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avec une mâchoire d’âne ; mais on ne verra pas cette circonſtance fabuleuse, dans cette Edition, non plus qu’une réflexion de Prédicateur, qui étoit à la fin.

Abelfeda, ou Abulfeda, étoit, selon l’Auteur, Prince de Syrie en Hama ; &, selon la verité, Prince de Hama ville de Syrie.

Dans l’Article d’ Acacius, Patriarche de Conſtantinople, il y avoit Trento pour Truentum.

L’Article d’Achille a été conſiderablement réformé. Au lieu que l’on lit , dans cette Edition, qu’Homere repréſente Achille jouant de la Lyre, le Sr. Moreri, qui n’avoit jamais lû ce Poëte, avoit mis ce galimathias : qu’ Homere fait souvent connoitre que le son de la lyre avoit un merveilleux pouvoir, pour faire paſſer la colere de ce Prince, & calmer cette paſſion furieuſe, qui avait tant donné de peine aux Troïens. Ce qu’Athenée a auſſi remarqué, après Theopompe. Homere représente Achille ſe divertiſſant à jouer de la Lyre, pendant qu’irrité contre Agamemnon, il ne vouloit pas combattre contre les Troïens (Iliad. I. 188.) & n’en parle point ailleurs. Athénée Liv. XIV. p. 624. dit qu’un Pythagoricien, nommé Clinias, jouoit de la Lyre, lors qu’il étoit en colère, & ajoûte qu’Homere donne à Achille une Lyre, pour adoucir son ardeur, & diminuer ſon feu. Ce n’eſt pas après Theopompe, qu’il en parle ; mais il cite ensuite Theophraſte qui ne dit autre choſe, si ce n’eſt que la Musique guerit diverses maladies. Dans le même Article, nôtre Auteur avoit dit que Thetis pria Vulcain de faire des armes à Achille, qui le rendiſſent invulnérable : On a mis, qu’on ne pût percer ; parce que ce Heros étoit invulnérable, pour une autre raiſon. Il avoit dit de ces mêmes armes : auſſi ne les quitta-t-il jamais, juſqu’à ce qu’étant indigné contre Agamemnon, qui lui avoit enlevé Briſeïs, qu’il aimoit, il se retira du Camp & poſa les armes. Il les reprit pourtant bien-tôt, pour vanger la mort de son ami Patrocle, qu’Hector avoit tué. Dans ce deſſein, il pourſuivit avec tant de chaleur son adversaire, qu’il lui donna la mort, &c. Ceux qui ont lû l’Iliade savent que cela eſt en partie faux, & en partie mal exprimé. Voyez ce qu’on a mis à la place, Achille les ayant prêtées à Patrocle, &c. Nôtre Auteur, qui ne ſavoit pas que l’Iliade ne va point jusqu’à la mort d’Achille, avoit auſſi dit mal à propos, qu’ Homere feint que les Dieux pleurerent durant dix-ſept jours sa mort. Au lieu d’Homere, il falloit mettre ſes Continuateurs, ou citer Homere au XXIV. de l’ Odyſſée.

Sur Achonri, ville d’Irlande, au lieu de ces mots : Epiſcopale dépendante de la Metropole de Thouam, il y avoit : Epiſcopale de la Metropole de Thoan.

Dans Acinacis, l’Auteur avoit dit que c’eſt un nom d’épée, qui eſt tiré de celui de la vieille lame que les Scythes élevoient &c. Ayant conſulté Herodote, qu’il cite au Liv. IV. on a trouvé que les Scythes élevoient pluſieurs épées, puiſque chacun des aſſiſtans y en mettait une.

Il ſemble que nôtre Auteur avoit lû Ovide, dont il cite ſouvent pluſieurs vers, ſans neceſſité ; mais il avoit oublié la fable d’ Aconce & de Cydippe, lors qu’il écrit que le premier grava ſur une boule deux vers, par lesquels il juroit d’être le mari de Cydippe, & prenoit la Déeſſe à témoin. Ce fut Cydippe qui lut deux vers, qui contenoient un ſerment, par lequel elle s’obligeoit d’être la femme d’Aconce.

On peut voir ce qu’on a remarqué ſur le mot Acragas, mais on y a encore ôté une groſſe faute d’impression, qui troubloit entierement le ſens. Il y avoit : ville dont Etienne de Byzance, dont nous n’avons point de connoiſſance. Mais on ne s’arrêtera pas à marquer ces ſortes de fautes.

