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aux Amalécites. Il monta aussi sur la montagne de Sinaï avec ses deux enfans, Nadab & Abiu, & soixante-dix anciens d’Israël ; mais ni lui, ni les autres ne s’avancerent que jusqu’à moitié de la montagne, d’où ils virent la gloire de Dieu. Moïse & Josué seuls monterent jusqu’au sommet de la montagne, & y demeurerent quarante jours. Pendant ce temps-là Aaron se laissant vaincre aux instances des Israélites, éleva le veau d’or qu’ils adorerent de son consentement. Moïse étant descendu de la montagne lui reprocha cette action, dont il s’excusa sur la violence que le peuple lui avoit faite. Tout ceci se pana le troisiéme mois après que les Israélites furent sortis d’Egypte. Le premier mois de l’année suivante, Aaron déclaré & consacré grand pontife par l’ordre de Dieu, reçut l’onction sacerdotale, & fut revêtu des habits pontificaux. Ses quatre fils furent faits prêtres en même temps, & ils exercerent depuis les fonctions du sacerdoce ; mais peu de temps après Nadab & Abiu, fils aînés d’Aaron, ayant apporté à l’autel du feu étranger dans leurs encensoirs, contre l’ordre exprès du Seigneur, ils périrent par le feu du ciel. Marie & Aaron ayant eu ensuite un démêlé avec Moïse leur frere, à l’occasion de sa femme Sephora, Madianitide, ou comme il est dit ailleurs Ethiopienne, selon l’expression des septante & de la vulgate, selon l’hébreu à la lettre Chuésta, c’est-à-dire, d’Arabie, Marie fut frapée de lépre, & cette punition ouvrit les yeux à Aaron, qui reconnoissant sa faute, demanda pardon à Moïse pour lui & pour sa sœur. Coré, Dathan & Abiron, de la tribu de Levi, envieux de l’honneur du sacerdoce, s’étant révoltés contre Moïse & Aaron, Dieu fit éclater sa colere contre ces rebelles, en faisant entr’ouvrir la terre, qui les engloutit avec toute leur famille. Ce châtiment fut suivi d’un autre contre deux cens cinquante hommes de ce parti, qui eurent la témérité d’offrir de l’encens à l’autel : il sortit un feu qui les dévora tous. Le lendemain le peuple ayant murmuré de la mort de tant de personnes considérables, & la sédition commençant à se former, Dieu envoya un feu qui consuma le peuple, & qui l’eût entierement exterminé, si Aaron, ayant pris un encensoir & offert de l’encens, ne se fût mis entre les morts & les vivans pour appaiser la colere de Dieu. Le nombre de ceux qui furent frapés de mort fut de quatorze mille sept cens hommes, sans compter ceux qui étoient péris dans la sédition de Coré. Le sacerdoce fut encore confirmé à Aaron par un nouveau miracle : car après que tous les princes des tribus, par ordre de Moïse, eurent mis dans le tabernacle chacun une baguette, pour reconnoître la volonté de Dieu par la distinction qu’il en feroit : lorsqu’on les en tira, on trouva que celle d’Aaron, qui étoit de bois d’amandier, avoit poussé des feuilles & des amandes. Cette verge fut conservée dans l’arche en mémoire de la rebellion des enfans d’israël. Ceci arriva dans le désert de Cadès la troisième année de la sortie de l’Egypte. Depuis ce jour-là Aaron exerça paisiblement les fonctions sacerdotales pendant tout le temps que le peuple fut dans le désert. La quarantiéme année après la sortie d’Egypte, étant proche de la montagne de Hor, sur les confins de l’Idumée, le troisiéme jour du cinquiéme mois, dit l’Ecriture, Aaron monta, par ordre de Dieu, sur le haut de cette montagne ; Moïse le dépouilla, en présence de tout le peuple, de ses habits sacerdotaux, en revêtit Eleazar fils aîné d’Aaron, & l’établit son successeur. Cette cérémonie étant achevée, Aaron mourut âgé de cent vingt-trois ans, l’an 2552 du monde, 1452 avant l’ére chrétienne, & 3262 de la période julienne. Le peuple pleura trente jours la mort d’Aaron, qui fut privé, aussi-bien que Moïse, du bonheur d’entrer dans la terre de Chanaan, pour avoir douté comme lui de la fidélité & de l’effet des promesses de Dieu. Les Juifs font la fête d’Aaron le premier jour de leur cinquiéme mois qu’ils appellent Ab ; & les Chrétiens dans leur martyrologe au premier de juillet. * Exod. 4 & suiv. Nomb. 16. 17. 20. 27. 33. Lev. 9. Deuter. 10. Josephe, antiq. Jud. 2. 3. & 4. Philon, de monarch. lib. 2. Lactance, de vera sapient. lib. 4. Baillet, vies des saints de l’ancien testament.

