Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

a mon tour, j’y mettrai quelque discrétion.
Souviens-toi bien du temps où tu brûlais d’envie
de commander les Grecs aux champs de la Phrygie ;
où, sous un air modeste, une fausse pudeur,
tu n’en savais que mieux convoiter cet honneur.
Dehors, dans ta maison, tu prodiguais ta vue ;
a quiconque voulait ta main était tendue,
ta main était tendue à qui ne voulait pas.
Ainsi sur tes rivaux enfin tu l’emportas.
Oui, tu te déguisais pour gagner le suffrage
des chefs et des soldats ; mais cet homme soumis
s’est montré tout à coup avec son vrai visage ;
il a fermé sa porte à ses anciens amis.
Plus tard, lorsque le ciel, à nos desseins hostile,
enchaîna dans Aulis notre ardeur inutile,
nous refusant les vents, à quel air abattu
fit place, souviens-toi, ta première arrogance !
Comme tu gémissais ! Mon frère, disais-tu,
de ce sort qui nous nuit conjurons l’influence !
Faut-il dans nos états retourner sans honneur