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l’avoir très bien employé : or, j’apprends que vous désiriez cet oiseau d’une autre façon, et je ne puis plus vous satisfaire… Madame, il me semble que je n’aurai de repos désormais.

Frédéric se tut plein de douleur : et pour témoigner de la véracité de ses paroles, il fit apporter les plumes et le bec du faucon.

Monna Jeanne blâma Frédéric d’avoir tué un si bel oiseau pour donner à manger à une femme.

Cependant, elle admirait secrètement la grandeur de ce cœur à l’épreuve de la pauvreté et du sort contraire.

Ayant remercié Frédéric de son bon vouloir et de l’honneur qu’il lui avait fait, Monna Jeanne partit et s’en retourna remplie d’inquiétude pour la santé de son fils.

Celui-ci, à cause du déplaisir de n’avoir pas eu le faucon, ou bien par la force seule de la maladie, mourut peu de jours après, laissant sa mère toute dolente.