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être, les meilleurs. Il faut le regretter, car, en matière d’art, si la jeunesse comporte tous les charmes, elle manque souvent de véritable solidité. On peut dire qu’elle ne creuse pas en profondeur, même dans les conditions les plus favorables.

Cent répugnances m’éloignent de Victor Hugo. Cependant, lui, s’est développé régulièrement jusqu’à un âge avancé. Voilà pourquoi certaines de ses poésies lyriques, dans les Contemplations, par exemple, nous bouleversent avec autorité.

Baudelaire était un fervent de l’arrière-saison. Avec lui, l’Automne entre dans les vieux appartements pleins de moisissure, dans les cours noires des maisons, où s’entasse le bois pour l’hiver. Loin des futaies que le vent dépouille et fait craquer, il préfère se lamenter avec les girouettes et dans les gouttières. L’Automne de Baudelaire se mêle aux intrigues et aux artifices du cœur. Il ne s’habille pas des classiques feuilles mortes, mais de robes bizarres ; il met du fard et joue avec les chats frileux et sédentaires…

Relisez le Sonnet d’Automne. Le goût y est rehaussé par les plus rares épices de la psychologie et même de la physiologie. Et si ces substances se