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ou Yamour, dans la province de Dauria, est sur le 122 degré de longitude, & le 54 de latitude ; à trois mois de chemin de la ville de Moscou, & seulement à trois semaines de celle de Peking, selon la relation du pere Avril jésuite, qui s’accorde fort bien avec la carte de Wirsen. Cette ville appartenoit aux Moscovites ; mais par le traité de paix de 1685, le grand duc de Moscovie l’a cédée aux Chinois. Sa situation est sur un des cheinins, par lesquels les marchands vont de Moscou à Peking par terre. Elle a une bonne forteresse pour se défendre contre les Tartares-Monguls, & contre les Chinois.

ALBE, Alba, nom donné à trois ou quatre villes, dont la principale étoit Alba-longa, Alba-la-longue, ainsi nommée par les anciens à cause de son assiéte le long d’un lac, dans la campagne de Rome, à douze milles de distance de Lavinium, capitale du Latium. Elle fut bâtie par Ascagne ou Ascanius, fils d’Enée, vers l’an 2885 du monde, avant J.C. 1150. Ses habitans furent nommés Albains. Ascagne la fonda dans l’endroit que lui avoit marqué la laie blanche, 30 ans après la fondation de Lavinium, que son pere avoit bâtie ; ce nombre d’années lui ayant été signifié par les trente petits marcassins que cette laie nourissoit alors. Il en fit la capitale de son petit royaume, selon Denys d’Halicarnasse & fit transporter dans cette nouvelle ville les dieux de Troye qu’Enée avoit apportés à Lavinium. Albe se rendit depuis très-puissante, & fut le séjour ordinaire des rois des Latins. Elle soutint de fortes guerres contre les Romains., qui ne cesserent qu’après le combat des trois Curiaces du côté des Albains, & des trois Horaces du côté des Romains. Les trois Curiaces y furent tués, & asservirent par leur mort leur pays aux Romains, comme les deux peuples en étoient demeuré d’accord avant le combat. Tullus Hostilius, roi des Romains, détruisit ensuite la ville d’Albe, & transporta à Rome ses richesses & ses habitans, qui ne firent plus qu’un peuple avec les Romains. C’est auprès des ruines d’Albe, qu’on a depuis bâtie la ville d’Albano, principauté qui appartenoit à la maison de Savelli. C’est aussi un des six évêchés suffragants de Rome, &c affectés aux six plus anciens cardinaux. Ce lieu est assez recommandable, par son bon vin, mais peu renommé pour le reste. * Strabon, l. 1 . Denys d’Halicarnasse. Tite-Live & Florus, hist, Rom. l. 1 Pitiscus, lexicon ant. Baudrand.

ALBE, Alba-Pompeïa, ville d’Italie dans le Montserrat, avec évêché suffragant de Milan. Elle appartenoit autrefois au duc de Mantoue ; mais l’an 1631 il la céda par la paix de Quierasque au duc de Savoye. Elle est sur la riviere de Tanaro, & assez bien fortifiée. Elle est commandée par des collines voisines. Albe n’est plus aujourd’hui si considérable qu’elle l’a été autrefois. * Cluvier. Baudrand.

ALBE ROYALE, Alba-Regalis, que les Allemans nomment Stulweissemburg ; les Esclavons, Stolni Biograd ; & les Hongrois, Ekekes Fejerwar, est une ville dans la basse Hongrie, où l’on avoit coutume de couronner les rois dans la même église où l’on voyoit leurs tombeaux, ce qui l’a fait nommer Royale ; elle est bien bâtie, grande & très-forte. Amurat II empereur des Turcs, ayant passé en Hongrie après la mort d’Albert d’Autriche, l’assiégea inutilement. Elle fut néanmoins emportée par ces infidéles l’an 1543. Le duc de Mercœur qui fit de si belles actions en Hongrie au commencement du XVII siécle, la reprit l’an 1601. Les Turcs s’en rendirent encore maîtres en 1602. La même année le comte de Salms gouverneur de Javarin avoit traité avec le juge d’Albe-Royale, qui lui devoit rendre la place. Mais l’empereur Rodolphe, qui avoit envoyé à Constantinople George Hozzuthoti pour faire des proportions de paix, fit commander au comte de Salms d’abandonner cette entreprise. Quelque-temps après le grand-seigneur ayant découvert ce dessein, fit empaler quarante habitans qui en étoient complices. Le juge d’Albe-Royale se retira à Palota, puis à Vienne avec sa famille, sous la protection de l’empereur. Les Turcs l’ont possédé jusqu’en 1688 ; mais depuis les Impériaux l’ont reprise, & elle leur est restée par la paix. Cette ville est naturellement la capitale de Hongrie, quoique Bude soit qualifiée de ce nom, à cause de ses fortifications. Elle est le siége du seul archevêque qui soit dans le royaume, & qui a droit de percevoir les dixmes de toute la Hongrie. Son revenu rnontait anciennement à plus de 200000 ducats, & est beaucoup diminué par le ravage que les Turcs & les Tartares ont fait dans la basse Hongrie, qui est presqu’entierement dépeuplée. * Revol. de Hongr. t. 6, Boissard, hist. Hungar. Vigenere, contin. hist. Turc. De Thou. Baudrand.

