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Mais pour payer le bon office
De l’esprit sauvage et puissant,
Il fallait faire un sacrifice
Qu’il exigeait une fois l’an.
Il voulait une fiancée,
Qu’il venait lui-même quérir
Dans une pirogue élancée,
Qui seule au vent savait courir.
C’était un canot sans pilote,
Qu’un soir on voyait approcher
Aux abords d’une sombre grotte,
Où des fauves allaient nicher.
Et c’était toujours la plus belle
Que l’égoïste dieu voulait.
Mais à cette noce cruelle
La tendre victime accourait…
Sur les feuilles d’or et de l’automne
Si la lune renouvelait,
Une vaporeuse colonne
Au centre du lac s’élevait.

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