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OSSIAN

cur, il aime à parler du barde fils de Fingal, dans sa correspondance avec son camarade Virieu ; et plus tard, pendant que le monde l’acclame, il n’oublie point de dire :

« Ossian fut 1 Homère de mes premières années, je lui dois une partie de la mélancolie de mes pinceaux. »

Toutes sortes de nourritures^ et saines et malsaines, firent croître également en force et en beauté le génie de Lamartine. Ce qui est plein de périls pour le commun, devient salubre pour riiomme supérieur. Ne cherchons pas la clef du mystère ; il est inutile de « vouloir tout ramener aux principes de notre faible raison ».



Un autre poète, qui n’est pas sans cesse délicat, mais qui est constamment abreuvé des eaux parlantes d’Hippocrène, eut un jour la fantaisie d’emprunter quelque chose à Ossian.

Alfred de Musset fait chanter à sa douce Bernerette des vers qui sont la traduction presque littérale d’un des plus gracieux thèmes ossianiques.

Mais l’âme libre de Musset hausse cette imitation en chef-d’œuvre d’originalité française.