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ployées : Littré, Michelet, et bien d’autres, écrivent Commines. Plus loin, vous comparez le style de ce conseiller de Louis XI à celui de M. Thiers. Cet ingénieux paradoxe, je l’accepte, car il me sert ; il pourrait prouver une fois encore quelle vertigineuse décadence suivit notre langue depuis le quinzième siècle. Quant à Rutebœuf, souffrez que je m’étonne de votre indifférence : « Je ne parle pas de Rutebœuf, dites-vous, que je n’ai guère pratiqué. » Il me semblait cependant que le « doux trouvère » avait droit à l’estime de tout bon poète.

Certes, vous avez, Monsieur, très habilement défendu contre moi Vaugelas, « ce gentilhomme qui aimait les beaux discours ». J’ai encore feuilleté, hier, ses Remarques, et j’ai le malheur de persister dans mon erreur : je le trouve pernicieux et très « tyrannique », ce gentilhomme de l’Académie, vous aurez beau dire.

Vous exprimez le désir de savoir ce que je pense de Lycophron que vous jugez ésotérique autant que possible et suffisamment complexe. Je suis tout à fait de votre avis, et je trouve même son poème d’Alexandra extrêmement délicieux. Mais là où j’oserai vous contredire, c’est lorsque vous dites que « la poésie hellénique vivait d’imitations. » Je pense qu’Eschyle, par exemple, Sophocle et Euripide sont des poètes de tout point dissemblables ; ils furent aussi tous trois de parfaits révolutionnaires à leur époque. Quant à la plupart des poètes de l’Anthologie, j’avoue ne pas professer pour eux une admiration superlative.

Dois-je maintenant me plaindre de ce que vous avez pu