans le temple d’Apollon à Delphes. Eile étoit de la main de Paison, natif de l’isle de Calaurée, appellée aujourd’hui la Sidra, sur la côte de Péloponnèse ou de la Morée. * Pausanias, in Phoc.

ABAS, ancien écrivain, qui avoit composé une histoire de Troye, que Servius cite (in lib. 9. œneïd.) sur la foi d’autrui, ce qui montre qu’elle étoit déja perdue. Je ne sais si cet Abas est le même dont Suidas dit qu’il fut sophiste de profession, & qu’outre un art de parler, il laissa des commentaires historiques ; mais je ne doute pas que celui-ci ne soit l’auteur cité par Photius, (biblioth. cod. 190.) où il dit que suivant cet écrivain, la femme de Candaules dernier roi de Lydie, de la famille d’Hercule, s’appeloit Abro.

ABAS, que Ptolémée appelle Albanus, riviere de la grande Arménie, près de laquelle Pompée défit les Albaniens. Elle sort des montagnes d’Albanie, & tirant vers l’orient, se va rendre dans la mer Caspienne. * Plutarque, vie de Pompée. C’est aussi le nom d’une montagne au même pays, appellée aussi Aba.

ABASCANTE, exerçoit la médecine à Lyon, vers les commencemens du second siécle. Galien, qui ne fleurissoit que plusieurs années après lui, & dans des lieux allez éloignés de Lyon, a eu connoissance de sa personne & de ses écrits. Il paroît même qu’il en faisoit quelqu’estime, puisqu’il lui donne rang entre les médecins dont il avoue avoir profité. Cependant il en rapporte peu de chose, ne nous ayant conservé que le secret de son antidote ou contrepoison. (Gal. de ant. l. 2, c. 12, p. 235.) C’est tout ce que l’on sait, & peut-être même tout ce qu’on peut se flater de savoir de certain touchant Abascante. Le reste se réduit à de simples conjectures. * D. Rivet, hist. litter. de la France, t. 1, a, p. 250.

ABASCANTOS. On trouve ce mot dans le dixiéme chapitre du livre de Tertullien, intitulé Scorpiacus, sive adversus gnosticos. Beatus Rhenanus, & plusieurs autres, ont cru que c’étoit le nom d’un des Æons de Valentin. Mais Abascantos n’est point dans la liste exacte que Pamélius nous a donnée des Æons : & ce critique pense que c’est un nom inséré avec les autres par Tertullien en cet endroit, pour se mocquer de ses adversaires avec plus d’avantage.

ABASCHES, Abassi, peuples d’Asie dans la Géorgie, sur les confins de la Mingrelie au levant. Ils ne vivent que de rapine, & font continuellement des courses sur les terres de leurs voisins pour les endommager, ensorte qu’on a été obligé de faire une muraille de soixante milles de circuit pour les arrêter, selon qu’écrit le pere Archange Lamberti, Théatin, qui a demeuré long-temps en ce pays. On les appelle aussi les Abassas. Il en est fait mention dans les novelles de Justinien & dans Procope. Voyez ABCASSES. * Baudrand.

ABASCIE, riviere de la Mingrelie en Asie. Elle se décharge dans le Faze, & on prétend que c’est la même que les anciens géographes nommoient Glaucus. * Baudrand.

ABASÈNES, peuples d’Arabie, voisins des Adramites, dont le chef étoit Abrahah, ou Abrahéte, qui, la même année que Mahomet vint au monde, alla, avec des forces considérables, monté sur un éléphant, pour bruler la Mecque. Mais on lit dans l’Alcoran, qui ne les nomme point, qu’ils furent tous assommés en chemin, par des troupes volantes, qui leur jetterent des pierres, sur chacune desquelles étoit imprimé le nom de celui sur qui elle devoit tomber. * Stephan, de urbibus. Bochart, hieroz. part. post. l. 1, c. 10. Alcoran, trad. par du Ryer, au chap. des éléphans, p. 484, edit. de la Haye 1685, in-12. Voyez le détail de cette histoire à l’article ABRAHAH.

ABASSARE, un des capitaines de Cyrus, qui fut envoyé à Jérusalem pour le rétablissement du temple. * Joseph. antiq. lib. 11. ch. 1 .

ABASSIE, ABASSINIE, ABASSINS, peuples, cherchez ABISSINIE.

ABASTANES, peuple libre d’Asie, vers le fleuve Indus. Il en est parlé dans Arrien, l. 6.

ABATIA, (Bernard) cherchez ABBATIA.

ABATON, édifice à Rhodes, dans lequel il éroit défendu d’entrer : il fut ainsi nommé du mot grec ἅϐατος, qui signifie où on ne va point. Voici à quelle occasion cet édifice fut construit. Après la mort de Mausole, roi de Carie, la reine Artémise, sa femme, ayant pris le gouvernement du royaume, les Rhodiens ne purent souffrir qu’une femme régnât sur toute la Carie, & ils armerent une flotte pour se rendre maîtres de ce royaume. Artémise, avertie de leur dessein, fit entrer secretement une armée navale dans le petit port d’Halicarnasse, couvert d’une montagne, qui déroboit à la vue ce qui s’y passoit. Les Rhodiens ayant fait aborder leurs vaisseaux proche du grand port, qu’ils trouverent libre, la reine fit donner un signal de dessus les murailles, pour leur témoigner que la ville vouloit se rendre. Alors les Rhodiens sortirent de leurs vaisseaux pour entrer dans la ville ; & aussitôt Artémise fit ouvrir le petit port, d’où sortit son armée navale, qui entra dans le grand port ; & trouvant les vaisseaux des Rhodiens dégarnis de soldats, les emmena en pleine mer. Ainsi les Rhodiens, hors d’état de se retirer, furent tous tués dans la place publique, où ils se trouverent enfermés. Alors la reine mit de ses soldats & de ses matelots sur les vaisseaux des Rhodiens, & alla droit à l’isle de Rhodes, dont elle s’empara aisément ; car les habitans voyant venir leurs vaisseaux ornés de couronnes de laurier, reçurent leurs ennemis, croyant que c’étoient leurs gens qui revenoient victorieux. Artémise, après avoir pris Rhodes, se fit élever un trophée dans la ville avec deux statues de bronze dont l’une représentoit cette reine, & l’autre la ville de Rhodes en habit d’esclave. Long-temps après les Rhodiens n’osant abattre ces statues, parceque les trophées étoient des choies sacrées, que leur religion, ne permettoit pas de détruire ; ils s’aviserent, pour en ôter la vue, de bâtir autour de ces statues un édifice fort élevé, qu’ils appel-