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LES FIANCÉS DE LA MORT

C’était un soir de lune et la nuit était belle.
Seule, je m’en allai rêver auprès des flots
Qui chiffonnaient tout bas leurs vagues de dentelles
Comme en un mouchoir blanc s’étouffent des sanglots.
La rive était déserte et je n’y vis qu’une ombre Celle
de deux amants qui s’en venaient là-bas
Mais je reconnus Maud à son grand chapeau sombre,
Avec son fiancé, marchant à petits pas.


Dans l’onde qui ce soir berçait leur rêverie,
Tous les jours nous allions ensemble nous baigner.
Le matin, j’avais vu sa joue endolorie.
D’une épine cruelle et j’avais vu saigner
Ses doigts, que déchirait une rose sauvage.
Pourtant, en la pansant, je la grondais un peu.
Elle avait répondu : "La sagesse à mon âge
Est étrangère, et moi, je joue avec le feu."
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