ALBE ou ALVA DE TORMES, Alba, ville d’Espagne, dans le royaume de Léon, avec titre de duché, à quatre lieues de Salamanque sur la riviere de Tormes ; c’est le titre des aînés de la maison de Toléde, de laquelle étoit le duc d’Albe gouverneur des Pays-Bas. Voyez TOLEDE.

ALBE-GRECQUE, ville, cherchez BELGRADE.

ALBE-JULE, ville, cherchez WEISSEMBURG.

ALBE (Ferdinand de Toléde duc d’) cherchez TOLEDE.

ALBEMARLE, Albemala, c’est le nom d’un comté qui occupe la partie la plus septentrionale de la Caroline, une des provinces de l’Amérique septentrionale. Les Anglois y ont des habitations. Il y a une riviere de ce nom en Amérique qui arrose le comté d’Albemarle, & se rend dans la mer du Nord vers le cap Hartaras. * Dict. Angl. Baudrand.

ALBEN, Albanum, Albus & Albium, montagne de la Carniole, province d’Allemagne dans le cercle d’Aurtriche. On y trouve des mines de vif argent dans l’étendue de quarante milles, entre Laubach, capitale de la Carniole, & Capo d’Istria, ville principale d’Istrie.

ALBENAS (Jean Poldo) étoit de l’ancienne famille connue dans les titres latins sous le nom d’Albenacii. Il étoit fils de Jacques Albénas, qui se distingua entre ses contemporains par son goût pour la littérature & pour l’antiquité. On lui est redevable de la conservation de plusieurs monumens romains. Etant premier consul de Nismes en 1524, il fit enchasser ces monumens dans le mur extérieur du tambour de la porte de la Couronne, où l’auteur qu’on va citer dit qu’ils se voient encore aujourd’hui. Jean Poldo Albenas, son fils, naquit à Nismes vers l’an 1512. Il étudia le droit à Toulouse, s’y fit recevoir avocat au parlement, & revint exercer ses talens dans sa patrie. On voulut le mettre à la tête de la députation que la ville de Nismes fit à François I, en 1539, pour solliciter l’établissement d’une université ou d’un collége des arts qu’on projettoit dans cette ville. Albénas refusa cet honneur par rnodestie. Il fut un des douze conseillers établis en 1551, & il remplit sa charge avec beaucoup de distinction. Ses occupations ne l’empêcherent pas de cultiver les lettres. Il a donné une traduction de l’ouvrage de Julien, archevêque de Toléde, intitulé Prognosticorum, sive de origine mortis humanæ ; de futuro seculo, & de futuræ vitæ contemplatione, libri tres. Il a traduit en françois l’histoire des Taborites d’Æneas Sylvius. Son plus grand ouvrage est son Discours historial de l’antique & illustre cité de Nismes, qui parut à Lyon en 1557, in-folio, orné de planches gravées en bois, qui représentent les différentes antiquités de cette ville. L’érudition qui regne dans cet ouvrage, quoique mal digéré est une preuve du grand savoir de l’auteur. Il mourut vers l’an 1563, sans avoir été marié. * M. Ménard, hist. de Nismes, tome IV, p. 384 & suiv.

ALBENGA, ville & port de mer de la république de Gènes, est nommée diversement dans Ptolémée, dans Pline, dans Strabon & dans Pomponius Mela, Al-