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Aux oiseaux, à la nuit, au sable du rivage
Elle exhibait sa joie. En ce calme du bois
Maud avait dit : « Toujours » en acceptant ce gage.
Et pour me l’annoncer elle élevait la voix.
Perché sur un grand pin, derrière un jeune saule,
Se dessina, soudain, la forme d’un hibou.
Maud, d’un geste effaré, se pendit à l’épaule
Du soldat, son promis, tandis qu’un lent hou-hou
Attristait ce beau soir. Le fiancé, sans cause,
Vit que l’enfant bientôt se cachait pour pleurer.
Il dit : “Asseyons-nous." Puis après une pause ;
"Voyons, pourquoi d’un rien ainsi vous apeurer ?..
Que ce beau soir de juin m’enveloppe de rêve,
Jusqu’au jour, incertain, où nous pourrons venir
Tous deux, comme à cette heure, errer sur cette grève
Je veux vous voir sourire en ce cher souvenir. « 
Mais Maud soupira : » Ce cri m’agite l’âme
Et j’en frissonne encore : ah ! ciel, qu’il m’a fait mal".
Le soldat répliqua : « Le pauvret nous acclame »,
Puis rêveur, ajouta : « Quel sinistre animal ! »
Pourquoi venir ainsi révéler sa présence ?
Du haut de son perchoir voit-il notre bonheur ?
Enfant, ne craignez rien, espérez, l’espérance
Est un baume pour tous qui rafermit le cœur,
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