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l’oracle a demandé le sang de ma famille :
a la nécessité je t’immole, ma fille.
Ce que je fais, il est terrible de l’oser
et c’est terrible aussi que de m’y refuser.
Croyez-moi, ce n’est point Ménélas qui me presse
ma fille, en te livrant j’obéis à la Grèce.
Des chefs et des soldats d’homicide fureur
me force et me repousse à ce comble d’horreur.
Ils tiennent malgré tout ma puissance asservie,
et si je m’essayais à te sauver la vie,
dans Mycène tes sœurs périraient sous leurs coups,
et toi, ta mère encore, et moi-même avec vous…
ma fille, enfin, c’est toi tout l’espoir de nos armes ;
du perfide Ilion c’est toi le châtiment.
Va paraître à l’autel dans un rayonnement,
ma fille, et que moi seul je verse ici des larmes.
(il quitte la scène.)