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au cœur de feu. C’était afin d’en faire présent à une Dame, belle et docte comme les interlocutrices de l’Heptaméron ; comme cette jeune veuve Longarine, ou cette rieuse Emarsuitte.

Or, lorsque j’arrivai, la Dame tenait à la main un bouquet de feuilles mortes qu’elle avait eu la jolie fantaisie d’assembler : il yen avait de toutes les pâleurs, et quelques-unes d’un vert tardif et magnifiquement rouillé.

Ce bouquet automnal était si beau que, de dépit, je voulus jeter mes roses ; mais je manquai de courage.

L’Automne embellit aussi le cours des fleuves, et principalement celui de la Seine.

Alors tandis que l’infatigable pêcheur se penche sur ses roseaux attachés bout à bout, j’aime à suivre les berges à pas lents, soit que le matin délicat pointe à peine, soit que, déjà, la chute du crépuscule ait coloré l’eau de ses teintes successives.

Et quand la nuit est close, si la lune brille à l’horizon, je m’étends volontiers dans une barque et me laisse aller à la dérive.