nommé Achmon, qui avoit porté David par terre, & qui étoit même en état de lui enfoncer ſon épée dans la gorge. * II. des Rois, ch. 13. Joſeph, li. 7. c. I. 7. & 10.
ABISARES, ou Abiazares, Roi d’une partie des Indes, foûrnit ſon Royaume à Alexandre le Grand, qui le traita avec beaucoup de generoſité. * Quinte Curſe, li. 8.
ABISCA, Province de l’Amerique Méridionale, dans le Perou, & vers la ſource de la Riviere de Tapi.
ABISSINIE, ou Haute Ethiopie grand Païs de l’Afrique. Voici ce que les Relations nouvelles rapportent de curieux touchant cet Empire, qui comprend pluſieurs Provinces, dont la plûpart ont titre de Royaume. L’Empereur d’Abiſſinie donne ou ôte, quand il lui plaît, les Gouvernemens des païs de ſon obeïſſimce. Mais la charge de Viceroi de Tigré eſt hereditaire : le Gouvernement du Royaume de Dambea demeure toûjours dans la famille des Cantibas, qui deſcendent des Princes à qui ce païs appartenoit anciennement : & il y a encore quelques autres Provinces, dont les Gouverneurs poſſedent cette qualité par droit de ſucceſſion. L’Empereur vend ordinairement les Gouvernemens : & les Gouverneurs font enſuite d’étranges exactions ſur les peuples, qui n’oſent s’en plaindre. Autrefois les deux Betaudets ou Favoris avoient preſque toute l’autorité entre les mains ; mais l’Empereur a établi un Raz, ou premier Miniſtre, en leur place, dont le pouvoir s’étend ſur tous les Vicerois, les Xumos ou Gouverneurs, les Azages & les Umbares, c’eſt à dire, les Conſeillers de l’Empereur, & les Juges Souverains. Le Generaliſſime même des armées eſt au deſſous du Raz. L’Empereur prend pour ſes Pages des Eſclaves de differentes nations, comme Agaus, Gongas, Cafres, ou Ballous, qu’il éleve enſuite aux plus grandes charges de l’Empire, parce que ces gens ſervent avec plus de fidelité que les Nobles du païs. L’Empereur donne des terres aux Officiers & aux Soldats, dont ils jouïſſent tant qu’ils ſont à ſon ſervice : c’eſt là la ſeule ſolde dont on les paye. Tous ſes Sujets portent les armes, à la reſerve des Artiſans & des Laboureurs. Leurs principales armes ſont les Zagayes, ou demi-lances. Les Gentils-hommes portent l’épée, mais ils s’en ſervent peu : la poignée eſt ordinairement d’argent, & le fourreau couvert de quelque riche étofe. Ils tiennent leur épée à la main pendant qu’ils parlent à quelqu’un, ou lors qu’ils ſe promenent : mais un de leurs Valets la porte ſous le bras, quand ils vont par les ruës. Les Armées que l’Empereur d’Abiſſinie met en campagne ſont ordinairement d’environ trente-cinq mille hommes de pié, & de cinq mille chevaux, dont il y en a bien quinze cens de la taille & de la force des Genêts d’Eſpagne. On fait état dans ces troupes de mille Mouſquetaires entretenus, mais il ne s’en trouve gueres que cinq cens, quand l’armée eſt en marche. Le terrain qu’occupe leur Camp eſt d’une prodigieuſe étendue : car le nombre des Vivandiers & des autres gens qui ſuivent l’armée, eſt deux fois plus grand que celui des Soldats. L’Empereur & l’Imperatrice vont à la guerre avec toute leur Maiſon. Tous les grands Seigneurs & toutes les Dames de la Cour les accompagnent. Les Tentes ſont rangées dans un très-bel ordre : les quatre ou cinq Tentes de l’Empereur ſont dreſſées au milieu du Camp, avec deux autres qui ſervent d’Egliſes : plus loin ſont celles de l’Imperatrice, & des Dames, des grands Seigneurs, des Chefs de l’armée, des Officiers & des Soldats, diſpoſées à l’avant-garde, à l’arriere garde, & ſur les aîles. En paix ou en guerre, le Camp de l’Empereur eſt comme la Ville Capitale de l’Empire : car il n’y a point de Villes dans l’Abiſſinie, où il faſſe ſon ſejour. Acçum, ou Auxum, étoit anciennement fort célebre en Ethiopie, mais ce n’eſt plus qu’un Village d’environ cent feux. Parce que les Empereurs y ont autrefois tenu leur Cour, on les y couronne encore aujourd’hui. Auxum eſt à trois lieues de Fremone, & environ quarante-cinq de Maçua, ſous la hauteur de quatorze degrez, trente minutes. On y voit des ruines d’anciens Edifices, & d’une Egliſe qui paroît avoir été magnifique, avec des obeliſques, ou pyramides, qui ſervoient d’ornemens aux ſépulcres des Princes. L’Empereur change quelquefois tous les ans de demeure ; quelquefois il s’arrête pendant pluſieurs années en un même lieu. Lors qu’il change de ſejour, on tranſporte