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Pour exercer son empire, la muse doit rester une figure de rêve. Elle est d’autant plus belle qu’elle est plus voilée, d’autant plus vraie qu’elle est moins réelle. Ainsi seulement elle se révèle à nous, pauvres mortels, qui vers un but proche ou lointain, nous pressons sur les chemins de la vie. Ainsi seulement nous revivons les visions du poète. L’air devient plus léger ; les fleurs se raniment ; les navires gonflant leurs voiles sont portés d’eux-mêmes vers la haute mer et devant nous écartant tous les obstacles, nous voyons surgir une mystérieuse inspiratrice prête à nous conduire par la main. Vous m’en voudriez, Madame, si je disais que j’ai trouvé dans vos poèmes, les perles du plus pur orient, les diamants de la plus belle eau, les fleurs aux nuances les plus riches et aux parfums les plus suaves, mais votre recueil contient de réelles beautés. C’est un grand mérite que de contribuer par le vers, à donner de la souplesse, de l’harmonie et des sonorités à la langue française, à cette langue qui fait partie de notre patrimoine national. A

cet égard, la race française en Amérique doit une dette de reconnaissance que le temps ne saurait affaiblir à ces poètes qui depuis Crémazie et Fréchette, ont enrichi notre style en ciselant le verbe, en lui donnant l’éclat et le rythme, qualités essentielles dans l’art d’écrire.

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