qui avoit une inclination violente pour les devins : mais on s’aperçut en même temps qu’Aaron trahissoit les intérêts de ce prince, lorsqu’en sa présence il expliquoit ses volontés aux ambassadeurs des peuples d’occident : ce fut l’impératrice qui découvrit cette trahison, en punition de laquelle Aaron eut les yeux crevés, & tousses biens furent confisqués. Ce scélérat ne put même en cet état oublier l’inclination violente qu’il avoit au mal ; y car entr’autres mauvais conseils qu’il donna à Andronic Comnéne, qui avoit usurpé le gouvernement, il lui insinua qu’il ne dévoit pas lui suffire d’aveugler ses ennemis, qui, quoique sans yeux, pouvoient encore lui nuire par la langue. Une des fuites de ce conseil barbare fut qu’Aaron dans la fuite eut lui-même la langue coupée, par ordre d’Isaac l’Ange qui détrôna Andronic, & se mit en sa place l’an de J.C. 1203. * Nicétas, hist. de Manuel Comnene, l. 1, n. 1, l. 4, n. 6 & 7.
AARON, fils de Joseph, dit Aaron Caraïte, & Aaron I, célébre Juif Caraïte, & médecin, feurissoit vers l’an 1299. Il a laissé plusieurs ouvrages sur l’ancien Testament : entr’autres un commentaire en héhreu sur le pentateuque, écrit en 5054, c’est-à-dire 1294 de l’ere chrétienne, que l’on trouve manuscrit in-folio à Paris dans la bibliothéque du roi, & dans celle de l’Oratoire, & qui est aussi indiqué dans le catalogue de la bibliothéque de Leyde. Il a été traduit en latin par Jean Danzius, & imprimé in-folio à Iéne en 1710. Richard Simon, qui fait grand cas de ce commentaire, le cite souvent, & rapporte avec éloge plusieurs de ses principes dans son histoire critique du vieux testament, liv. 1, c. 29. Aaron a fait aussi en arabe un commentaire sur la genèse, que l’on trouve dans la bibliothéque Bodleïenne ; un autre, sur Josué, les Juges, Samuel, les Rois & Isaïe : cet ouvrage, traduit d’arabe en hébreu, est dans la bibliothéque de Leyde. On y voit encore un commentaire du même auteur, en hébreu, sur les pseaumes. Ce savant est nommé Aaron I, à cause d’un autre Caraïte nommé Aaron fils d’Elie, Juif de Nicomédie, qui vivoit soixante ans après Aaron fils de Joseph, & qui en conséquence porte le nom d’Aaron postérieur. Ce dernier a aussi composé un commentaire sur le Pentateuque, dans lequel il suit exactement la méthode des Caraïtes. C’est peut-être ce qui l’a fait confondre avec le précédent. Voyez le P. le Long, biblioth. sac. t. 2, p. 590. Le supplement au dict. de Bayle de M. Chaussepied.
AARON-HARISÇON, ou AARON, fils de Joseph, Juif Caraïte, est auteur d’un abrégé de grammaire hébraïque intitulé Chelil Jophi, c’est-à-dire le parfait en beauté. Cet abrégé, qui est devenu très-rare, a été imprimé in-12. à Constantinople, en 1581. Il est aussi manuscrit dans la bibliothéque de Leyde. (Voyez le P. le Long, biblioth. fac. t. 2, p. 1169.) Richard Simon dit que cet auteur explique beaucoup de choses en peu de mots. Outre cet éloge qui se trouve dans son catalogue des auteurs Juifs, à la suite de l’histoire critique du vieux testament, ce critique donne une idée plus détaillée de ce petit ouvrage dans l’histoire critique, l. 1, ch. 31, p. 178. Quelques-uns confondent cet Aaron avec le précédent : mais d’habiles gens, tels que R. Simon, les distinguent.
AARSENS, cherchez ARSENS.
AARWANGEN, cherchez ARWANGEN.
AAB, fontaine de Béarn, cherchez AA.
AAS, en latin Aafa, forteresse du gouvernement d’Aggerhus en Nonvége, est située à l’extrémité de la presqu’ile méridionale de ce royaume, & a un bon port à l’embouchure de la riviere de Lindals. * Baudrand.
AASBAI, fils de Machati, pere d’Eliphelet. Ce dernier étoit l’un des braves qui accompagnoient David. * II. Reg. cap. xxiij, v. 34.
