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J’ai connu bien des gens, mais, parole d’honneur,
Ce jour-là, j’ai pensé que, parfois dans le monde,
Satan porte un jupon, pour mieux nuire au bonheur,
Qu’il fait blanches ses mains et sa poitrine ronde.
Et mon frère était là, voulant paraître fort,
Tandis qu’un bon voisin nous apprenait la chose
Il cachait sa douleur, mais c’était vain effort,
Allez, moi je vis bien trembler sa lèvre close.
Il écouta, muet, puis me dit sans façon :
« Va-t-en chercher l’enfant de la maison maudite ».
Je ne me laissai pas répéter la leçon.
Pourtant je dus plaider à la porte interdite ;
Car, tandis que dehors, beaucoup de gens priaient,
Quelques hommes de loi, qui faisaient une enquête,
Dans la chambre du mort parlaient haut ou criaient.
Mais je sus bien entrer, je l’avais dans la tête.
Je connaissais les lieux et grimpai l’escalier.
Seule dans un boudoir, je trouvai l’orpheline,
Elle vint m’embrasser et dit, dès le palier :
« Allons nous promener, je mets ma capeline. »
Puis sans trop se presser, elle fit son chignon,
Choisit ses plus beaux gants, mit sa belle ceinture…
Montrant son soulier neuf : "Vois comme il est miJe
ne concevais pas tant de désinvolture. [gnon".
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