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patrie tel qu’il l’avoit autrefois, au lieu que le Sr. Moreri le nommoit par tout de Tianée ; parce qu’on l’appelle en Latin Tyaneus, quoi qu’on nomme la ville Tyana.

En parlant des Conciles d’Arabie, l’Auteur rapporte l’opinion de Berylle Evêque de Botſra tout autrement qu’Euſebe. Il dit que cet Evêque ſoûtenoit que notre Seigneur ne ſubſiſtoit point en la Divinité, auparavant ſon Incarnation ; mais on a traduit les termes d’Euſebe.

On a remarqué que l’Auteur, ſur le mot Arad, a changé un nom de ville en un nom d’homme ; il fait une autre métamorphoſe, mais moins conſiderable, en parlant de la fontaine d’Arethuſe, comme d’un fleuve ; mais la plus grande faute qu’il y ait en cet endroit, c’eſt qu’il dit que le fleuve Alphée ſe perd dans celui d’Arethuſe. Il n’y a guere de fable plus celebre que celle-là, cependant il la rapporte mal, & ici & ſur le mot Alphée. C’étoit auſſi mal parler, que de dire qu' Ariſtote perdit les bonnes graces d’Alexandre, pour s’être trop attaché à Calliſthene, pour dire, être trop dans les interêts de Calliſthene. Ce dernier étoit neveu d’Ariſtote, & ſuivit Alexandre en Aſie, où ce Prince le fit mourir, au lieu qu’Ariſtote demeura en Europe.

En parlant du IV. Concile d’ Arles, où Lucidus Predeſtinatien fut condamné, l’Auteur dit que la doctrine des Prédeſtinatiens avoit quelque choſe qui ſembloit être conforme à celle des Pelagiens. C’eſt tout le contraire, puiſque cette doctrine eſt directement oppoſee au Pelagianiſme ; étant ou la même que celle de S. Auguſtin, ou des conſequences outrées tirées de ſes Principes. Au lieu de Pelagiens, on a mis Manichéens. Voyez la rétractation de Lucide, et la Lettre de Fauſte de Riez.

Il paroit par-là que l’Auteur n’étoit pas fort verſé dans l’Hiſtoire du Demi-Pelagianiſme, mais il ne ſavoit pas mieux celle des brouilleries qui arriverent à l’occaſion de quelques diſputes de la même nature dans les Provinces-Unies, du tems du Synode de Dordrecht. Dans l’Article d’ Arminius, après avoir dit que l’on condamna ſa doctrine, dans ce Synode, il ajoûte : cela ne les retint point, ils cabalerent avec tant d’adreſſe qu’il en fallut venir aux armes. Barnevelt Avocat Géneral des Etats, qui étoit de ce parti, fut arrête & on lui coupa la tête en 1612. Voilà qui donne l’idée d’une guerre civile, & l’on ſait qu’il n’y eut rien de ſemblable, ſur tout après que le Synode eut prononcé. Il y avoit encore quelques autres choſes, dans cet article, peu exactes, que l’on a corrigées. Voyez ce qu’on a remarqué ſur l’Article de Gomarus.

On pourra voir ce qu’on a dit ſur le mot d’ Arrhabonaires, & le comparer avec la remarque que l’on a faite ſur le Catalogue des Héreſies, qui eſt à l’H.

Outre ce qu’on a ajoûté ſur le mot Aſope, on remarquera que l’Auteur avoit confondu une riviere de la Morée de ce nom, avec celle de la Béotie, qui tombe dans le Cephiſſe ; puis qu’il avoit dit riviere de la Morée, au lieu de l’Achaïe, ajoûtant après : c’eſt une des branches du fleuve Cephiſe. Il auroit mieux valu dire, que l’Aſope tombe dans le Cephiſſe.

Dans l’Article d’ Atticus, le Sr. Moreri, après avoir dit, qu’il eut beaucoup de part à l’amitié de Ciceron (ſans mettre le prénom de Marc) diſoit un peu plus bas que Ciceron (ſans mettre non plus le prénom de Quintus) épouſa la ſœur d’Atticus, ce qui lia plus fortement leur amitié. Il ſemble avoir confondu les deux freres, puis qu’après les paroles qu’on vient de lire, il continue de la ſorte ; à laquelle l’Orateur Hortenſius eut beaucoup de part. Le premier (ſavoir, Ciceron qui avoit épouſé la ſœur d’Atticus) dédia un volume de ſes Lettres à Atticus. On voit encore ici une plaiſante faute, qu’on a corrigé dans cette Edition. Ciceron n’a point dedié ſes Lttres à Atticus, il les lui a écrites.

