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Ces images, cette façon de faire vôtre par votre sensibilité, la belle et douce ville, sont bien à vous : on n’y sent pas le convenu, cette manière de voir impersonnellement les choses, et l’on ne peut trop vous louer de ce bon goût d’indépendance, de ce souci d’originalité.

Ce n’est pas avec des cris, des vers exclamatifs seulement que l’on rend mieux la beauté que l’on admire. Non, il y a un mode discret de dire les choses, qui remue plus profondément, qui révèle plus de sincérité. Fi ! des inspirés qui ne sont que tout cervelle et ne nous donnent rien de leur cœur. La Poésie vit surtout de la vérité des sentiments. Québec reconnaîtra son âme nostalgique dans cette personnification légère et colorée de beauté automnale, comme aussi dans cette image non moins vraie de ces heures d’hiver : Lorsque sur les carreaux se figent les buées Que l’hiver sur les toits met ses lourds capuchons, Ses franges de glaçons au bord des cheminées Et son duvet de givre au flanc des vieux donjons, Québec, alors, revêt sa robe la plus belle. J’aime aussi votre fervent salut à la langue française, votre « Déesse ».

Je voudrais qu’on apprît les accents que tu sais. Une noble action pour être bien décrite Doit, dans tous les ays, être dite en français. 12