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CONTE D’AMOUR


I


La lune se mirait dans le lac taciturne,
Pâle comme un grand lis, pleine de nonchaloirs.
— Quel lutin nous versait les philtres de son urne ? —
La brise sanglotait parmi les arbres noirs…

Baiser spirituel, son baiser, sois béni !
Dans mon cœur plein d’horreur tu ravivas la flamme,
Dans mon cœur plein d’horreur, mon pauvre cœur terni.
— Ai-je effleuré sa lèvre ? Ai-je humé son âme ?