Sur le mot Alabauda, l’Auteur ne ſe contente pas de copier, ſans néceſſué, Stephanus qui dit fauſſement que les Romains appellent bandum, la victoire ; il dit que les Romains l’emploient ſouvent pour exprimer ce mot. Ainſi il a encheri ſur la faute de Stephanus, au lieu de la corriger. Voyez les Interpretes de Stephanus.
Dans Alcée, fils de Perſée, il y avoit Amphiction pour Amphitryon, qui ſont deux noms très-differens ; dans Alcibiade, Thermes pour Hermes, qui different encore plus ; dans Alcinor, Cronius pour Chromius ; dans Alcione, Tayade pour Taygete, outre que ce ne fut pas Jupiter, comme le dit l’Auteur, mais Neptune, qui l’enleva ; & dans Alcippe, Oenomus pour Oenomaus. L’Auteur avoit encore dit qu’Alcippe ayant été enlevée par Idas, comme ſon pere pourſuivit le raviſſeur, il tomba dans un fleuve : mais on peut voir la verité de l’Hiſtoire, dans cette Edition.
Voici un autre exemple de la négligence, ou du peu d’habileté de l’Auteur, dans l’Article d’Alcmeon, diſciple de Pythagore : Il a écrit le premier, diſoit nôtre Docteur Provençal, la Phyſique où il fait voir que la Lune a une proprieté particuliere qui ne finit jamais. Il ſeroit difficile de ſavoir ce qui auroit donné ſujet à ce galimathias, s’il n’avoit marqué d’où il a tiré ce qu’il dit de ce Philoſophe. C’eſt de Diogene Laërce, qui dit qu’il ſemble qu’Alcmeon ait le premier écrit un Livre de Phyſique, & ſoûtenu que la Lune a toûjours en tout la même nature éternelle. C’eſt-à-dire, comme il ſemble, que les changemens qui paroiſſent arriver dans la Lune ne ſont qu’exterieurs, & dans la maniere dont elle eſt éclairée du Soleil, mais qu’au reſte elle ne change pas, en elle-même. Si le Sr. Moreri n’entendoit pas cela, il devoit s’abſtenir de le traduire ; & l’on a mieux aimé mettre un autre dogme de ce Philoſophe, tiré de Clement Alexandrin, dans ſa Harangue aux Gentils, p. 44. A.
L’Hiſtoire Eccleſiaſtique a fourni de grands Articles à nôtre Auteur ; mais il ne laiſſe pas de rapporter ſouvent mal les choſes. Voyez ce qu’on a dit ſur les Conciles d’Alexandrie.
Il a affecté par tout de mettre des vers des Poëtes Latins les plus communs, & qui ſont entre les mains de tout le monde. Il a eſſayé en quelques endroits de les traduire, mais il y a ſi bien réuſſi, qu’il auroit mieux fait de s’en abſtenir. Horace a dit d’un certain Alpinus dans la X Satire du Liv. I.
Turgidus Alpinus jugulat dum Memnona, dúmque
Diffungit Rheni luteum caput, hœc ego ludo.
„ Je fais ces vers en badinant, pendant qu’Alpin raconte, d’une maniere enflée, en quelle ſorte Memnon fut tué, & donne une deſcription de la bourbeuſe origine du Rhin. Cependant nôtre Auteur avoit mis dans cet Article après le mot travailloit ; ou pour me ſervir de ſes termes, qu’il étrangloit ſon hiſtoire de Memnon. Dans l’Article d’Aman, qu’il avoit nommé fils d’Amadalth, il dit qu’il étoit favori d’Artaxerxes, comme ſi c’étoit une choſe aſſurée qu’Aſſuerus fut le même que l’un des Artaxerxes. Il dit encore que Mardochée ne ſe proſternoit pas devant Aman, parce que la Loi de Dieu le lui défendoit ; ce qui eſt faux ; cela étant la maniere dont tous les Orientaux ſaluoient les grands Seigneurs qui n’eſt défendue nulle part.
On a corrigé, dans l’Article d’Amand de Ziriczée, Schouve, pour Schouwen ; & dans celui d’Amantius, Officier d’Arcadius, Porſixe pour Porphyre.