AAZIR, ville de l’Arabie heureuse, dans le pays, de Baharim, à deux lieues de la ville d’Hemz, vers le nord-ouest. * Dict. Anglois.
B. C’est le nom du onziéme mois de l’année civile des Hébreux, & le cinquiéme selon l’ordre de l’année ecclésiastique. Il a trente jours, & répond aux mois de juillet & d’août. Il étoit considérable par un jeûne dont parie le prophéte Zacharie, institué selon quelques-uns pour faire souvenir les Juifs du murmure qui avoit empêché leurs peres d’entrer dans la terre promise, lorsque Moïse eut envoyé de Cadesbarné des espions dans la terre de Chanaan ; ou plutôt établi en mémoire de l’incendie du temple par les Chaldéens, au dixiéme jour de ce mois. Le second temple fut brulé au même jour par les Romains. Les Juifs tiennent que leur grande synagogue d’Alexandrie fut aussi dispersée dans ce même mois. On a remarqué qu’ils avoient été chassés en ce mois d’Angleterre, de France & d’Espagne. * Nombres, 13 & 14. Deut. 1. Zachar, c. 7. calend. Judaïc. Calmet, dict. de la bible, & comment. sur Zacharie.
AB en langue syriaque est le nom du dernier mois de l’été. Le premier jour de ce mois est nommé dans le calendrier des Syriens Saum-Mariam, le jeûne de Notre-Dame, parceque les chrétiens d’orient jeûnoient depuis ce jour-là jusqu’au 15, qu’ils nommoient Fithr-Mariam, la cessation du jeûne ou la pâque de Notre-Dame. * D’Herbelot, bibl. orient.
Nous observerons ici que comme les Orientaux, Arabes, Persans & Turcs, dont l’année vulgaire est purement lunaire, se servent néanmoins dans leurs calculs astronomiques de l’année solaire, ils ont recours au calendrier syriac, & se servent des noms qu’ils y trouvent à chaque mois. Ainsi Schahar-ab, en arabe, Ab-mah, en persien, Ab-aj, en turc, signifient notre mois d’août, qu’ils appellent aussi quelquefois Agostos, nom pris du latin Augustus. * D’Herbelot, bibl. orient.
AB chez les Hébreux signifie pere, d’où les Chaldéens & les Syriens ont fait abba : d’abba les Grecs ont formé abbas, que les Latins ont conservé ; & c’est enfin de-là qu’est venu le nom d’abbé en notre langue. Saint Marc & saint Paul ont gardé le mot syriac ou chaldaïque abba, pour dire pere, parce qu’il étoit alors commun dans les synagogues & dans les premieres assemblées des chrétiens. C’est pourquoi abba, pater, chapirre xiv de saint Marc, v. 36, est le même mot expliqué, comme s’il disoit abba, id. est, pater, abba, c’est-à-dire pere. Ce terme se trouve aussi employé dans le même sens au ch. viij de l’épître de saint Paul aux Romains, v. 15, & au chap. iv de l’épître aux Galates, v. 6. Les évangélistes & les apôtres ont ainsi conservé dans leurs écrits plusieurs mots syriacs qui étoient en usage : & comme ils écrivoient en grec, ils ont en même temps ajouté l’interprétation de ces mots en grec, comme saint Jérôme le remarque dans son commentaire sur le iv chapitre de l’épître aux Galates, où il dit que c’est un usage assez ordinaire aux écrivains sacrés, dont il cite des exemples. Ce nom d’abba, qui signifioit un pere naturel, a été pris dans la suite pour un pere d’affection & de respect, & enfin pour un pere en dignité. Les docteurs Juifs le prenoient par orgueil, ce qui fait dire à J.C. dans S. Matthieu, chap. xxiij, v. 9, N’appellez personne sur la terre votre pere, parceque vous n’avez qu’un pere qui est dans le ciel. Les chrétiens ont donné communément le nom d’abbé aux supérieurs des monasteres. Il a été aussi quelquefois attribué en France à des seigneurs temporels, sous les successeurs de Charlemagne, parce qu’ils possedoient de grandes abbayes. On les appelloit abbates comites ou abbates milites. Chez les Génois il y avoit un principal magistrat que l’on appelloit abbé du peuple.
ABA ou ABBA, en syriac, en chaldéen & en éthio-