AARON, fils de Mahadt, est appellé par les Arabes Haroun Al Raschid, & par nos historiens, Aaron, roi de Perse : il fut le cinquiéme calife de la maison des Abbassides, sur la fin du VIII siécle & au commencement du IX. La nuit même où il commença à régner, c’est-à-dire, le 14 octobre de l’an 786 de J. C. 170 de l’hégire, on vint lui annoncer qu’il lui étoit né un fils, qui fut appellé Maimon : peu après il passa dans l’Asie mineure avec une armée de trois cens mille hommes : il y fit des progrès surprenans, & réduisit l’empereur Nicephore à accepter un traité très-honteux, par lequel ce prince étoit obligé de faire tous les ans au calife trois cens mille écus de présent, outre trois mille écus de tribut pour lui, & trois mille autres pour son fils. On assure qu’Aaron fut en commerce de civilité avec l’empereur Charlemagne, dont il reçut des présens, & à qui il en envoya réciproquement de magnifiques, entr’autres un éléphant, & une horloge d’un travail surprenant. On ajoute qu’Aaron, non content d’accorder à cet empereur la permission qu’il lui avoit demandée d’offrir des présens dans les lieux saints à Jérusalem, lui envoya les clefs du saint sépulcre. Ce calife, dont le règne ne fut qu’une suite continuelle de prospérités & de conquêtes, mourut l’année de l’hégire 193, & du christianisme 809, après avoir vécu quarante-sept ans, & en avoir gouverné environ vingt-trois. Il s’étoit rendu maître de toute l’Asie depuis la Romanie jusqu’à l’Oxus : & les Maures d’Afrique, d’Espagne & des isles de la mer Méditerranée lui étoient fournis. On faisoit la priere ou Corbet en son nom, & l’on frapoit la monnoye à son coin dans cette vaste étendue de pays : ce fut environ sous son régne que les Arabes entrerent dans la Chine pour le commerce. * Eginhard. in Carol. Sigebert, chron. Elmacin. hist. Saracen. I. 2., c. 6. D’Herbelot bibl. orient. Renaudot, relat. des Indes, &c.

AARON BEN ASER, rabbin, est célèbre pour avoir travaillé à inventer les points & les accens des Hébreux. Jacob Ben Nephthali a eu part à cet ouvrage, qui a rendu leurs noms immortels ; ils vivoient dans le V siécle. * Genebrard, in chron. ad an. 476. Serrarius, lib. 1, c. 8. de rabb.

AARON ou AHRON, prêtre d’Alexandrie, médecin, vivoit dans le VII siécle, vers l’an 622, sous le regne de l’empereur Héraclius. Il écrivit en langue syrienne un ouvrage de médecine, divisé en trente traités, que Sergius augmenta de deux autres. En 683, Maserjawaih, Juif de naissance, & médecin de Bassora, compila les écrits d’Aaron, & les traduisit en arabe par ordre du calife Merwan. Aaron est le plus ancien auteur qui ait parlé de la petite vérole. * Pocok, hist. orient. Abulfarag. Freind, hist. de la médecine, & in epist.

AARON (Isaac) Grec de nation, fut fait prisonnier à Corinthe, lorsque cette ville fut sournise par Roger, roi de Sicile, vers l’an de Jésus-Christ 1148. Il fut mené en Italie où il apprit la langue vulgaire ; ce qui lui donna lieu d’exercer depuis la fonction d’interpréte pour l’empereur Manuel Comnéne. Il causa, par ses calomnies, la disgrace d’Alexis, l’un des principaux seigneurs de l’empire, qui avoit épousé une niéce de Manuel : mais sa perfidie ne resta pas long-temps impunie : peu de temps après il fut convaincu de s’adonner aux secrets de la magie ; & outre un livre attribué à Salomon, qui servoit, dit-on, à invoquer les malins esprits, on lui trouva dans une tortue le portrait d’un homme qui avoit les fers aux pieds, & l’estomac percé d’un cloud. Ce crime, quelque grand qu’il parût, ne l’eût peut-être pas perdu dans l’esprit de l’empereur,