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Mais Maud soupira : "Ce eri m’agite l’âme
Et j’en frissonne encore : ah ! ciel, qu’il m’a fait mal".
Le soldat répliqua : « Le pauvret nous acclame ».
Puis rêveur, ajouta : « Quel sinistre animal ! »
Pourquoi venir ainsi révéler sa présence ?
Du haut de son perchoir voit-il notre bonheur ?
Enfant, ne craignez rien, espérez, l’espérance
Est un baume pour tous qui rafermit le cœur.
Et nous rapprochera tous deux, pendant l’absence."
Mais la voix du soldat qui s’en allait demain
Avait en ce moment un accent de souffrance.
Triste, je dis « adieu », et lui tendis la main.
Je ne l’ai plus revu, j’ai su qu’à la bataille
Il s’était distingué, qu’on l’avait ramassé
Le crâne fracturé d’un éclat de mitraille ;
J’ai lu dans les journaux ce qui s’était passé.
Mais ce soir, j’ai trouvé sur ma table une lettre,
Au papier sans parfum, bordé d’un filet noir.
Tout ce que la douleur et l’amour peuvent mettre
En des mots alignés, je puis ici le voir :
C’est la mère de Maud qui m’écrit la nouvelle
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