auſſi-tôt tout ce qui ſert à l’Egliſe. Quatre Prêtres ſont employez à porter l’Autel, ſur lequel on dit la Meſſe. Cet Autel a la forme de l’Arche de l’ancien Teſtament, que les Abiſſins prétendent être encore aujourd’hui dans l’Egliſe d’Auxum. Quoi qu’il n'y ait point de Villes dans la Haute Ethiopie, il y a néanmoins un ſi grand nombre de Villages dans certaines Provinces, qu’il ſemble que toute la campagne ne ſoit qu’une Ville, tant ils ſont bâtis près à près l’un de l’autre. Les maiſons ou cabanes n’ont qu’un étage, & ces peuples regardent comme une merveille les édifices qui en ont deux. Le Pere Paiz Jeſuite fit bâtir un Sacala ou Palais de pierre, à la maniere des Européens, ſur le bord du Lac de Dambea, pour ſervir d’Egliſe : & ce bâtiment ne fut pas ſeulement admiré en ce tems-là, mais encore tous les jours les Ethiopiens le vont voir des extremitez de l’Empire, & l’appellent Babet Laybet, c’eſt à dire, maiſon ſur maiſon. L’Empereur porte une Couronne ou Toque couverte de plaques d’or & d’argent, avec quelques perles : car on ne connoît point là d’autres pierreries. Il tient une petite Croix à la main, qui n’eſt pas un ſceptre, comme quelques-uns ont dit, mais une marque de l’Ordre de Diacre qu’il prend toûjours, afin qu’il lui ſoit permis de communier avec les Prêtres dans le Chœur des Egliſes, & non dans la Nef, comme font les Séculiers. Les grands Seigneurs même portent auſſi cette ſorte de Croix pour le même ſujet. Autrefois l’Empereur ne paroiſſoit point devant ſes Sujets, & lorſqu’il mangeoit il y avoit un rideau tiré devant lui, de ſorte que perſonne ne le voyoit, ſinon deux ou trois Pages qui le ſervoient à table. À preſent le Prince ſe rend viſible, principalement à ſes troupes. À l’égard de la Religion, les Abiſſins n’ont qu’un Evêque qui leur eſt envoyé par le Patriarche d’Alexandrie reſidant au Caire ; c’eſt pourquoi ils ſuivent la Religion des Cophtes, ou Chrétiens d’Egypte. Ils ont une Langue particuliere qu’ils nomment Chaldéenne, bien qu’elle ſoit fort éloignée du Chaldéen : ils s’en ſervent dans l’Office Divin, & elle differe de l’Ethiopien vulgaire. Ils ont témoigné pluſieurs fois de vouloir ſe réünir avec l’Egliſe Romaine, & ils ont même écrit diverſes Lettres aux Papes, dont une des plus conſiderables eſt celle que David, qui prend la qualité d’Empereur de la grande & haute Ethiopie, & d’autres Royaumes, écrivit à Clement VII. à qui il fit de très-grandes ſoûmiſſions. On lit dans l’Hiſtoire Orientale des progrès de l’Egliſe Catholique en la reduction des Chrétiens de S. Thomas, qu’Alexis Meneſes, Archevêque de Goa, fit tous ſes efforts pour réünir les Abiſſins avec l’Egliſe Romaine, & qu’ayant pris la qualité de Primat des Indes, il prétendit étendre ſa juriſdiction juſque dans l’Ethiopie. Il y envoya des Miſſionnaires avec des Lettres pour les Portugais, qui étoient en ce païs-là : & il écrivit en même tems au Metropolitain des Abiſſins, en l’exhortant de ſe ſoûmettre à l’Egliſe Romaine. Cet Archevêque & pluſieurs autres ſçavans hommes ſe ſont trompez, quand ils ont accuſé les Ethiopiens de Judaïſer en leurs céremonies, parce qu’il s’en trouve parmi eux quelques-uns qui obſervent la Circonciſion ; qu’ils célebrent le Samedi, auſſi bien que le Dimanche & qu’ils s’abſtiennent de manger du ſang & des viandes étoufées. Car la Circonciſion des Ethiopiens eſt bien diſſerente de celle des Juifs, qui la regardent comme un précepte ; au lieu que les premiers ne la conſiderent que comme une coutûme, qui n’appartient point à la Religion. Pour ce qui eſt du Samedi, cela n’eſt point ſingulier aux Abiſſins, & toute l’Egliſe Orientale eſt dans la même pratique. À l’égard de ce qu’ils ne mangent point de ſang ni de viandes étoufées, c’eſt un Reglement du Nouveau Teſtament, qui a même été long-tems en uſage dans les Egliſes d’Occident. D’ailleurs on attribuë aux Abiſſins pluſieurs choſes, qui ſont éloignées de leur creance. Par exemple, il n’eſt pas certain qu’ils conviennent avec les Latins dans la créance que le S. Eſprit procede du Pere & du Fils, & on peut dire qu’en cela ils ſuivent l’erreur des Grecs. * Le P. d’Almeida , & le P. Tellez, Jeſuites, Hiſtoire de la Haute Ethiopie, dans le Recueuil de Thevenot , vol. 4. R. Simon, Hiſt. des Religions du Levant. Voyez Job Ludolf, Hiſt. Æth. & au mot Habiſſinie. SUP.
