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Mme Talma, qui l’a précédée de quelques mois dans la tombe, était fille du sociétaire Vanhove, excellent dans l’emploi des rois et pères nobles, à côté duquel elle avait débuté, à treize ans et demi, dans Iphigénie. Divorcée d’avec le danseur Petit, elle épousa son camarade Talma et donna au Théâtre-Français, qu’elle avait quitté en 1811, deux ouvrages : Laquelle des trois ? comédie en trois actes, en prose, représentée une seule fois, à son bénéfice (20 juillet 1816) et, sous le nom de Mlle Vanheve, les Deux Méricour, comédie en un acte, en vers, qui eut trois représentations (1er décembre 1819). Moins de deux ans après la mort de l’illustre tragédien, elle se remaria au comte de Chalot, ancien colonel. La comtesse de Chalot a écrit d’utiles Études sur l’art théâtral, parsemées d’anecdotes sur son second mari.

Le nom de Talma nous servira de transition pour parler de Mme Sophie Gay, qui jouait très bien la comédie et eut l’honneur de donner la réplique à celui que ses contemporains appelaient le « Roscius moderne » et le « Garrick français ». C’était une maîtresse femme, qui osa tenir tête à Napoléon Ier, sans plus s’émouvoir que quand elle accompagnait Garat sur la harpe. Les pièces qu’elle a données à la Comédie française sont : le Marquis de Pomènars, comédie en un acte, en prose (18 décembre 1819) ; une Aventure du chevalier de Grammont, comédie en trois actes, en vers, (4 mars 1822) et un drame en trois actes : Marie ou la pauvre fille (9 novembre 1824) ; mais son meilleur ouvrage fut certainement cette charmante Delphine que nous trouverons plus loin sous le nom de Mme de Girardin.

Mme Virginie Ancelot, dont le Théâtre ne comprend pas moins de vingt pièces, a donné en trois ans trois comédies au Théâtre-Français : Marie ou les trois Époques, trois actes, son chef-d’œuvre, traduit dans plusieurs langues, et le Château de ma nièce, un acte, interprétées toutes deux par Mlle Mars (1836-1837), et Isabelle ou deux jours d’expérience, 3 actes (14 mars 1838). C’est au Vaudeville qu’elle fit représenter l’Hôtel de Rambouillet, comédie en trois actes, en prose, qu’il est à propos de rappeler à l’occasion de Mademoiselle du Vigean.

À la même époque, Marie Sénan (Mme Lessard) donnait, en collaboration avec M. Jules de Wailly, un drame en un acte, en vers, l’Attente (6 avril 1838) dans lequel le père de l’excellent comique Saint-Germain reconnut une pièce de lui, en prose, précédemment confiée à Bayard.

George Sand ! Que dire de cette femme de génie, sinon qu’elle ne fut pas heureuse avec les œuvres spécialement écrites en vue du Théâtre-Français : Cosima ne réussit guère, malgré le talent de Mme Dorval (1840) ; le Roi attend (1848) n’est qu’un prologue de circonstance qui passa presque inaperçu dans les représentations dites « nationales gratuites » ;