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Et nous rapprochera tous deux, pendant l’absence.”
Mais la voix du soldat qui s’en allait demain
Avait en ce moment un accent de souffrance.
Triste, je dis « adieu », et lui tendit la main.
Triste, je dis « adieu », et lui tendis la main.
Il s’était distingué, qu’on l’avait ramassé
Le crâne fracturé d’un éclat de mitraille ;
J’ai lu dans les journaux ce qui s’était passé.
Mais ce soir, j’ai trouvé sur ma table une lettre,
Au papier sans parfum, bordé d’un filet noir.
Tout ce que la douleur et l’amour peuvent mettre
En des mots alignés, je puis ici le voir :
C’est la mère de Maud qui m’écrit la nouvelle
Que sa fille n’est plus "Sachez tout mon malheur,
Elle l’a perdu, lui, moi, je l’ai perdue, elle….
Ah ! quand il nous quitta, pour les deux, j’avais peur…
Le chagrin fut trop lourd, pourtant elle était forte…
A l’amour filial son cœur n’était pas sourd,
Mais l’autre était trop grand, celui dont elle est morte
A son âme d’enfant le chagrin fut trop lourd !
Sitôt qu’on l’eut couché dans la terre de France,
Comme une frêle fleur, elle s’étiola,
Ah ! je la vis souvent pleurer en ma présence,
Et ses yeux alanguis me parlaient d’au-delà.
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