ABISTAMENES, Capitaine, à qui Alexandre le Grand donna le Gouvernement de la Cappadoce. * Quinte Curſe, l. 3.
[ABITINE, Ville Epiſcopale, dans l’Afrique Proconſulaire. Il eſ ’t fait mention de divers de ſes Evêques, dans le Concile de Carthage, tenus ſous S. Cyprien, & dans la Conference de Carthage. Elle eſt encore illuſtre, par S. Saturnin & les autres Martyrs, qui y furent pris au commencement du IV. Siecle. Acta S. Saturnini, apud Th. Ruinartum.]
ABIU ou Abihu & Nadab, étoient les deux fils aînez d’Aaron. Ils négligerent de prendre du feu ſacré dont Dieu vouloit qu’on ſe ſervît dans les encenſemens ; & ils remplirent leurs encenſoirs d’un feu étranger. Cette deſobeïſſance fut bien-tôt punie ; car ils moururent ſubitement dans le Tabernacle. Quoique tout le monde pleurât cette mort ſi ſurprenante, Moïſ ’e défendit à Aaron, à Eleazar & Ithamar, ſes autres enfans, de la pleurer, afin de faire connoître, qu’étant honorez de la dignité du Sacerdoce, la gloire de Dieu leur étoit plus ſenſible, que leur affliction particuliere. * Exode, 24. Levitique, 10. Joſeph, li. 3. Antiq. C. 9.
ABIUD, fils de Zorobabel, que S. Matthieu nomme parmi les Ancêtres du Sauveur. Un autre de ce nom diviſa la terre de Chanaan. * Matth. c. 1.
ABLANCOURT. Cherchez Perrot (Nicolas.)
ABLAUDUS, eſt le nom d’un Auteur, qui avoit compoſé l’Hiſtoire des Goths, comme nous l’apprenons de Jornandès, qui le cite, c. 4. & 14.
[ABLAVIUS, Conſul de Rome l’an 331, que Conſtantin fit mourir. Il en eſt fait très-ſouvent mention dans le Code Theodoſien, dans Ammien Marcellin & dans Zoſime. Voyez la Proſopographie du Code Theod. par Jaques Godefroi.]
[ABLAVIUS, ou Ablabius, fameux Rheteur, qui vivoit ſous Theodoſe le Jeune, & avoit été diſciple du Sophiſte Troïle. Chryſanthe, Evêque des Novatiens à Conſtantinople, l’ordonna Prêtre, & dans cet emploi il publia divers ſermons, qui ſe ſont perdus. Il fut depuis Evêque des Novatiens à Nicée, où il enſeigna en même tems la Rhétorique. * Socrate L. VII. c. 12 .]
ABLON, petit Bourg, avec un Château, ſur la riviere de Seine, à trois lieues au deſſus de Paris ; où les Proteſtans ont eu quelque temps l’exercice de leur Religion, avant qu’ils euſſent un Temple à Charenton.
ABNAQUIOIS, Abnaqui, peuples de l’Amerique Septentrionale, dans la nouvelle Angleterre. Leur païs eſt entre la Mer, la Riviere de S. Laurens, & le Lac de Champlain.
ABN ARRAHEB, c’eſt à dire, en langage Arabe, fils de Moine, étoit Egyptien, de la ſecte des Cophtes. Il a compoſé un livre intitulé, la Chronique Orientale, qui a été traduit en Latin par Abraham Ecchellenſis, & imprimé à Paris dans l’Imprimerie Royale en 1651. avec un Supplément de l’Hiſtoire des Arabes. * Richard Simon, Hiſt. Critique. SUP.
ABNER, fils de Ner, beau-pere & Géneral des armées de Saül. Après la mort de ce Prince, Abner mit ſur le thrône Isboſeth, qui étoit reſté ſeul des enfans mâles de Saül, & ne pouvant ſouffrir, que ceux de la Tribu de Juda euſſent choiſi David pour leur Roi, il marcha contre eux avec ſes meilleures troupes. Mais l’armée de David fut victorieuſe, & celle d’Abner fut miſe en fuite. Isboſeth l’ayant deſobligé, il en fut ſi ſenſiblement piqué, qu’il réſolut de paſſer du côté de David. Quelque tems après ayant fait aſſembler les Chefs de l’armée & les principaux du peuple, il leur repréſenta que puiſque Dieu avoit fait ſacrer David Roi, il étoit inutile de réſiſter à ſa volonté ; & il agit ſi adroitement, qu’ils ſe dé-