triis illuſtrium doctrina & ſcriptis Virorum ; Et enfin le Pere Labbe nous a donné un Recueuil de tous les Auteurs qui ont écrit des Eloges, des Vies, des Dictionaires, des Bibliotheques, &c. dans un Volume in 8. intitulé, Bibliotheca Bibliothecarum.
Tous ces Ouvrages ſont, en certain ſens, des Dictionaires, dont je me ſuis ſervi pour compoſer celui que vous voyez. Je n’y rapporte rien, dont les Auteurs que je cite ne me ſoient garans. J’ai tâché de n’y rien mettre d’inutile, & de n’y rien oublier de tout ce qui pouvoit ſatisfaire la curioſité des Lecteurs. À la verité, je pouvois compoſer un plus gros volume, bien qu’il le ſoit beaucoup : Mais ſi je prens garde que cette ſorte de travail plaiſe au public, il ne me ſera pas difficile de le faire dans une ſeconde édition. On me perſuade qu’on ne tardera pas long-tems d’y travailler. J’ai été aſſez exact pour la Chronologie ; & je me ſuis attaché au ſentiment des Auteurs qui ſont les plus doctes, les plus raiſonnables, & les mieux ſuivis. En parlant des Villes, je rapporte les Conciles qu’on y a aſſemblez, commençant par les Géneraux ; & ſouvent je remarque les Canons qui me plaiſent davantage. En cela je ne me ſuis point fait d’ordre particulier ; & j’ai ſuivi mon inclination & mon genie. Quelquefois je fais de petites Diſſertations, pour éclaircir les difficultez de Chronologie, & pour terminer les Controverſes Hiſtoriques. Ces Diſſertations ſont ordinairement marquées par une main de cette façon . Je ne décide pourtant pas en maître, & je rapporte ſeulement les differentes opinions des Auteurs. Les Lecteurs s’attacheront à celle qui ſera le plus de leur goût. En parlant des Nations, je diſtingue mon ſujet par Articles, qui ſont la diviſion du Païs, les coutumes des Habitans, leur Gouvernement & leur Religion ; ce que je termine par la citation des Auteurs qui en font mention, ou qui en ont écrit l’Hiſtoire. En parlant des Auteurs, je remarque les plus beaux Ouvrages qu’ils ont laiſſez. En nommant les Héreſiarques, je rapporte leurs principales erreurs : Et en mettant les Philoſophes, je mets auſſi leurs opinions les plus importantes. J’ai tâché de parler des Villes Epiſcopales, & de marquer leur nom Latin, ancien & moderne. Pour les perſonnes Illuſtres, voici l’ordre que je me ſuis propoſé. Je commence par mettre les Papes, les Rois de France, les Empereurs & les autres Princes. Enſuite je parle des gens de Lettres ; & à la fin je remarque encore en abregé & tout de ſuite, ceux qui ſont le moins connus. J’obſerve pourtant toûjours l’ordre alphabetique. Je ne dis rien des Saints, qui n’ont pas écrit, parce que ce n’eſt pas un Martyrologe que je compoſfe. Je fais ſeulement mention de ceux qui ont eu part aux affaires importantes de l’Egliſe, des Evêques des quatre Egliſes Patriarchales ; des Cardinaux & des Prélats célebres ; & des Fondateurs des Ordres Religieux & Militaires. Les differens ſentimens des Auteurs m’ont ſouvent bien donné de la peine, quand il s’eſt agi de ſe fixer à quelque choſe, & de faire choix des matiéres. Je dis le même pour la Géographie, où les Auteurs ſont ſi partagez, & ſi peu d’accord entr’eux.
Après tout, ma conſolation eſt que cet Ouvrage peut être utile à toute ſorte de perſonnes, & que s’il n’eſt agréable par la dignité de quelques-unes de ſes matiéres, ou par la grace du langage, il le pourra être par ſa diverſité & par la nouveauté de ſa méthode & de ſon ordre. J’oubliois de dire que j’y parle des Dames illuſtres & ſavantes & des Heros de l’Antiquité Païenne & Idolâtre. Souvent j’explique cette Théologie ingenieuſe des Anciens, que nous nommons Mythologie. Je prie les Lecteurs de ne m’imputer pas toutes les fautes qu’ils trouveront dans ce Livre. Je l’eſpere de ceux qui ſavent la difficulté qu’il y a de les éviter, dans les Livres d’Hiſtoire & de Chronologie, où il y a une infinité de noms propres & extraordinaires aux Compoſiteurs ; & un ſi grand nombre de chiffres & de citations. Après ces excuſes, par leſquelles je travaille peut-être en vain à me préparer des Lecteurs favorables ; je dois les avertir que cet Ouvrage a demeuré très-longtems ſous la Preſſe ; & que ſouvent j’y parle de choſes comme nouvelles, qui ne le ſeront plus aujourd’hui. Ceux qui voudront voir l’Hiſtoire des Hommes de Lettres, ou de quelques autres perſonnes illuſtres, la chercheront par le nom propre, & s’ils ne la trouvent pas, ils viendront au nom appellatif. Je m’attache pour l’ordinaire à celui qui eſt le plus connu, Voilà, Mon cher Lecteur, ce que j’avois deſſein de vous dire. Je ne demande rien de deraiſonnable ; & à parler de bonne foi, il y auroit de l’injuſtice à condamner celui qui ne réüſſît pas dans un bon deſſein, & qui fait mal ce qu’il a eu deſſein de bien faire. J’ai commencé cet Ouvrage, à l’âge de vingt-cinq ans ; & Dieu me donnera peut-être encore aſſez de vie, pour le revoir plus d’une fois, & y corriger les fautes qu’on m’y fera remarquer. Je recevrai avec plaiſir & avec gratitude les avis qu’on me donnera pour cela. Je ſerai auſſi beaucoup obligé à ceux qui me voudront fournir des mémoires. Ils pourront s’addreſſer au Libraire. En attendant ces faveurs, il faut que je diſe encore que ſi je n’ai pas le bonheur de plaire à tout le monde, du moins je n’ai point eu deſſein d’offenſer perſonne. Car il eſt ſur que je n’ai rien écrit contre ma conſcience, ni contre la verité qui m’ait été connue. Auſſi je me ſoumets au jugement d’un équitable Lecteur, ayant appris de Clement Alexandrin à ne me ſoucier guere d’être repris, pourvu que je ne le puiſſe pas être avec raiſon. Je ſoumets auſſi cet Ouvrage au jugement de l’Egliſe Catholique, Apoſtolique & Romaine, que je reconnois pour ma bonne & unique mere, & pour ma Maîtreſſe. Je ſouſcris par avance à toutes ſes cenſures ; parce que je fais gloire de dire avec un S. Evêque de Barcelone, que Chrétien eſt mon nom, & Catholique eſt mon ſurnom. Chriſtianus mihi nomen eſt, Catholicus vero cognomeni illud me nuncupat, illud oſtendit.