En parlant, dans l’Article des Acridophages , des ſauterelles que S. Jean Baptiſte mangeoit, il dit que le mot Grec signifie encore le bout des herbes, comme Jean de Peluſe, dit-il , & d’autres l’ont remarqué. Il y a Jean pour Iſidore, célebre Evêque de Peluſe, qui explique ainſi cet endroit de S. Matthieu , dans une de ſes Lettres.

On peut voir ce qu’on a dit ſur Acuticus, Adad, Adam, & Adamites, parce qu’on l’a renfermé entre des Crochets ; mais il faut avertir le Lecteur qu’au lieu de ce qu’il y a ſur le mot Adama, on lisoit auparavant : ville de la vallée Foreſtier, du côté de la Tribu de Ruben, depuis abymée en la mer morte, elle eſt une des cinq villes infames, &c.

On trouvera auſſi des corrections, ou des remarques ſur Adargatis, Adiaphoriſtes, Adonai, Adonis, Adrien VI. Adrien l’Empereur, Agapetes, Agis. Sur le mot Aëce, il y avoit Gelé-Syrie, pour la Cele-Syrie, ou la Syrie creuſe, comme on a mis, de peur que quelque Correcteur ne mît un jour la Syrie Gelée.

Sur l’Article d’Agamemnon, l’Auteur ayant dit que ce Prince fut aſſaſſiné par Egiſte fils de Pliſtene, ajoûte : d’autres diſent de Thyeſte &c. apres quoi il dit que ce Thyeſte devint amoureux de Clytemneſtre, & tua Agamemnon. Il avoit auſſi dit qu’Oreſte ayant levé une puissante armée par le ſecours de ses amis, détrôna Egiſte : au lieu qu’il le fit par surprise, ayant été introduit dans la maison d’Egiſte, sous le nom d’un des Ambaſſadeurs, que Pheſtius Prince de la Phocide envoyoit à Clytemneſtre, pour lui annoncer que son fils Oreſte étoit mort, afin de mieux surprendre Egiſte. Le Sr. Moreri en a uſé de même que Scuderi, en cent rencontres. Pour rendre les hiſtoires, qu’il rapporte, plus complettes, il invente des circonſtances ; mais il auroit dû au moins dire ce que l’on trouve dans les Anciens, avant que d’y ajouter du ſien. Dans l’Article d’Agathocles Hiſtorien, il y avoit Pitarque de Cizicene, pour Pytharque de Cyzique. L’Auteur a traduit Cyzicenus, avec autant de raiſon que l’on traduiroit homo Romanus, un homme de Romaine. Il avoit fait la même faute, dans le mot Boïſcus & ailleurs. Dans Ageſilaus Hiſtorien, il y avoit Eponne, ou Hyponne, pour Hippone, nom d’une jument.

En parlant d’ Agrippa, favori d’Auguste, l’Auteur cite une Medaille, où il eſt d’un côté, & où dans le revers il y a un Crocodile, avec ces Lettres COL. NEM. qu’on explique Colonia Nemauſenſis. Après cela il avoit dit qu’il eſt ſûr que ce fût avec le ſecours de cette Colonie de Nimes, que ce grand homme défit M. Antoine & Cleopatre, & qu’il réduiſit l’Égypte en Province Au lieu de cette rêverie, on a mis : que cela marque que la Colonie de Nimes avoit fait frapper cette médaille en l’honneur d’Agrippa. C’eſt dequoi ceux qui ont quelque intelligence, dans ces sortes de choſes, conviendront ſans peine. Dans l’Article ſuivant , où il parle d’un eſclave d’Agrippa, fils du precedent, il l’avoit fait répondre à Tibere, autrement que Tacite ne le rapporte ; on a corrigé cet endroit ſur Tacite. Mais, dans l’Article d’Agrippine, fille d’ Agrippa & de Julie, on a oublié de corriger une faute, qui eſt que Germanicus mourut en Égypte ; il falloit mettre en Syrie. On a corrigé une ligne plus haut une bévue de l’Auteur, qui avoit dit qu’Agrippine faiſait ſouvent l’office de Capitaine en Syrie. Ce fut en Allemagne, où elle le fit une fois. Voyez Tacite Ann. Liv. I. c. 69

On a remarqué, par bien des endroits, que nôtre Auteur n’avoit guere lû l’Ecriture Sainte. On en peut trouver des preuves dans les lieux , où il nomme les perſonnes dont il eſt parlé dans l’Ecriture, non comme la Vulgate les appelle, mais comme Joſeph. Ainſi dans l’Article d’ Abia, il nommoit le fils de Jeroboam, Obimes, pour Abia.