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Nous pouvons égaler hardiment l’auteur d’Horace et l’auteur d’Athalie aux grands Athéniens. Et si Sophocle se complète de quelques nuances, il advient que le peu qui manque à Corneille et à Racine les rapproche de lui, plus que ne le fait le trop qui charge, — Shakespeare par exemple.

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Le Romantisme n’a pas soufflé son miasme sur ses conceptions théâtrales seulement. Il en a saturé les esprits et les cœurs. Nos mœurs, les vertus et les vices, tous les sentiments, bons ou mauvais, portent aujourd’hui le masque exagéré du Mélodrame.

Pour la littérature, il me semble qu’elle avait déjà souffert à maintes reprises, bien qu’à des degrés moindres, d’une semblable folie. Notamment sous Louis XIII, avec certains poètes que Gautier appelait des grotesques, tout en les exaltant.

Mais un Théophile de Viau n’a pas l’importance d’un Hugo. On reconnaît chez Hugo tous les instincts et les façons du méchant auteur, et il est, quand même, un homme doué prodigieusement, une manière de chanteur inspiré.

Serait-ce point là le signe fatal d’une époque ?

L’aventure des Romantiques, qui prétendirent re-