Quand on trouve dans un Géographe des fautes conſiderables, touchant un païs, que l’on connoit bien, on a quelque peine à ſe fier en lui, lors qu’il parle des païs éloignez. Ceux qui connoiſſent la Hollande, & qui liront l’Article d’Amſterdam, courront riſque d’entrer dans cette défiance, qui n’eſt que trop juſte, lors qu’il eſt queſtion de quelque verité importante. Il dit I. qu’Amſteldam ſignifie campagne d’Amſtel, au lieu que ce mot ſignifie Ecluſe, ou Digue de l’Amſtel. 2. Il dit qu’Amſterdam eſt bâtie ſur le rivage d’une mer ſi violente, qu’il y auroit à craindre pour cette ville, ſans ſes digues &c. Il falloit dire ſur un terrein ſi bas, car l’Ocean n’eſt pas plus terrible ici qu’ailleurs. Outre cela Amſterdam n’eſt pas bâtie ſur les bords de l’Ocean Germanique, mais ſur les bords d’un bras du Zuyderzée, qui eſt un Golfe de cet Océan. 3. Il met des Peupliers ſur nos Canaux, au lieu de Tillots & d’Ormes. 4. Il étoit ſi fort d’humeur de donner des louanges à cette ville, qu’il décrit en termes magnifiques des choſes aſſez communes, comme lors qu’en parlant du Carillon de la Maiſon de Ville, il dit que c’eſt une fort belle horloge, avec quantité de Cloches, qui rendent des ſons harmonieux à toutes les heures qu’elles ſonnent. Le Supplément, qui eſt géneralement plus exact que les deux premiers Tomes, met auſſi une choſe de cette Ville, qui n’eſt pas exactement vraye. Il avoit mis que le Senat nomme quatorze perſonnes (pour être Echevins) d’entre leſquels les Bourgmeſtres en éliſent ſept, comme faiſoit autrefois le Prince d’Orange. Cela ſe faiſoit quand il n’y avoit point de Stadhouder, comme après la mort du pere du Roi Guillaume d’aujourd’hui, avant que ce dernier fût élevé à cette charge.
Amiclas. C’eſt ainſi qu’on liſoit auparavant pour Amyclœ. En divers endroits, il ſemble que nôtre Auteur n’ait pas ſu le nominatif des mots. Dans l’Article d’Anacreon, outre Theos & Thée, écrits mal à propos par une H ; au lieu d’Hipparque fils de Piſiſtrate, il y avoit Hiparchus fils de Philoſtrate.
Anius, ſelon Virgile, ſelon Diodore de Sicile, & les autres qui en ont parlé, étoit Roi de Delos, & ſelon le Sr. Moreri, de Delphes. Les Anciens lui donnent trois filles, Oenotrope, Spermo, & Elaïs, mais l’Auteur lui en donne quatre.
Les Anoméens, dans le IV. Siécle, maltraitez par les Orthodoxes, furent obligez de ſe retirer en quelques endroits, dans des creux & dans des cavernes, & pour cela on les nomma Troglites, ou Troglodytes, & non parce qu’ils avoient des maiſons ſecretés & à l’écart.
Antimachus, ſelon que l’Auteur entendoit Suidas qui en parle, étoit nommé ψεχάς, c’eſt-à-dire, aſperſion, ou petite pluye, parce que dans les converſations où il ſe trouvait il les arroſoit par ſes diſcours, comme ces petites pluyes du Printemps. Mais il faut trop aider à la lettre & donner un ſens trop précieux à ce mot, pour trouver cela dans les paroles de Suidas.
Antiochus III. ſi l’on en croit l’Auteur, fut attaqué par Accilius Glabrio au détroit de Thempe ; mais, ſi l’on en croit Tite-Live, ce fut au détroit des Thermopyles, (Voyez Liv, XXXVI. c. 15. & 16.) qu’Acilius Gabrio défit ce Prince. Dans le même Article, l’Auteur fait Eumenes qui étoit Roi de Pergame ville de l’Aſie mineure dans la Myſie, Roi d’Arménie ; mais on lui a ôté, dans cette Edition, un titre ſi peu veritable. On a rendu au contraire, dans l’Article d’Apollodore d’Athenes, le titre de Phyſcon à l’un des Ptolomées, que les Imprimeurs avoient changé en Phiccon. Apollonius de Tyane a repris dans cette Edition le nom de ſa