L’Auteur s’étoit auſſi plaiſamment exprimé ſur le mot d’Augures, en diſant que c’étoient des Magiſtrats qui avoient ſoin de prédire les choſes à venir, & qu’ils décidoient, en regardant le ciel, les queſtions qu’on leur propoſoit.

Sur l’Article de Babylone, l’Auteur, après avoir dit qu’elle s’accrut extraordinairement, ſous Nabuchodonoſor, ajoûtoit ce galimathias, pour exercer ſa Rhétorique, en amplifiant fon ſujet ſans la moindre néceſſité : que ce Prince, dont le nom eſt ſi renommé dans l’Ecriture, après avoir vû Ninive dans l’Aſſyrie, Alexandrie en Égypte, (Outre qu’il n’eſt pas dit que Nabuchodonoſor ait jamais ſubjugue l’Égypte, quand il l’auroit fait, il n’avoit garde d’y voir Alexandrie, qui ne fût bâtie par Alexandre, que plus de deux cens ans apres la mort de ce Roi de Babylone) Jeruſalem en Judée, Gaza dans la Paleſtine, Tir & Sidon dans la Phenicie, Damas dans la Syrie, Suſe en Perſe, & Ecbatane dans la Medie, avoue pourtant (il vouloit dire ſoûtient) que la ville, dont il avoit augmenté les beautez, ſurpaſſoit toutes celles dont nous venons de parler. C’eſt-là un Commentaire bien étendu ſur Dan IV. 30. où Nabuchodonoſor louë ſimplement la magnificence de Babylone ; ſans la comparer avec aucune autre ville.

Baëton Hiſtorien Grec avoit décrit les voyages d’Alexandre ; ce qui, diſoit nôtre Auteur, comprenoit la meſure des expéditions de ce Prince. On ne ſauroit entendre ce que cela veut dire ; c’eſt que l’Auteur ne ſavoit pas ce que ſignifie ϛαθμός, qui eſt un lieu où l’on s’arrête, après avoir fait un certain chemin.

Barnevelt, ſelon l’Auteur, avoit en 1609. fortement conſeillé la Paix aux Etats. C’étoit ſeulement une Trêve. Un peu plus bas, il diſoit que le Prince d’Orange (car il ne nomme pas Maurice) conçut du chagrin contre lui, parce qu’il empêcha que les Provinces-Unies ne ſe mêlaſſent de la guerre de Boheme ; mais c’eſt plûtôt à cauſe de la Trêve, comme on le peut voir dans la IV. P. de l’Hiſtoire d’ Uytembogaert, & dans les Mémoires de du Maurier. Le reſte de cet Article étoit très-confus, & il y a fallu faire d’aſſez grands changemens dans les expreſſîons.

On verra ce qu’on a mis ſur les Articles de Bel ou Belus, & Beleguanze.

Bellerophon, qui etoit fils de Glaucus Roi d’ Ephyre, ſe trouvoit fils d’un Roi d’ Égypte dans l’Auteur ; mais on lui a rendu ici ſon véritable pere. L’Auteur diſoit que les Prêtres de Bellone lui ſacrifioient du ſang, au lieu de quoi l’on a dit qu’ils ſe faiſoient des inciſions dans le corps, en ſon honneur, ce qui eſt ou plus clair, ou plus conforme à la verité.

On a dit que l’Auteur péchoit ſouvent, dans l’Orthographe des noms étrangers. On en voit un exemple remarquable dans l’Article de Benoit Abbé, dit l’Auteur, de Petrobourg, c’eſt-à-dire. Bourg de S. Pierre. Il le falloit orthographier à l’Angloiſe Peterborough, outre que borough ne ſignifie pas préciſement ce qu’on appelle en François Bourg, mais une ville.

Comme l’on n’a pas eu ſoin de conſerver en cet endroit, la copie de France ſur laquelle on avoit écrit les corrections, on ne peut preſque indiquer au Lecteur que ce qui eſt entre deux Crochets. Il pourra donc voir ce qu’on a dit ſur les mots, Cadmus, Caffres, Callimaque, Calvin, Calviniſme, Cappel, Celeſtins, Centaures, Cerbere, Cerès, Ceſaire d’Arles, Chaldée & Chaldéens, Cham, Chanaan, Chiliaſtes ; Chriſtine, Cinyre, Cyprien, Claude, Clement I. &c. Dans l’Article de Choſroës I. il étoit dit qu’il avoit conclu, avec les Romains, la paix nommée apparente. Quand on lut cet endr ot on ne put d’abord comprendre ce