Page:Monval - Recueil sur la mort de Molière, 1885.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE MOLIERE I9

On vous regrette, mais on doute Si vôtre ame jouit de l'éternel repos : Car c'est bien rarement que celle-là le goûte Qu'on sçait l'avoir aux gens ravi mal à propos.

En lisant vos plaisans écrits, On dit que vous aimiés les douceurs du comique. Il restoit que le Ciel fit voir à nos esprits, Par vôtre triste mort, les horreurs du tragique.

Vous nous avés appris, en bien peu de parole, Les maux que les maris aux femmes font souffrir 1 ; Mais vôtre mort devoit plutôt estre une école Où l'on apprît sans peine à saintement mourir.

Nous ne vous verrions pas, des prêtres rebroùé, Ne pouvoir obtenir pour vos os aucuns gittes, Et ces bons médecins, que vous avés joué, Vous jouer encor mieux que pour lors vous ne rites.

On ne sçauroit des sots fascheux 2 En mieux parler que vous, ou bien en mieux écrire ; Mais la mort impréveuë est plus fascheuse qu'eux :

C'est ce que vous nous déviés dire.

1. U Echoie des Maris, comédie de M. Molière.

2. La comédie des Fascheux.