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plein de poissons. Or, il arriva que le roi Charles, se promenant un jour d’été aux environs du logis de messer Neri, voulut visiter son jardin dont tout le monde racontait des merveilles. Le roi n’oublia point que ce chevalier était son ennemi, et c’est avec toutes sortes d’égards qu’il lui fit savoir son désir de souper le jour suivant dans son jardin, sans apparat, et accompagné seulement de quatre de ses gentilshommes. Messer Neri en fut fort content, et il reçut le roi dans son beau jardin, le mieux qu’il pouvait. Le roi admira et loua fort la maison et le jardin, puis il se lava les mains et vint s’asseoir à table, au bord du vivier, entre messer Neri et le comte Guido de Montfort, l’un de ses compagnons : et il commanda aux trois autres de servir. Le repas fut excellent en viandes et en vins, et le roi jouissait de la fraîcheur des ombrages, lorsque deux damoiselles, âgées chacune d’environ quinze ans, entrèrent dans le jardin. Leurs cheveux étaient de fin or, bouclés et enguirlandés